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Chercheurs : «90% des cas viendraient de 10% des personnes infectées»

Lieux de culte, fêtes de famille ou congrès professionnels : Quelques événements aboutissent, à eux seuls, à de très nombreux cas de Covid-19, et comprendre ce phénomène de «super-contamination» peut aider à mieux combattre la pandémie.

Chercheurs : «90% des cas viendraient de 10%  des personnes infectées»
Si chaque individu se limitait à dix contacts, «la transmission virale s’éteindrait doucement», assure un scientifique. Ph. DR

De plus en plus d’experts pensent que la progression de cette nouvelle maladie est largement alimentée par de brusques flambées parties de quelques personnes infectées seulement. Quand cela arrive, le virus se transmet «à 10, 20, 50 personnes, voire plus», alors que dans la majorité des cas, la chaîne de contamination a au contraire tendance à s’interrompre rapidement, explique à l’AFP Benjamin Althouse, chercheur à l’Institut de modélisation des maladies à l’Université de Washington. Il se pourrait même que 90% des cas de Covid-19 viennent de seulement 10% des personnes infectées, estime-t-il. «C’est comme jeter des allumettes sur du petit bois : à la première puis à la deuxième, il ne se passe rien, mais soudain, à la troisième, le feu part et tout s’embrase», poursuit cet expert. Ces derniers mois, plusieurs exemples d’événements de super-contamination ont marqué les esprits. En février, c’est une Sud-coréenne de 61 ans, identifiée comme le «Patient 31», qui a défrayé la chronique : c’est d’elle qu’est partie la vague de contaminations au sein de l’Église Shincheonji de Jésus. De même, un congrès annuel organisé fin février par l’entreprise pharmaceutique américaine Biogen est suspecté d’avoir abouti à quelque 20.000 cas dans la région de Boston. Au-delà de ces quelques exemples frappants, les auteurs d’une étude publiée en septembre dans le journal Science ont conclu que «la super-contamination prédomine» dans la transmission du coronavirus Sars-CoV-2. Ces chercheurs américains ont analysé les données des quatre premiers mois de l’épidémie dans les États indiens du Tamil Nadu et de l’Andhra Pradesh. Verdict : 8% des personnes infectées étaient à l’origine de 60% des nouveaux cas, tandis que 71% des gens contaminés n’avaient passé le virus à aucun de leurs contacts. Depuis le début de la pandémie, l’attention s’est largement portée sur un indicateur en particulier, le taux de reproduction. Appelé R0, il s’agit du nombre moyen de gens que chaque personne infectée contamine, en l’absence de toute mesure pour contrôler l’épidémie. Mais isoler ce critère «ne suffit pas à peindre un tableau complet» de la transmission, avertit Benjamin Althouse. Ainsi, le Covid-19, la grippe ou Ebola ont tous trois un R0 compris entre 2 et 3. Mais les gens atteints de la grippe ont uniformément tendance à infecter deux ou trois autres personnes, alors que pour Ebola et le coronavirus Covid, la transmission est beaucoup plus dispersée : certains n’infectent personne ou presque, alors que d’autres sont à l’origine de dizaines de contaminations, relève M. Althouse. Reste à savoir ce qui déclenche ces super-contaminations. 
Une étude parue récemment dans la revue «Nature» a ainsi montré que les restaurants, les salles de sport et les bars étaient les lieux où l’on se contamine le plus aux États-Unis. Si chaque individu se limitait à dix contacts, «la transmission virale s’éteindrait doucement», assure à l’AFP Felix Wong, chercheur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), en se basant sur des modélisations qu’il a effectuées. 

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