Le Chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a passé «un mauvais quart d’heure» à la Chambre des représentants. Invité mercredi à répondre aux critiques des députés portant sur son exposé sur la gestion du déconfinement, le Chef de l’Exécutif n’a pas été ménagé aussi bien par les parlementaires des groupes de la majorité que de l’opposition. Des députés de différentes couleurs politiques ont décoché leurs flèches à l’endroit du Chef de l’Exécutif qualifiant son discours prononcé lundi dernier de «général et manquant de précisions et d’informations pouvant rassurer les citoyens». Les députés ont critiqué une gestion de la crise liée au Covid-19 caractérisée par un manque d’harmonie entre les secteurs publics et des déclarations ministérielles contradictoires, faisant ainsi allusion aux déclarations du Chef du gouvernement faites lundi dernier annonçant un prolongement du confinement et l’annonce faite par le ministre de l’Économie et des finances le lendemain évoquant une reprise de l’activité des unités industrielles après la fête de Aïd Al Fitr. «Nous avons constaté que la responsabilité de gestion de la crise a été réduite à deux départements, à savoir celui de la Santé et celui de l’Économie et des finances», a noté Abdellatif Ouahbi, représentant du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM) relevant de l’opposition.
Les députés n’ont pas manqué de critiquer également la tentative du gouvernement de passer sous silence le projet de loi n°22-20 relatif à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et de profiter de la conjoncture actuelle pour examiner le texte à la veille de l’annonce du confinement. Le Chef du gouvernement a été en outre fortement critiqué pour sa manière de gérer le dossier des Marocains restés bloqués à l’étranger. Le président du groupe parlementaire socialiste à la première Chambre Chokrane Al Amam a qualifié la gestion de ce dossier de «point noir dans le bilan du gouvernement». En réaction à ces critiques, le Chef de l’Exécutif a adopté un ton ferme soulignant que le gouvernement «travaille en parfaite harmonie et qu’il n’existe aucun cafouillage dans les décisions et les mesures», appelant les députés à positiver et à abandonner le discours nihiliste et réducteur. Évoquant le dossier des Marocains bloqués à l’étranger, M. El Othmani a souligné que la décision de ne pas les rapatrier est une décision d’État. «J’ai personnellement de la famille qui a été bloquée à l’extérieur du Royaume à cause de la fermeture des frontières, mais ils ne sont pas les seuls. J’ai des connaissances, des parlementaires, de hauts responsables qui sont logés à la même enseigne et il n y a pas de favoritisme dans la gestion de ce dossier», a-t-il martelé. Abordant l’annonce du ministre de l’Économie et des finances de reprendre l’activité industrielle après la fête de Aïd Al fitr, M. Othmani a indiqué que cette décision s’inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement visant à maintenir la production, particulièrement des produits alimentaires, rappelant que plusieurs unités sont restées opérationnelles durant même l’état d’urgence, notamment celles chargées de la fabrication des masques de protection et des gels hydro-alcoolique.
