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«En confinement, on essayera quand même de garder l’écran ou la console de jeux hors des chambres des enfants»

«En confinement, on essayera quand même de garder l’écran ou la console de jeux hors des chambres des enfants»
Bernard Corbel.

Le Matin : Durant cette période de confinement, les enfants se retrouvent souvent face aux écrans, que ce soit de leur ordinateur, smartphones ou télévision, que pensez-vous de cette situation ?
Bernard Corbel :
Dans cette période de confinement effectivement, les enfants sont amenés à être davantage face à leurs écrans d’ordinateur de smartphone ou de télévision. C’est en fait d’autant plus certain que les cours se font à distance et utilisent ces différents moyens. Le risque de surexposition et donc particulièrement amplifié.

Il faut se représenter le temps passé devant les écrans comme un temps passé «sous l’eau». L’enfant ou le jeune est à ce moment-là déconnecté de tout entourage. Il s’agit véritablement d’immersion. Des choses mystérieuses se produisent durant cette période : en particulier une sécrétion importante de dopamine, hormone du plaisir et de la récompense, mais son excès de sollicitation engendre aussi au bout de quelques heures une chute brutale du plaisir accompagnée souvent de symptômes de perte de l’attention, d’augmentation du niveau d’agressivité, d’agitation ou d’apathie (les deux pouvant alterner). On fera particulièrement attention à la survenue de symptômes tels sur-emotivité, irritabilité, isolement et cauchemars.

Quels peuvent être les risqués sur la santé physique et psychologique chez l’enfant d’une surexposition à Internet, aux jeux vidéo et aux écrans de façon générale ?
Les risques pour la santé physique et psychologique de l’enfant ou du jeune liés à une surexposition internet, jeu vidéo, etc., sont bien réels. Le premier risque, physique, est dû à l’immobilité pendant un grand nombre d’heures réparties dans la journée ou dans la semaine. Et pourtant, on connaît déjà les dangers et les risques de développer des maladies liées à la sédentarité qui jusque-là touchaient principalement les gens qui passent leur vie assis dans un bureau... Désormais place aux jeunes ? L’absence de mouvements physique, l’absence de synchronisation de ses mouvements et de ses mimiques avec un entourage (comme c’est le cas à l’école en classe mais surtout en récréation) risquent d’être des problèmes vraiment sérieux.
Mais l’autre grande catégorie de risques est constituée par les risques psychologiques, lesquels sont particulièrement sérieux, car nombre de jeux proposés diffusent des messages négatifs (pensons que les hommes y sont le plus souvent représentés comme violents et les filles comme objets sexuels), mais également, faisons une mention spéciale pour les jeux de guerre qui comportent des tirs à la «première personne». Ces derniers jeux sont susceptibles de modifier le cerveau en produisant de véritables réflexes conditionnés.
Certaines recherches viseraient à établir des liens entre l’excès de consommation de jeux et à internet par rapport à des troubles schizophréniques, des syndromes de stress post-traumatique et plus souvent de dépression. 

Pour limiter ces risques, quelle est la fréquence quotidienne ou hebdomadaire de consommation d’internet et des écrans qu’il ne faut pas dépasser ?
Pour limiter les risques liés à une sur-utilisation d’Internet et des jeux, il est conseillé que les enfants de 5 à 11 ans ne dépassent pas 2 heures par jour dans ces activités ludiques. En cette période de confinement, il faut exclure le temps passé pour des motifs pédagogiques.
En confinement, on essayera quand même de garder l’écran ou la console de jeux hors des chambres des enfants mais bien au salon ce qui permet un certain contrôle. Les parents, plutôt que de s’opposer globalement aux jeux vidéos, doivent apprendre à «entrer» dans ces jeux pour les connaître et les comprendre et pour pouvoir en partager quelque chose avec leurs enfants. Dans certains cas, ceci leur permettrait de vérifier que ces jeux respectent les valeurs souhaitées en famille. Ils devraient de plus éviter d’être critiques envers les jeux vidéos, car ces derniers sont très plaisants pour les enfants et ces critiques s’avéreraient blessantes et humiliantes. 

Enfin, que proposez-vous aux parents pour occuper leurs enfants durant cette période et éviter les écrans ?
Je trouve qu’il est bien difficile en confinement de proposer aux parents des activités qui permettraient aux enfants d’éviter d’utiliser les écrans. Outre les jeux de société, d’autres activités en commun pourraient être des petites séquences de rangement, de propreté, de créativité individuelle et collective à partir de dessins, collages, de phrases, et enfin, des séquences brèves de gymnastique et de relaxation (à répartir dans un planning)...
Peut-être, plutôt que de chercher à fuir les écrans et les jeux, il serait intéressant aussi de profiter de cette circonstance due au confinement pour apprendre à maîtriser l’utilisation des jeux sur Internet. Les parents peuvent ainsi rechercher des sites qui évaluent les jeux proposés aux enfants (ex. edululu.org) afin d’identifier ceux qui ont une véritable valeur ajoutée et permettent le développement d’habiletés cognitives comme le sens de la stratégie, l’identification à de vrais personnages en situation, l’action et l’aventure riches en habilités visuelles et spatiales, la résolution de problèmes... Privilégier les jeux qui font appel à plusieurs joueurs avec le sens de l’équipe et de la coopération. En quelques mots, plutôt que d’empêcher de faire, faire avec les jeunes. 

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