Le nombre des affaires de traite des êtres humains a enregistré une hausse alarmante ces trois dernières années. Selon la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, on est passé de 17 affaires en 2017 à 80 en 2018. «Ces chiffres ont doublé en 2019 pour atteindre 151 affaires», a affirmé la responsable lors d’une déclaration à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains célébrée le 30 juillet de chaque année.
Ces trois dernières années, pas moins de 585 personnes, dont 144 femmes et 84 étrangers, ont été poursuivis dans le cadre d’affaires de traite de personnes selon les éléments fournis par le CNDH. Ces chiffres montrent la nécessité de «l’accélération de la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre ce crime grave», a affirmé Mme Bouayach, qui appelé à l’adoption d’une approche participative ouverte à tous les intervenants. Membre de la commission national de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains, le CNDH souligne que les victimes de la traite des personnes durant ces trois dernières années sont au nombre de 719. Plus en détail, le Conseil précise que 283 personnes ont été victimes d’exploitation sexuelle, 58 personnes ont été exploitées dans la mendicité, alors que 35 personnes ont été victime de travail forcé. Les autorités marocaines ont émis quelque 137 mandats dans le cadre de ces affaires et pas moins de 443 personnes ont été mises en garde à vue, toujours selon les chiffres fournis par le CNDH. Reconnaissant les efforts de tous les acteurs en première ligne pour lutter contre ce crime, la présidente du CNDH a appelé à consacrer une tradition nationale pour leur rendre hommage. La responsable a également mis en avant l’importance de l’implication de tous dans les efforts de sensibilisation à la gravité de cette nouvelle forme d’ esclavage. À rappeler que le Maroc œuvre depuis plusieurs années pour le renforcement de sa législation pour faire face à ce genre d’affaire. Dans ce sens, le législateur marocain a promulgué la loi n°14-27 relative à la lutte contre la traite des êtres humains, entrée en vigueur le 25 août 2016. Cette loi a défini le crime de traite des êtres humains d’une manière conforme à la définition internationale, comme elle est présentée dans le protocole d’interdiction et de répression de la traite des personnes. Le Maroc a également mis en place la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains. Rattaché au Chef du gouvernement, ce mécanisme national de coordination des actions de lutte et de prévention contre la traite est composé de représentants de 14 secteurs gouvernementaux, de 6 institutions publiques (dont le CNDH) ainsi que des représentants de la société civile.