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Le Matin : Relance économique et innovation : quel rôle des acteurs de l’enseignement supérieur ?
Hugues Levecq : La crise sanitaire que le monde traverse nous a imposé à tous des contraintes et de nouveaux défis à affronter. L’enseignement supérieur n’a pas été épargné. Il a su répondre présent pour former les étudiants et les managers aux compétences nécessaires pour répondre à ces nouveaux challenges.
L’agilité de la réflexion, la capacité à pivoter, le réflexe d’anticipation sont des outils nécessaires pour affronter les changements drastiques des secteurs impactés par la crise économique, accélérée par la transformation digitale et la crise climatique.
Notre rôle en tant qu’acteur majeur de l’enseignement supérieur est de proposer des formations qui répondent aux besoins du marché du travail qui est en constante évolution. Nous apprenons aux étudiants, via des approches pédagogiques innovantes, à saisir des opportunités et à être des moteurs de l’économie, et en particulier des économies de demain dont on ne connaît pas encore le visage.
Comment faire de l’innovation un vecteur de croissance du secteur ?
L’innovation est un vecteur de croissance dans toute entreprise et organisation. Elle est source de création de valeur et de créativité qui permet aussi de se différencier des offres existantes. Le secteur de l’enseignement applique également ces méthodes pour créer une richesse intellectuelle qui permet de faire évoluer les méthodes d’enseignement et de transmission de savoir.
L’innovation dans le secteur de l’enseignement est complexe. Elle doit prendre en compte l’aspect humain des étudiants et des professeurs pour appréhender leur attitude envers le changement. Pour que la croissance ait lieu et l’adoption de nouvelles pédagogies d’enseignement soit efficace, il est primordial de sensibiliser et éduquer les différentes parties prenantes.
En quoi consiste l’innovation éducative, d’après vous ?
L’innovation éducative consiste à aider et encourager toute initiative et expérience visant à améliorer la qualité de l’enseignement.
Cette recherche constante à faire progresser l’efficacité de la transmission de connaissance permet de cultiver et de consolider le désir d’apprentissage, la créativité et la curiosité intellectuelle de nos étudiants. C’est dans cette perspective que nous avons adopté, et ce, depuis des années, l’approche pédagogique appelée «learning by doing» qui consiste à placer les étudiants dans des situations d’apprentissage par la pratique. C’est une méthodologie innovante certes, mais très exigeante, car les étudiants sont amenés, au-delà de l’acquisition «classique» des théories et des illustrations, à expérimenter et à tester. Ils développent ainsi des compétences de prise d’initiatives, de responsabilités et d’autonomie. En effet, l’étudiant travaille concrètement sur des projets avec des entreprises partenaires et sur des cas réels d’organisation. Un bon exemple de cette pédagogie est le hackathon que nous organisons sur deux jours en partenariat avec l’École Mohammadia d’ingénieurs et des entreprises partenaires telles que la Sorec, Veolia, le Wagon, Maroc Numeric Cluster, etc. Lors de cet événement, les étudiants expérimentent la gestion de projet e-business dans un cadre professionnel et en travaillant sur des problématiques réelles des entreprises qui les accompagnent, avec une perspective d’utilisation ultérieure des propositions et des solutions des étudiants.
Quelle est la stratégie de l’ESSEC pour accompagner cette dynamique ?
En tant qu’acteur majeur de l’enseignement supérieur mondial, l’ESSEC ambitionne de donner du sens au leadership de demain. À travers la production de savoir et la formation de l’ensemble des parties prenantes, nous les préparons à la création et/ou gestion d’entreprises et organisations fortes qui permettent d’avoir un impact positif sur le monde. C’est dans cet esprit que nous avons développé notre nouvelle stratégie «RISE», qui s’articule autour de 3 piliers stratégiques.
La première ligne de force concerne une démarche de transition écologique et sociale à 360 ° intitulée «Together». Cette initiative vise à transformer nos formations, nos recherches, et la vie sur nos campus afin de répondre aux enjeux écologiques et sociaux. Le deuxième pilier stratégique concerne notre écosystème d’entrepreneuriat et d’innovation avec la démarche Enlightening Entrepreneurship. Elle vise à renforcer les cours, les outils d’incubation ainsi que les processus d’accompagnement pour positionner l’ESSEC en tant que plateforme unique d’entrepreneuriat, d’intrapreneuriat et d’innovation. Finalement, l’ESSEC a créé le Meta-Lab. C’est un écosystème pluridisciplinaire alliant expertises en sciences dures et en sciences sociales et qui met les technologies de pointe au centre de notre démarche de transition vers des progrès sociétaux et un développement économique durable.
Quels sont les défis de l’ESSEC pour garantir une formation en phase avec ces changements ?
Les défis sont immenses et fort nombreux, et la crise sanitaire en est un. Elle nous a conduits à nous adapter et à adopter un système d’enseignement à distance extrêmement rapidement pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs cours à distance, et de valider ainsi leur progression académique. Les professeurs ont dû adapter leurs contenus et leurs approches pédagogiques pour s’adapter à ce mode d’enseignement. Leur ingéniosité, leur expertise, leur expérience et leur engagement furent précieux dans cette transition. Nous avons repensé nos modes d’enseignement et de fonctionnement et adopté de nouvelles pratiques, digitales, entrepreneuriales et innovantes.
Notre impact sur l’environnement et sur l’écologie est un autre grand défi. C’est pourquoi nous avons fait du projet «Together» une partie intégrante de notre stratégie. C’est un engagement fort et durable envers les problématiques de transition énergétique, développement durable, d’ouverture sociale et de RSE.
De nouvelles façons de penser le travail, de diriger, d’innover rendent encore plus indispensables les approches entrepreneuriales et intrapreneuriales. Les nouveaux savoir-faire liés à l’économie digitale et à l’intelligence artificielle génèrent de nouveaux modèles organisationnels. Nous devons accompagner ces nouvelles formes de leadership au service d’une création de valeur plus durable et responsable. Fidèle aÌ sa tradition d’esprit pionnier, l’ESSEC est engagée pour imaginer de nouvelles formes d’organisations plus respectueuses de l’environnement, plus attentives aÌ leur impact sur la société, et plus ancrées dans les territoires. Aller vite et fort. Ce sont les engagements que l’ESSEC a pris en visant la formation de l’ensemble de ses étudiants et participants, au niveau mondial, notamment dans l’entrepreneuriat, digital/IA, et sustainability urgences environnementales et sociétales.
Quel impact sur l’offre de formation de l’ESSEC ?
L’ESSEC est connue et reconnue pour son excellence académique. L’innovation pédagogique nous permet de maintenir un haut niveau de qualité, encore plus aujourd’hui dans ces circonstances exceptionnelles.
L’équipe académique de l’ESSEC développe de nouveaux programmes, et met l’innovation au cœur de sa pédagogie. Une volonté de création qui permet aux participants de bénéficier d’une expérience riche et évolutive qui s’adapte, d’une part, aux besoins de l’écosystème et, d’autre part, à leurs attentes et aspirations professionnelles. Les enjeux auxquels nous faisons face aujourd’hui (écologie, égalité, innovation, entrepreneuriat, données, intelligence artificielle) sont au cœur de nos enseignements. Donnons du sens au leadership de demain ! n
