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Conformément à son programme annuel et dans un élan en faveur des personnes démunies, notamment dans le monde rural, l’Association Al Karama des personnes en situation de handicap du Gharb a récemment organisé une campagne médicale et paramédicale dans la commune d’Oulad Slama, à une vingtaine de kilomètres au nord de Kénitra.
Cette action caritative, organisée en collaboration avec la commune d’Oulad Slama et la Direction provinciale de la santé, a été supervisée par des médecins de diverses spécialités et une équipe de kinésithérapeutes. Près de 800 personnes ont bénéficié de consultations dans les spécialités de la kinésithérapie, de l’orthophonie, de la neurologie et de l’hygiène bucco-dentaire, avec distribution d’un gros lot de brosses à dents et de dentifrice. Prenant la parole à cette occasion,
Dr Taoufik Lahlou, président de l’Association Al Karama, a émis le souhait de l’élaboration d’un accord de partenariat avec la commune d’Oulad Slama afin que de telles actions s’inscrivent dans la durée et prennent un caractère institutionnel. Selon lui, le but ultime de son association est de faciliter et de rapprocher les soins de cette catégorie sociale doublement défavorisée et qui a besoin d’une attention particulière à cause à la fois de son handicap et de son indigence.
Ayant perdu l’usage de ses jambes suite à un accident de la circulation, le jeune Miloud Boukarrou explique, avec amertume, que sa situation sociale ne lui permet pas de se déplacer, de manière régulière, à Kénitra pour bénéficier de séances de rééducation.
«Selon un physiothérapeute, j’aurais pu surmonter mon handicap et je ne serais pas cloué à un fauteuil pour toute ma vie si j’avais suivi le traitement adéquat depuis le début. Le centre régional de l’Association Al Karama nous ouvre ses portes à titre gracieux, malheureusement, je n’ai pas les moyens financiers pour faire des allers-retours, deux à trois fois par semaine, entre Kénitra et la localité d’Oulad Slama», a-t-il indiqué Le cas de Miloud, actuellement au chômage, ne fait pas exception, dans une région où le taux de pauvreté a atteint des niveaux préoccupants. L’on a constaté, lors de cette journée, qu’un grand nombre de personnes, en majorité des enfants, sont en situation de handicap. Plusieurs témoins n’ont pas manqué de souligner que, contrairement aux autres patients, le transport des personnes en situation de handicap constitue un véritable fardeau pour les familles démunies. Ils ont émis le souhait que les départements concernés leur assurent le transport, en attendant la création de petits centres de rééducation. À noter, à cet effet, que plusieurs jeunes kinésithérapeutes ont exprimé leur volonté de donner de leur temps pour assurer un suivi régulier aux personnes en situation de handicap dans ces zones. Il suffit, précisent-ils, de mettre à leur disposition les moyens adéquats. Notons que l’Association Al Karama dispose d’un centre de référence régional de rééducation et de réadaptation. Il est considéré comme l’un des centres-pilotes au Maroc et est reconnu comme un établissement de protection sociale. Il reçoit quotidiennement plusieurs patients souffrant de limitations fonctionnelles secondaires, dues notamment à des atteintes du système nerveux central ou périphérique, d’atteintes de l’appareil locomoteur, de maladies neuromusculaires, de maladies rhumatismales et de malformations congénitales ou acquises.
Faut-il rappeler que l’opérationnalisation des dispositions de la Constitution de 2011, les actions du programme gouvernemental en matière de handicap et les dispositions de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées exigent une implication totale de l’ensemble des acteurs et la mise en application d’une stratégie nationale visant à instaurer une politique nationale intégrée de droit, et non plus d’assistance et de solidarité à l’égard de ces citoyens qui ont besoin d’être traités avec plus de considération.
