Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

Le «Cœurona» de Hiba Khamlichi

Le «Cœurona» de Hiba Khamlichi
Installation «Cœurona» de Hiba Khamlichi.

«Cette jeune artiste talentueuse, qui ne cesse de nous impressionner par ses créativités, a encore une fois marqué le point en réalisant cette magnifique installation, montrant son grand souffle et sa capacité de se lancer dans des travaux grandioses et pointilleux. Un vrai challenge qui augure une carrière très prometteuse. Car l’art de Hiba n’arrête pas de s’imposer de jour en jour comme une véritable alchimie avec une nouvelle vision, appelant à une méditation très intense et sollicitant une émotion du fond du cœur.
Les créations de Hiba sont accomplies avec une démarche aussi poétique qu’instinctive intuitive. D’où l’intérêt porté à son œuvre par beaucoup de critiques et de professionnels d’art. Ces derniers, en décortiquant son travail, nous ont permis de pénétrer dans son univers tout à fait singulier et encyclopédique, pourrait-on dire. D’après le sociologue et critique d’art Mustapha Saha, l’art de Hiba Khamlichi est une peinture rhizomique où l’évidence parabolique dissimule un étrange hermétisme, où les caractères, les empreintes, les effigies en miroir, entretiennent des interconnexions indéfinissables. Une peinture médiumnique véhiculant, au-delà des messages intentionnels, des catachrèses divinatoires, des illuminations extralucides, des parénèses incantatoires. 
Les petits motifs juxtaposés évoquent les cryptogrammes indéchiffrables des talismans conjuratoires. La mythologie marocaine, toujours vivace,  dessine en filigrane l’estampille allusive. Les représentations figuratives du code entropique de Fibonacci resteraient des jeux allégoriques si Hiba Khamlichi, traversée de fulgurances intuitives, ne les chargeait d’étranges entrelacements d’alphabets antiques, d’incarnations ataviques remontés des profondeurs du temps,  d’énigmatiques combinatoires puisées dans l’invisible. Le détournement sémiotique des lois numériques les transfigurent et les transcendent pour les restituer en œuvres hallucinatoires. 


Parcours de l’artiste

Le jeudi 2 mars 2000 marque la date de naissance de Hiba qui, encore bébé, montrait un intérêt remarquable pour les sons, les couleurs et tout ce qui a un aspect artistique. Très tôt, elle a commencé à dessiner. Son premier tableau répertorié et acquis par un collectionneur français, Hiba l’a fait quand elle avait à peine 3 ans. À cet âge déjà, Hiba intriguait les critiques des arts plastiques, car elle ne produisait que des tableaux abstraits où la présence du noir est remarquable. Elle continua à peindre ses petits tableaux abstraits au format A3 jusqu’à l’âge de 8 ans où un expert  américain l’a encouragée à travailler sur les grands formats pour les exposer. Hiba est, ainsi, arrivée à créer son propre style qu’elle a baptisé : ABADA, un style dont elle seule garde le secret jusqu’à aujourd’hui, un style que plusieurs experts dans le monde des arts plastiques essaient de déchiffrer, mais en vain. Sa première exposition avec sa sœur Ghita, en octobre 2009, a remporté un grand succès. Ses prestations se succèdent à un rythme remarquable pour atteindre 83 expositions au Maroc et à l’étranger en l’espace de 10 ans. Ce qui a valu à Hiba une quarantaine de distinctions à l’échelle internationale, dont quatre grands prix et 5 Biennales. Sa dernière exposition, à la galerie du Groupe Crédit Agricole du Maroc en mars 2020, a été une belle réussite aux côtés de Ghita, les deux sœurs ayant célébré une décennie de leur carrière plastique.


Questions à Hiba Khamlichi 

«Ce confinement est une opportunité pour revoir  toutes mes priorités dans la vie»

Pourquoi l’intitulé de «Cœurona» ?
«Cœurona» c’est un intitulé inspiré et monté à partir du nom commun de la pandémie actuelle : Corona, du mot Cœur le «a» de la fin signifie «le nôtre» en langue arabe. (qalbouna : notre cœur). C’est  une manière de représenter la spécificité généreuse et solidaire des Marocains devant n’importe quelle crise.

Que représente pour vous cette installation ?
Depuis les premiers cas du Covid-19 au Maroc, et surtout après l’annonce de l’état d’urgence, j’ai réalisé que presque tous les citoyens marocains ont mis leurs différents de côté et sont devenus de très bons compatriotes autour d’un très grand Roi. J’ai constaté que la stratégie mise en place par Sa Majesté pour lutter contre la pandémie et limiter les dégâts a été appliquée, d’une manière remarquable, par les responsables, le corps soignant et les autorités. La majorité des citoyens ont été, aussi, très réceptifs aux efforts de sensibilisation et ont fait preuve de discipline au sujet du confinement. J’ai aussi apprécié le fait que beaucoup de Marocains soient prêts à s’entraider pour faire face aux conséquences néfastes de cette pandémie,  notamment des associations et des volontaires qui  ont fait preuve d’abnégation pour venir en aide à leur concitoyens démunis, ainsi que les riches qui ont cédé une part de leur fortune pour apporter leur soutien aux efforts déployés par l’État. Sans oublier les agents d’autorité qui font d’énormes efforts pour faire respecter le confinement sanitaire. D’où l’inspiration de rassembler beaucoup de petites pièces différentes, mais uniques, pour former un très grand Cœur représentant tous les Marocains, malgré leurs différences. J’ai déjà été contactée par une grande galerie à  Casablanca pour l’exposer, car c’est la seule galerie au Maroc qui a de très grandes cimaises.

En tant que jeune artiste très active, que pensez-vous de ce confinement ?
Je pense que ce confinement est d’abord une opportunité pour me remettre en question et revoir  toutes mes priorités dans la vie. 
C’est aussi une grande occasion pour savourer la vie en famille... Je partage mon temps entre études à distance, sport, arts plastiques et musique, car cette année c’est ma huitième et dernière pour passer le fameux Prix du Conservatoire  marocain de musique, spécialité Percussion. Et pour faire face aux menaces des plats succulents que préparent tous les autres membres de la famille, j’ai décidé de faire un petit régime et d’accentuer les séances de sport.

Lisez nos e-Papers