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Quand les arts plastiques sont au service de la cause des femmes

Après neuf mois d’hibernation culturelle à cause de la pandémie de la Covid-19, l’Institut français (IF) de Kénitra ouvre ses portes, en ce mois de décembre, au public avec la programmation de plusieurs activités artistiques et créatrices, dont l’exposition de la jeune artiste Mayssoun. Et ce dans le respect scrupuleux des mesures préventives, conformément au plan d’urgence sanitaire pour lutter contre la propagation du coronavirus.

Quand les arts plastiques sont au service de la cause des femmes
Mayssoun et Pierre Hubert Touchard, directeur de l’IF Kénitra.

La reprise progressive des activités de l’IF de Kénitra s’est illustrée par la résidence artistique de l’artiste-peintre Mayssoun. Le travail de cette jeune plasticienne s’articule autour du corps de la femme, que ce soit dans la société ou dans l’espace public. Selon elle, créer sur le thème du corps des femmes des corps qui représentent l’enfantement relève carrément du défi dans notre société actuelle. Elle considère qu’il s’agit d’un mécanisme et d’un processus mis en place depuis longtemps par une société patriarcale à remettre en cause, à modifier, à réinventer. «Pouvoir à travers l’art, assure-t-elle, imaginer et fantasmer d’autres possibles formes pour le corps de la femme est un travail de longue haleine. Faire une représentation esthétique en grand format donne à voir ce que l’on veut cacher. Entrer dans un espace où des corps immenses sont représentés permet au spectateur de s’impliquer entièrement dans cette réflexion artistique, esthétique et politique.» Les œuvres artistiques de Mayssoun suscitent, en effet, la réflexion et la curiosité du visiteur et ne laissent personne indifférent. Elle porte un grand intérêt pour le regard interrogateur du spectateur en vue d’amorcer avec lui un dialogue intellectuel. «L’opportunité qui m’est offerte par l’Institut français me permet d’avoir le temps et les moyens techniques de faire un vrai travail de fond sur cette thématique, mais également de mettre en valeur la création esthétique comme objet politique de transformation sociétale. Ceci afin de pouvoir rendre cette réflexion esthétique publique, grâce à sa médiatisation», souligne-t-elle en substance. 

À cet égard, et à travers l’expression artistique, cette jeune Française de père marocain (Kénitra) et de mère libano-palestinienne porte un intérêt particulier à la question des identités plurielles, qu’elles soient culturelles, sociales, politiques ou de genre. Pour elle, produire une œuvre est intimement lié à l’exercice de la liberté, la remettre en cause, la questionner et la comprendre et sentir «là où ça cogne, là où ça gratte. Quand ça gratte, c’est généralement là où la réflexion commence».

Le choix de Kénitra pour cette résidence artistique n’est pas anodin. Mayssoun garde toujours de bons souvenirs d’enfance de cette ville de ses grands-parents paternels. «Le choix de l’Institut français de Kénitra, précise-t-elle, est d’une grande symbolique. C’est en quelque sorte un retour aux sources, en vue de partager avec le public de la cité des marguerites mon travail sur les thématiques du corps des femmes et de la liberté.» Cette artiste-peintre aux identités multiples n’a pas manqué d’exprimer sa joie d’exposer dans une ville en plein essor et de contribuer à ce début de retour à la vie culturelle et artistique.  À noter qu’après avoir fait une licence de droit et un master en sciences sociales à Paris, Mayssoun avait décidé de se consacrer pleinement à la pratique artistique qui l’anime depuis son enfance. Ses recherches et ses réflexions esthétiques s’expriment par des moyens artistiques divers : peinture, dessin, bande dessinée, etc. Entre redécouverte de son langage artistique et enquête sur ses racines, son travail l’amena à créer son propre atelier à Marseille. Le hasard du calendrier a voulu que Mayssoun expose au moment où le Maroc, à l’instar de plusieurs pays, a célébré ces derniers jours la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Un concours de circonstances que d’aucuns qualifieraient d’heureux. 

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