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Les chiffonniers, ces alliés informels de l’écologie

Ils sont nombreux à gagner leur vie en fouinant dans les décharges de Casablanca. Ces chiffonniers, malgré leurs conditions de travail précaires et difficiles, jouent un rôle écologique important. Grâce à eux, des tonnes de déchets sont recyclées au lieu d’être jetées dans la nature.

Les chiffonniers, ces alliés informels de l’écologie

La gestion des déchets est l’une des principales problématiques qui se posent au Maroc. En effet, la quantité des déchets augmente de façon considérable, et cette augmentation est due non seulement à la croissance démographique, mais aussi à l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et en même temps l’amélioration des conditions de vie. La production globale des déchets solides, au cours de ces dernières années, est d’environ 6,9 millions de tonnes par an. La quantité produite des déchets urbains est de 5,3 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 0,76 kg par jour par habitant. Ces chiffres proviennent du troisième rapport sur l’état de l’environnement du Maroc (2015). La situation a dû donc empirer depuis cette date. Véritable manifestation de notre société de consommation, le plastique est omniprésent : voitures, maisons, vêtements, tuyaux. Il rend de multiples services, mais il représente aussi une des principales sources de pollution.

Produire du plastique, c’est produire des déchets
En l’absence d’une bonne gestion, l’accumulation des déchets plastiques dans la nature pourrait devenir une source de nuisance pour l’environnement et pour l’Homme. Il a un effet néfaste aussi bien lors de sa production que lors de son utilisation, de son élimination en tant que déchet ou encore de son accumulation dans l’environnement. Selon Said Sebti, président de l’association Maroc Sciences et Développement durable et enseignant chercheur à la Faculté des sciences Ben M’sik, «le plastique nécessite 100 à 1.000 ans pour se dégrader. Le problème est surtout lié aux produits chimiques contenus dans les plastiques susceptibles d’interagir avec d’autres matières».

Les citoyens et leurs ordures : quelle responsabilité ?
La mauvaise gestion des déchets plastiques trouve son origine non seulement dans l’absence des décharges publiques contrôlées et les comportements irresponsables des citoyens, mais aussi dans les prestations des communes dans le domaine de gestion des déchets étant donné l’insuffisance et l’inadaptation d’équipement de collecte et la couverture incomplète du territoire. «Le recyclage des déchets plastiques peut constituer une solution durable afin de réduire la quantité des déchets, mais de limiter également l’utilisation des ressources naturelles qui se trouvent en quantité limitée», indique Said Sebti.

Le recyclage par le secteur informel demeure 
aujourd’hui le mode dominant d’élimination des déchets 

L’accumulation des détritus dans la nature est une source de nuisance pour l’environnement, mais elle n’en demeure pas moins une source de revenus pour les récupérateurs des déchets informels. Ces récupérateurs jouent un rôle primordial puisqu’ils permettent d’éviter le rejet direct de grandes quantités de déchets dans la nature. Le recyclage à l’informel désigne une pratique généralement menée par une classe sociale défavorisée. Les récupérateurs appartiennent, en effet, aux populations marginalisées de la ville et de la société. Encore faut-il distinguer entre deux catégories dans ce secteur de valorisation informelle des déchets, une catégorie inférieure composée principalement de chiffonniers qui ne génèrent que des revenus de subsistance et qui sont considérés comme le premier maillon de la chaine de valorisation et une catégorie supérieure composée notamment de propriétaires de camions et de broyeuses de plastique.
Abderhamane, un chiffonnier de 42 ans, sillonne les rues de Moulay Rachid pour récupérer avec des mains dégantées, divers matériaux recyclables, tels que les bouteilles en plastique. Interrogé par les jeunes reporters, cet homme marié et père d’un enfant explique qu’après le tri des déchets, il vend les bouteilles collectées à un intermédiaire qui les transforme en grains. L’intermédiaire revend ensuite à des usines et des entreprises pour les recycler et les revaloriser. Le plastique collecté est vendu pour 1 à 1,5 dirham le kg. Abderhamane confie que ce métier constitue pour lui un gagne-pain, un moyen de survie au quotidien. «Sans ce métier, je ferais quoi ? Je deviens criminel ? Malgré les conditions difficiles dans lesquelles je travaille, je dois continuer pour nourrir ma famille», dit-il. Les collecteurs travaillent dans des conditions pénibles, ils sont exposés aux dangers des produits chimiques, aux risques de produits tranchants en plus des risques de contracter des maladies contagieuses.
Pas loin de Moulay Rachid, à Lahraouiyine se trouve Mustapha, le patron d’une «galssa» où se fait le tri des déchets collectés, il est le responsable ou «l’amine» du souk pour ainsi dire. Il exerce le métier depuis presque 30 ans, au point d’acquérir une autorité dans ce domaine. «Nous achetons les déchets en plastique en vrac (sachets, bidons, sauts, bouteilles…). Ensuite, on enlève les impuretés et on les trie selon la couleur (bleu, rose, vert jaune, blanc et marron), enfin nous les broyons pour obtenir des granulés» explique-t-il. «Ce métier fait vivre des milliers de personnes, nous jouons un rôle important pour l’environnement, sachant que chacun de nous broie une tonne de plastique par jour. Dans la zone, il y a environ 60 intermédiaires, vous imaginez la quantité de plastiques transformée en matière première?», ajoute-t-il non sans fierté. 

Les récupérateurs, agents de la propreté 
et de la prospérité

Le secteur informel des déchets permet de préserver l’environnement et les ressources naturelles tout en générant donc un nombre d’emplois assez important. De même qu’il améliore le taux de recyclage du pays pour un prix particulièrement modique. Comme le démontre ce reportage mené à Casablanca, une grande quantité des déchets en plastique provenant des ménages casablancais échapperait ainsi à un simple enfouissement en décharge, grâce à ces récupérateurs informels… Le travail fait pas ces soldats et militants écologiques pour un environnement sain sans plastique mérite d’être connu et reconnu. 

Réalisé par les élèves du Lycée Jaafar El Fassi El Fehri

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