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Coronavirus : Comment s’en sortent les personnes les plus vulnérables

Le coronavirus ne cesse de faire des ravages dans le monde. En l’espace de quelques semaines, cette maladie a touché des centaines de milliers de personnes dans de nombreux pays et tué des dizaines de milliers d’entre eux. Si l’on sait que personne n’est épargné par ce virus et que la seule façon de se protéger est de limiter les grands rassemblements et d’appliquer rigoureusement les règles d’hygiène, on a constaté que certaines personnes sont malheureusement plus vulnérables face à cette maladie. Il s’agit des personnes dont l’immunité est plus faible, notamment les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes malades qui suivent de lourds traitements. Dans ce dossier, nos experts présentent des explications concernant les raisons de la vulnérabilité de ces personnes ainsi que des conseils pour rester en bonne santé face à cette crise sanitaire mondiale.

Coronavirus : Comment s’en sortent les personnes  les plus vulnérables
Khadija Moussayer.

Explications du Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’Alliance maladies rares Maroc

Les personnes à risque face au coronavirus : les personnes âgées en première ligne

Le Matin : Quels sont  les sujets plus susceptibles d’être gravement atteintes en cas de contamination ?

Khadija Moussayer : Nous combattons les virus et les bactéries grâce à  notre système immunitaire, un ensemble de cellules spécialisées et de substances, les anticorps, qui constituent un rempart contre les agressions extérieures comme le Covid-19. Néanmoins, cette défense de l’organisme s’affaiblit avec l’âge ou est amoindrie lors  de certaines pathologies. Les sujets les plus à risque :

• Ceux souffrant de problèmes respiratoires (asthme, mucoviscidose…), rénaux (dialysés), cardiaques et d’hypertension, de diabète d’obésité.

• Ceux qui reçoivent des médicaments immunosuppresseurs ou de la cortisone dans le cadre du traitement  des maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite rhumatoïde, Gougerot-Sjögren…). Certaines de ces maladies auto-immunes affaiblissent particulièrement le système immunitaire, c’est le cas du  lupus systémique. Une chimiothérapie administrée pour traiter les cancers affaiblit également le système immunitaire, de même évidemment que le fait d’avoir une  immunodépression acquise  engendrée par le Sida…

• Les personnes âgées, surtout après 70 ans,  voient leurs défenses immunitaires diminuer à cause, d’une part, des pathologies associées et, d’autre part, de facteurs intrinsèques au  système immunitaire qui fonctionne moins bien avec l’âge : diminution de la production des globules blancs et des anticorps.

Comment ces personnes peuvent-elles se protéger ?

Les personnes âgées et toute autre personne à risque, ainsi que le reste de la population, doivent donc observer de façon stricte les gestes «barrières» de protection et en particulier une distance d’au moins un mètre des autres personnes, des longs lavages complets  et réguliers de toutes les parties des mains à l’eau savonneuse après tout contact à l’extérieur. Si ces personnes âgées vivent seules ou en couple et sont valides, le mieux est qu’elles restent strictement confinées à l’écart de leur entourage qui peut leur apporter tous les moyens de subsistance en les livrant de préférence sur le pas de la porte de leur habitation.

Si les personnes âgées vivent en famille, c’est aux autres membres d’observer scrupuleusement le confinement, en déléguant si possible à une seule et même personne le soin de faire toutes les courses nécessaires durant cette période, cette dernière acceptant alors  de se mettre le plus possible en semi-confinement à l’égard du reste de la famille. Les personnes âgées doivent par ailleurs continuer leurs traitements existants et ne pas hésiter à appeler leurs médecins pour des conseils. 

L’automédication est par contre à prohiber en cette période !

Comment renforcer leur système immunitaire ?

Pour assurer la meilleure défense immunitaire possible face au Covid-19, il faut que les personnes âgées continuent plus que jamais à bien se nourrir. Leurs besoins énergétiques étant d’ailleurs à peine  inférieurs à ceux de l’adulte jeune : 2.000 kilocalories par jour pour l’homme et 1.800 kcal/j pour la femme contre respectivement 2.800 et 2.200 à 30 ans. Il faut aussi faire quotidiennement des exercices physiques, même dans un espace restreint, car la force des muscles des personnes âgées diminue  rapidement en l’absence d’activité physique ou de mobilité. Enfin, il faut entretenir leur moral et les liens sociaux. Le stress ainsi qu’un sommeil perturbé sont les pires ennemis  du système immunitaire. 


Explications de Amal Bourquia, professeure de néphrologie, présidente de l’association Reins

Les patients dialysés contaminés développent des formes plus graves de la maladie

Le Matin : L’association Reins a annoncé il y a quelques jours que les malades atteints de maladies rénales sont vulnérables face au coronavirus, comment peut-on expliquer cela ?

Amal Bourquia : Le Covid-19, une maladie causée par un nouveau coronavirus, est une menace mondiale majeure qui s’est transformée en pandémie. Le coronavirus se propage principalement d’une personne à l’autre. Les personnes âgées et les personnes sous dialyse ou dans d’autres conditions médicales chroniques graves semblent être plus à risque de développer une maladie plus grave du coronavirus. Les patients en dialyse combinent une fragilité intrinsèque et un fardeau très fréquent de comorbidités avec un cadre spécifique dans lequel de nombreux patients sont traités à plusieurs reprises dans la même zone (centres d’hémodialyse). De plus, il existe un risque théorique pour que les patients dialysés contaminés par le coronavirus développent des formes plus graves de la maladie. Ce risque s’explique par leur fragilité et par l’affaiblissement de leurs défenses immunitaires, bien documenté pour la plupart des maladies infectieuses. Il n’y a pas actuellement d’épidémie dans les centres de dialyse, cependant il faut être attentifs à toute information pour un risque augmenté pour les malades dont nous avons la charge.

Comment se déroulent les séances d’hémodialyse durant cette période, et quelles sont les mesures prises par ces centres pour prévenir ces infections ?

Des mesures de prévention, de protection, de dépistage, d’isolement doivent être prises aux premiers stades de la maladie. Tout d’abord, l’application de toutes les recommandations pour la population générale, notamment les gestes simples qui sont à respecter par les patients, les proches et par le personnel soignant. Les centres de dialyse suivent de près les procédures de sécurité pour prévenir ces infections et intensifient les mesures d’hygiène et de désinfection. Lavage des mains à l’arrivée en dialyse et au départ, mesure de la température avant et après dialyse. Les patients symptomatiques doivent être dialysés en isolement. Le port de masque facial pendant la séance, si le malade est symptomatique, pour éviter la contamination des autres. Le médecin du centre orientera le patient, s’il ne peut se rendre à l’établissement de dialyse en raison d’une maladie, pour prendre d’autres dispositions.

Quels conseils pouvez-vous donner aux patients dialysés pour éviter d’attraper le virus ?

En raison du risque accru pour les patients en hémodialyse, il est particulièrement important d’appliquer des mesures préventives pour réduire l’exposition. Ils doivent prendre des précautions quotidiennes pour garder un espace entre eux et les autres, et rester à la maison les jours sans dialyse.  En sortant il faut s’éloigner des autres personnes et éviter les transports en commun.  Il faut se laver souvent les mains et s’abstenir de tout contact personnel, avec les enfants et petits-enfants, car la population plus jeune peut souvent transmettre la maladie sans présenter de symptômes. Dans le cas d’apparition de symptômes tels que fièvre, toux, mal de gorge, courbatures, maux de tête, frissons, le patients doit rester chez lui et informer son centre de dialyse qu’il ne se sent pas bien. 


Explications du Dr Hicham Ben Abbes Taarji, gynécologue obstétricien

Femmes enceintes : restez vigilantes !

Le matin : Est-ce que les femmes enceintes sont des personnes vulnérables face au coronavirus ?

Hicham Ben Abbes Taarji : Bien sûr que la femme enceinte fait partie des personnes à risque dans le cas du coronavirus, tout comme avec la grippe, sauf que celui-ci est plus contagieux et plus mortel. La grossesse entraîne toujours une petite immunodépression, c’est-à-dire que les défenses immunitaires baissent, et donc la femme est plus fragile et peut se défendre moins bien si elle attrape une infection. D’autant plus qu’au troisième trimestre, son gros ventre peut gêner sa respiration. Mais ceci concerne surtout les femmes qui ont déjà une petite santé, qui sont anémiques, diabétiques, asthmatiques... c’est pour cela que les femmes enceintes doivent penser à faire le vaccin de la grippe de manière systématique.

Comment se déroule l’accouchement pour une patiente atteinte de coronavirus et quelles sont les précautions à prendre ?

Les cliniques ont déjà pris des précautions extrêmes pour les accouchements, que la femme soit coronavirus positive ou non. Les accompagnants sont systématiquement refusés (même le mari). À l’entrée de la clinique toute femme est questionnée, si elle a de la fièvre (prise de la température), si elle est en contact avec une personne à risque ou ayant voyagé récemment, si elle n’a pas de symptômes tels que la toux... avant quelle soit admise en salle de travail. L’accouchement se déroule comme tous les accouchements. Si la femme est reconnue Covid-19 positive, elle devrait être adressée au CHU qui est le centre de référence. Maintenant, si elle est en travail avancé, on va lui mettre un masque, surtout si elle tousse, et le personnel médical est également muni de masques et de surblouses. Le coronavirus ne se transmet pas par le sang, mais par les micro-gouttelettes aériennes que la femme peut disséminer en toussant ou en éternuant. Il ne faut pas oublier que toute la salle et le matériel sont stérilisés avant et après l’accouchement. Selon toutes les recommandations scientifiques, on encourage l’allaitement maternel pour ses multiples bienfaits. Il suffit d’éloigner le couffin du bébé de deux mètres et en faisant porter un masque à la maman au moment de l’allaitement. De même, pour l’instant on considère que le virus n’entraîne pas de malformations fœtales durant la grossesse.

Quels conseils pouvez-vous leur donner pour renforcer leur immunité et éviter ce type d’infections ?

Tout d’abord, on recommande aux femmes enceintes de faire le vaccin contre le virus de la grippe. Les femmes enceintes doivent aussi manger équilibré sans oublier des légumes et fruits frais, notamment riche en vitamine C, corriger une anémie, suivre sa grossesse chez un médecin en cas de grossesse à risque. Il ne faut pas oublier d’appliquer les gestes barrières. Aussi, il est recommandé de faire des fumigation de lavande : faire bouillir de la lavande dans une casserole puis inspirer la vapeur en se mettant une serviette sur la tête. La lavande est antiseptique et bloquera le virus sil est déjà là, avant qu’il ne descende dans les voies aériennes basses. 

 

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