L’Institut Royal des études stratégiques a mené, dans le cadre de ses activités, une réflexion qui s’insère dans le débat relatif à l’élaboration du nouveau modèle de développement. Dans ce sens, l’Institut vient d’élaborer un rapport sur le nouveau modèle de développement dont une synthèse a été rendue publique. Le document est le résultat d’un échange ayant eu lieu, il y a quelques mois, avec le Groupe principal des partenaires au Maroc qui est composé des principaux partenaires financiers et techniques du Royaume (ONU, Banque mondiale, Banque africaine de développement…). Le rapport de synthèse essaye de reprendre les points de convergence des communications de l’IRES et du Groupe principal des partenaires au Maroc ainsi que les principales idées émanant des débats.
Il souligne, dans le premier axe, qu’il faut «gagner en compétitivité et aller vers plus d’inclusion». Pour ce faire, l’IRES propose aux pouvoirs publics «d’accorder un grand intérêt à la valorisation systématique et généralisée du capital humain, en tant que facteur de compétitivité et constituant principal du capital immatériel, notamment l’enfance et la jeunesse, mener une lutte vigoureuse et multidimensionnelle contre les inégalités et favoriser la mobilisation des compétences pour développer la production de biens et services, y compris l’entrepreneuriat social». Ainsi, dans ce premier axe, il suggère d’agir pour développer le capital humain, réduire les inégalités et promouvoir la protection sociale, renforcer le capital social, promouvoir la flexibilité et assurer les qualifications sur le marché de l’emploi.
Le deuxième axe table sur la réussite de la transformation structurelle. L’IRES estime dans ce sens que le Maroc a mis en œuvre des stratégies sectorielles qui ont contribué au développement de ses métiers mondiaux. Mais il appelle dans ce cadre à faire du secteur privé le socle de création de la richesse dans le nouveau modèle de développement et de mettre l’industrie au centre de la transformation structurelle. À travers ce rapport, l’Institut appelle aussi à accroître la productivité, la durabilité et l’intégration économique du secteur agricole et à favoriser le développement d’un secteur des services plus sophistiqué, à forte valeur ajoutée et fortement lié aux autres secteurs de l’économie.Le rapport de l’Homme à la nature constitue le troisième axe prôné par l’IRES dans le cadre de sa vision du nouveau modèle de développement. Ainsi, outre la réalisation des Objectifs de développement durable et la mise en œuvre de l’arsenal juridique déjà adopté (la Charte de développement durable, la loi sur le littoral…), il convient, est-il proposé, de mettre en place un projet national sur le climat et l’orienter en priorité vers l’adaptation au changement climatique. L’accent est également mis sur l’importance de lutter contre la dégradation des sols, restaurer les écosystèmes, notamment le littoral et les forêts, promouvoir l’économie verte, promouvoir l’investissement socialement responsable, poursuivre le développement accéléré des énergies renouvelables…
À travers le quatrième axe, l’IRES souligne la nécessité de rendre l’action publique efficiente. Cela doit passer par des politiques publiques mieux élaborées (mises en œuvre, suivis et évaluation…), un nouveau système de gouvernance publique permettant de renforcer la confiance institutionnelle et une administration plus efficace. Dans le cinquième axe, l’Institut appelle à faire de l’intégration régionale et du positionnement international du Royaume un pilier du nouveau modèle de développement. Cela doit se faire, souligne le rapport, en agissant pour rentabiliser le capital relationnel en tirant profit des opportunités offertes par les accords de libre-échange conclus par le Royaume et en privilégiant à l’avenir des accords régionaux plutôt que bilatéraux. Cela passe aussi par une stratégie de «marque Maroc», une promotion audacieuse de la diplomatie économique, le renforcement de la présence du Maroc sur la scène internationale à travers une représentation effective des ressortissants marocains au sein des instances internationales… «Enfin, le soft power des universités, qui est très important, mérite d’être réellement exploité. L’objectif poursuivi est de former au Maroc un plus grand nombre d’étudiants étrangers et de garder des liens avec ces diplômés de l’enseignement supérieur national», conclut la synthèse du rapport.