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«La bataille n’est pas terminée, mais nous avons confiance en l’esprit citoyen des Marocains»

La gestion de la pandémie du nouveau coronavirus au Maroc est donnée en exemple au niveau mondial, a affirmé le directeur de la Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, dans un entretien accordé à «Assahra Al Maghribia». Mohamed Lyoubi, qui n’est plus à présenter puisque les Marocains suivaient au quotidien ses points de presse consacrés à la présentation du bilan journalier sur l’évolution de la pandémie du Covid-19, a indiqué que le Royaume est parvenu à gérer cette crise sanitaire avec détermination et audace. Dès l’apparition des premières contaminations, explique-t-il, l’état d’urgence sanitaire a été décrété, puis le confinement imposé. le suivi systématique des cas contacts pour les identifier avant l’apparition des symptômes a été mené à large échelle, parallèlement à l’augmentation des tests de dépistage et l’adoption du protocole de traitement à l’hydroxychloroquine. Autant de mesures qui ont permis de maîtriser l’évolution de la pandémie, avec pour corollaire, une baisse du taux de mortalité et du nombre de cas sévères en réanimation. Evoquant la gestion de la phase post-confinement, M. Lyoubi a expliqué qu’elle respecterait les mêmes mécanismes du confinement, notant que les Marocains devraient s’adapter à vivre avec ce virus et reprendre leurs activités et leur rythme de vie normale, mais dans le respect total des mesures de sécurité sanitaire. «Le grand challenge de la période à venir est de retrouver une activité normale tout en maintenant le même niveau de précautions et de veille pour éviter le pire des scénarios et parvenir à une phase où le virus ne représentera plus de danger social», a expliqué M. Lyoubi.S’agissant de la levée du confinement, le responsable au ministère de la Santé a proposé de procéder graduellement à une reprise des activités économiques ne présentant pas de risque et de commencer par les régions qui comptent le moins de cas de Covid-19 et où le R0 est le plus maîtrisé. Il a par ailleurs rappelé que quelle soit la stratégie adoptée, il est primordial de respecter les mesures barrières, notamment la distanciation physique, le port du masque et l’hygiène des mains.

«La bataille n’est pas terminée, mais nous avons confiance  en l’esprit citoyen des Marocains»
Mohamed Lyoubi.

Le Matin : Nous sommes à la veille d’une levée du confinement qui dure depuis plus de 3 mois. Comment évaluez-vous cette période ?

Mohamed Lyoubi : Je tiens à rappeler que le confinement sanitaire n’était pas une décision du ministère de la Santé uniquement. Il s’agit d’une décision souveraine que notre pays a prise dans le cadre d’une stratégie nationale de lutte contre la pandémie. Grâce à cette stratégie, notre pays a pu imposer le confinement très tôt, devançant ainsi plusieurs pays développés où l’on a enregistré une propagation rapide du virus. Notre pays, Dieu merci, a pu éviter cette situation. Nous sommes un exemple cité dans le monde entier grâce à un déploiement efficace de la stratégie de lutte contre la pandémie du Covid-19. Pour la période post-confinement, les mêmes mécanismes, maintenant bien assimilés et respectés par les citoyens, seront maintenus. Il est vrai que l’on a noté un relâchement ces derniers temps, mais nous avons réussi, de manière générale, à maîtriser la situation. Les chiffres nous le prouvent d’ailleurs ! Tout cela a été réalisé grâce à la décision rapide de confinement, en plus des autres mesures sanitaires comme l’isolement, le suivi des cas contacts, la maîtrise et l’augmentation des tests de dépistage et l’adoption d’un protocole de traitement unifié. Ces mesures ont engendré une baisse du taux de mortalité et des cas sévères admis aux services de réanimation. Il est évident que notre pays ne peut pas continuer à maintenir le confinement, mais nous allons devoir nous adapter à ce virus, comme nous le faisons avec de nombreuses autres virus ou bactéries dont on ne parle pas beaucoup et qui pourtant représentent un risque pour la santé et même provoquer le décès. Nous devons donc reprendre notre rythme de vie normale et nos activités, mais il va falloir réadapter les programmes sanitaires élaborés pour d’autres maladies. Il faut également reprendre le travail dans les centres de santé qui étaient réservés exclusivement à l’accueil des malades des Covid-19, pour s’occuper des autres malades. Seule condition, le respect strict des mesures de sécurité et d’hygiène et la veille sanitaire pour éviter une deuxième vague de contagion.

Quel est le principal défi à relever dans  la prochaine phase ?

Le virus va perdre sa capacité infectieuse, nous allons certainement nous y adapter. Le défi sera donc de reprendre le cours normal de notre vie, mais dans le respect des mesures barrières jusqu’à ce qu’on soit certain que le virus n’est plus dangereux. En tant que techniciens et scientifiques, nous proposons de procéder à une levée progressive du confinement, notamment pour les activités économiques qui ne présentent pas un niveau élevé de risque, et dans les zones géographiques qui marquent une stabilité au niveau des indicateurs épidémiologiques. Nous présentons nos recommandations au ministre de la Santé qui doit en discuter avec les membres du comité scientifique chargé de la lutte contre la pandémie. Nos propositions sont basées sur des données et indicateurs épidémiologiques comme le niveau de reproduction du virus, le R0, le taux de létalité, le taux de guérison et le taux de mortalité. Une fois passé en dessous de 0,8, le taux de reproduction devient satisfaisant. Nous surveillons également le nombre de cas actifs qui devrait être de 10 sur 100.000 personnes. Maintenir un équilibre entre le risque de contamination et la capacité de notre infrastructure sanitaire est un élément que nous avons surveillé de près  tout au long de cette période et que nous continuerons à contrôler à l’avenir.

 

Redoutez-vous une deuxième vague de contamination au Covid-19 ?

Je pense que les Marocains ont saisi les risques que peuvent engendrer le non-respect des mesures de prévention sanitaire et sont déterminé à les respecter, et ce pour éviter de vivre la même situation que celle que nous avons vécue à la mi-avril et durant laquelle nous avons enregistré des records de cas de contamination. Mon grand souhait est bien évidemment de ne pas vivre le scénario d’une deuxième vague, mais il faut dire que nous ne disposons pas actuellement de données précises qui nous permettent de nous projeter à long termes. La bataille n’est pas terminée, la prudence doit rester toujours de mise pour se protéger, protéger sa famille et son pays. Nous avons confiance en l’esprit citoyen des Marocains et leur volonté et détermination à vaincre ce virus.

 

De nombreux Marocains ont pris l’habitude de vous suivre au quotidien pour connaître les derniers chiffres de la pandémie. Pourquoi on ne vous voit plus à ce rendez-vous ?

Des circonstances ont fait que je ne présente plus ce bilan quotidien. Comme vous le savez, je travaille sous une hiérarchie administrative. En ma qualité de directeur de la direction des épidémies, je suis rattaché au secrétaire général du ministre de la Santé. Quand on me demande d’assurer le rôle de communication à propos de la situation épidémiologique, je le fait ! Mais quand on ne me le demande pas, je ne m’y oppose pas. Aujourd’hui, je communique avec vous dans le cadre de ma mission. J’ai été honoré de prendre en charge cette mission d’informer les citoyens et les tenir au courant de la situation, et j’ai été bien accueilli de leur part. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes toute une équipe de travail. Moi ou quelqu’un d’autre, c’est la même chose. L’essentiel c’est de communiquer avec les citoyens. Cette mission est confiée actuellement au coordonnateur national du Centre national des urgences sanitaires. Ce point de presse vise certes à informer, mais le plus important c’est le travail dans les coulisses, les efforts consentis par les équipes de veille sanitaire, du suivi de la situation pandémique, de l’évaluation des risques et de la proposition des mesures efficaces et adéquates pour lutter contre ce virus.

Propos recueillis par Aziza Ghallam

Traduction : Souad Badri

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