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Le Matin : Dans quelle situation avez-vous trouvé la Fédération Royale marocaine de basketball ?
Abderrazak El Akari : Les rapports d’audit, respectivement élaborés par un cabinet spécialisé (2018) accrédité par le ministère et un expert désigné par le tribunal administratif (2019), confirment l’existence de multiples dysfonctionnements liés au modèle de gouvernance de la Fédération, notamment la non-validité des données comptables et financières de la Fédération durant plusieurs saisons sportives, les conflits entre les composantes de la Fédération et le recours aux tribunaux. La non-conformité également des statuts et des règlements généraux régissant la Fédération, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. La première action menée par le comité provisoire était d’effectuer un diagnostic, ce qui nous a permis d’identifier une multitude de dysfonctionnements majeurs au niveau de la gestion de la Fédération, parmi lesquels on peut citer :
• L’accumulation des dettes de la fédération,
• Une situation irrégulière de la majorité des associations et des ligues vis-à-vis de la Fédération,
• Plusieurs affaires en cours de jugements auprès des tribunaux,
• Des statuts et des règlements caducs,
• L’absence d’actions de promotion au niveau national,
• Des faiblesses au niveau des structures de la gouvernance,
• L’absence d’un plan développement de la discipline.
Cela a engendré un gel des activités de la fédération et une image terne à l’international. Pour faire face à ces épineux problèmes structurels, le comité provisoire a décidé d’agir par priorité en privilégiant les chantiers à caractère d’urgence et d’importance cruciale. À cet effet, nous avons élaboré un plan d’action d’urgence, tenant compte des orientations du ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports et de celles de FIBA monde, permettant d’asseoir les conditions nécessaires à la tenue d’une assemblée générale extraordinaire statutaire et une assemblée générale ordinaire pour élire démocratiquement un nouveau bureau fédéral. Ce plan d’urgence est articulé autour des cinq axes :
• La refonte des textes (statuts et règlements généraux),
• L’assainissement de la situation financière de la Fédération,
• L’élaboration du projet de restructuration de toutes les composantes de la Fédération,
• La préparation des conditions favorables pour la tenue d’une AG élective,
• Et enfin la consolidation de la coopération avec la FIBA Afrique et Internationale.
Concernant le premier axe, nous sommes actuellement en phase d’accompagnement des ligues régionales pour l’adoption des nouveaux statuts et la tenue de leur assemblée générale élective. Étapes jugées indispensables avant l’annonce de l’AG élective du nouveau bureau fédéral dans les plus brefs délais.
Dans la perspective de la tenue de la prochaine assemblée générale élective, quels sont les risques potentiels que vous pressentez et comment comptez-vous les éviter ?
Nous avons identifié deux risques potentiels, le premier c’est que l’une des composantes de la FRMBB n’arrive pas à respecter les délais déjà établis. Il s’agit de la phase de restructuration des ligues. Un deuxième risque relatif aux engagements du Maroc à l’égard des instances sportives internationales, en l’occurrence FIBA Monde qui nous a accordé un troisième délai pour restructurer la Fédération, et le non-respect de ce délai pourra nous causer des sanctions sévères qui peuvent affecter négativement toutes les composantes du système du basketball au Maroc.
Néanmoins, il ne faut pas confondre rapidité et précipitation. Nous sommes conscients des contraintes au sein du comité provisoire et nous essayons de saisir cette opportunité pour mener en parallèle plusieurs chantiers de réformes que nous jugeons indispensables, à savoir la relance des activités sportives propres au basketball, notamment le championnat, la formation continue au profit des entraîneurs et des arbitres afin de les mettre à niveau par rapport à l’évolution technique de la discipline du basketball à l’échelon international.
La compétition est arrêtée depuis plus de deux saisons. Cette situation nuit aux équipes, aux joueurs, aux arbitres et à toutes les composantes de la famille du basketball. Que comptez-vous faire pour sortir la discipline de ce marasme ?
Je suis d’accord avec vous, il ne faut pas perdre de vue que la compétition sportive constitue le cœur de métier de la Fédération, et sa raison d’être, ce qui nécessite de disposer d’un projet structurant global. Cette situation de léthargie totale a affecté de manière très négative l’activité du basketball au niveau local, national et international. Le comité provisoire a constitué une commission ad hoc composée de membres de la famille du basketball qui a pour mission principale l’élaboration d’un plan de développement stratégique 2020-2030, qui sera livré au nouveau bureau élu. Ce plan de développement concerne essentiellement la préparation des équipes nationales selon une nouvelle vision, le lancement du championnat national, former les cadres techniques et managériaux, et enfin assurer le rayonnement de la Fédération au niveau territorial et international.
Alors que la compétition est arrêtée, on a appelé des joueurs pour constituer une équipe nationale. Quels étaient les critères pour choisir ces joueurs et l’entraîneur national ?
Pour faire face à cette situation, nous avons confié à la Direction technique nationale (DTN) la mission de restructurer les équipes nationales. Nous lui avons donné comme consigne la nomination d’un nouveau staff technique pour l’équipe nationale, de privilégier les jeunes dans la constitution des équipes nationales afin de préparer une relève sur le moyen et le long terme, au lieu de chercher des résultats instantanés, et enfin l’ancrage d’une nouvelle culture et d’un état d’esprit basé sur la discipline, la rigueur et le respect.
À cet effet, le choix s’est porté sur le cadre national Nawfal Ouryachi pour ses compétences et son expérience avérée. Trois stages de présélection ont permis de nous proposer l’ossature d’une nouvelle équipe nationale jeune, qui a besoin d’un encadrement permanent au niveau de la DTN, et surtout dans les clubs, ce qui rend indispensable la relance du championnat national le plus tôt possible.
D’aucuns vous reprochent d’empêcher, dans les statuts proposés, les représentants des entraîneurs, des joueurs et des arbitres de figurer sur les listes électorales. Quelle est votre réponse ?
C’est complètement faux, nous sommes en faveur d’une représentativité de toutes les composantes de la famille du basketball. Cela permet ainsi de prendre en considération l’avis, les attentes et les vrais besoins dans tout projet visant le développement de cette discipline. Néanmoins, l’obstacle à cette représentativité est intimement lié à des textes d’application de la loi 30-09 non encore publiés. Ainsi, dès leur publication, le mouvement sportif et olympique doit assurer leur mise en application.
Propos recueillis par El Mostapha Bouhafa
