L’effondrement du secteur des services prend de l’ampleur et risque de laisser des séquelles profondes même après la sortie de la crise sanitaire causée par Covid-19. Une nouvelle analyse de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) rajoute une couche à ce tableau sombre déjà esquissé par des rapports et analyses précédents, y compris au Maroc où les services continuent à constituer le premier secteur économique.
Selon la Banque mondiale, citée par la Cnuced, les envois de fonds devaient dépasser les investissements directs étrangers en 2019 pour atteindre 550 milliards de dollars, mais les deux devraient chuter considérablement cette année en raison de la pandémie.
Cette chute touche également le Maroc, dont les envois de fonds effectués par les Marocains résidents à l’étranger stagnaient déjà au terme des deux premiers mois de 2020 (9,96 milliards, contre 9,95 milliards à fin février 2019), selon l’Office des changes.Globalement, la crise sanitaire actuelle produit un impact négatif évident sur la croissance du secteur des services au Maroc. En effet, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), la contraction prévue du PIB (-1,8%) au 2e trimestre 2020 serait principalement le fait d’une baisse de près de la moitié du rythme de croissance de la valeur ajoutée du secteur tertiaire, suite à un arrêt presque total dans les activités de restauration et d’hébergement, d’une réduction de 60% de l’activité de transport et de 22% dans le commerce, en comparaison avec le scénario de référence. Par ailleurs, il est à noter que le secteur tertiaire reste dominant au Maroc. Il a, en effet, vu sa part dans le total des valeurs ajoutées augmenter d’une moyenne de 52,7 à 57,2% entre dans la décennie 90 et la période 2000-2017, selon un tableau de bord sectoriel publié par la Direction des études et des prévisions financières.Ce poids est également relevé par l’Enquête nationale auprès des entreprises 2019 réalisée par le HCP. Celle-ci montre que plus des deux tiers des entreprises opèrent dans le secteur tertiaire (41,5% dans les services et 27,5% dans le commerce).Ce qui se répercute sur la création de l’emploi. En effet, selon le même HCP, en 2019, le secteur des services a créé 267.000 emplois, contre 24.000 seulement pour le BTP et 17.000 pour l’industrie, alors que le secteur de l’agriculture, forêt et pêche en a perdu 146.000.