Le Matin : Nous sommes à la veille d’une levée du confinement qui dure depuis plus de 3 mois. Comment évaluez-vous cette période ?
Quel est le principal défi à relever dans la prochaine phase ?
Le virus va perdre sa capacité infectieuse, nous allons certainement nous y adapter. Le défi sera donc de reprendre le cours normal de notre vie, mais dans le respect des mesures barrières jusqu’à ce qu’on soit certain que le virus n’est plus dangereux. En tant que techniciens et scientifiques, nous proposons de procéder à une levée progressive du confinement, notamment pour les activités économiques qui ne présentent pas un niveau élevé de risque, et dans les zones géographiques qui marquent une stabilité au niveau des indicateurs épidémiologiques. Nous présentons nos recommandations au ministre de la Santé qui doit en discuter avec les membres du comité scientifique chargé de la lutte contre la pandémie. Nos propositions sont basées sur des données et indicateurs épidémiologiques comme le niveau de reproduction du virus, le R0, le taux de létalité, le taux de guérison et le taux de mortalité. Une fois passé en dessous de 0,8, le taux de reproduction devient satisfaisant. Nous surveillons également le nombre de cas actifs qui devrait être de 10 sur 100.000 personnes. Maintenir un équilibre entre le risque de contamination et la capacité de notre infrastructure sanitaire est un élément que nous avons surveillé de près tout au long de cette période et que nous continuerons à contrôler à l’avenir. Redoutez-vous une deuxième vague de contamination au Covid-19 ?Je pense que les Marocains ont saisi les risques que peuvent engendrer le non-respect des mesures de prévention sanitaire et sont déterminé à les respecter, et ce pour éviter de vivre la même situation que celle que nous avons vécue à la mi-avril et durant laquelle nous avons enregistré des records de cas de contamination. Mon grand souhait est bien évidemment de ne pas vivre le scénario d’une deuxième vague, mais il faut dire que nous ne disposons pas actuellement de données précises qui nous permettent de nous projeter à long termes. La bataille n’est pas terminée, la prudence doit rester toujours de mise pour se protéger, protéger sa famille et son pays. Nous avons confiance en l’esprit citoyen des Marocains et leur volonté et détermination à vaincre ce virus. De nombreux Marocains ont pris l’habitude de vous suivre au quotidien pour connaître les derniers chiffres de la pandémie. Pourquoi on ne vous voit plus à ce rendez-vous ?Des circonstances ont fait que je ne présente plus ce bilan quotidien. Comme vous le savez, je travaille sous une hiérarchie administrative. En ma qualité de directeur de la direction des épidémies, je suis rattaché au secrétaire général du ministre de la Santé. Quand on me demande d’assurer le rôle de communication à propos de la situation épidémiologique, je le fait ! Mais quand on ne me le demande pas, je ne m’y oppose pas. Aujourd’hui, je communique avec vous dans le cadre de ma mission. J’ai été honoré de prendre en charge cette mission d’informer les citoyens et les tenir au courant de la situation, et j’ai été bien accueilli de leur part. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes toute une équipe de travail. Moi ou quelqu’un d’autre, c’est la même chose. L’essentiel c’est de communiquer avec les citoyens. Cette mission est confiée actuellement au coordonnateur national du Centre national des urgences sanitaires. Ce point de presse vise certes à informer, mais le plus important c’est le travail dans les coulisses, les efforts consentis par les équipes de veille sanitaire, du suivi de la situation pandémique, de l’évaluation des risques et de la proposition des mesures efficaces et adéquates pour lutter contre ce virus.Propos recueillis par Aziza GhallamTraduction : Souad Badri
