S’il y a un élément positif qui est ressorti de cette crise de la Covid-19 c’est bien le puissant coup d’accélérateur qu’elle a donné à l’innovation. Et l’une des rares certitudes à en avoir émergé est le fait que la crise sanitaire la plus grave depuis une génération ne peut être surmontée sans innovation ni sans collaboration entre gouvernements, organisations mondiales, scientifiques, entreprises, startups, société civile et individus.
Pour Saad Badaoui, Senior Data Scientist à Policy Center for the New South, il s’agit d’un état d’esprit qui s’est installé dans le sillage de la pandémie : «Nous avons observé l’émergence d’un état d’esprit et d’un “tech made in Africa” pleinement engagé dans la lutte contre la Covid-19. Nous avons vu par exemple des ingénieurs africains élaborer des solutions locales pour lutter contre le virus et soutenir l’économie nationale, et cela dans plusieurs domaines». Pour lui, la tech africaine a révélé l’étendue des talents du continent que ce soit dans la technologie de base (dématérialisation des services administratifs, télétravail, plateformes numériques…) ou la technologie de pointe (drones, robots humanoïdes, IA, respirateurs artificiels, masques intelligents, applications de traçage…).
En effet, une analyse effectuée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dévoilée en octobre dernier, a indiqué que plus de 120 innovations technologiques en matière de santé ont été pilotées ou adoptées en Afrique. Le continent a en effet conçu 12,8% des 1.000 technologies nouvelles ou modifiées introduites dans le monde en réponse aux problématiques liées à la Covid-19. Ces innovations ont concerné principalement les domaines de «la surveillance, la recherche des contacts, la participation communautaire, le traitement, les systèmes de laboratoire et la lutte anti-infectieuse. 57,8% des technologies étaient fondées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), 25% sur l’impression 3D et 10% sur la robotique», détaille l’étude de l’OMS.Au Maroc, l’innovation n’a pas été en reste. Dès l’avènement de la pandémie, gouvernement, secteur privé, universités et startups ont sonné le branle-bas de combat pour trouver des solutions aux répercussions de la crise sanitaire, notamment sur les services publics de base et le tissu productif national.Et c’est ainsi que le secteur de l’éducation est passé au numérique en un temps record, le télétravail s’est installé sans trop de mal, les services administratifs se sont digitalisés à tour de bras, les industries ont converti leurs lignes de production avec une agilité remarquable, les tribunaux ont instauré avec succès les procès à distance, et même les petits commerces ont déployé des services digitaux pour communiquer avec leurs clients.«Il y a deux domaines dans lesquels cet élan a été particulièrement impactant : l’éducation où les pouvoirs publics se sont tournés vers la technologie pour l’apprentissage à distance, révélant ainsi la capacité des stratégies virtuelles à surmonter les difficultés auxquelles a été confronté le secteur de l’éducation, et la santé où l’usage des technologies a permis de compenser le déficit en ressources humaines et en équipements.Avec ce développement du numérique, c’est presque une nouvelle épidémiologie qui est apparue : la «Big Data epidemiology», a noté Larabi Jaïdi.
Dans le même élan, on a assisté à un foisonnement d’innovations portées par le secteur privé et les centres de recherche universitaires, tels que le respirateur artificiel 100% marocains nommé «Sircos» ou le masque intelligent de détection automatique à distance de la Covid-19, appelé «Midad». On peut également citer le kit 100% marocain de diagnostic de la Covid-19 ou le sas d’hygiène permettant d’assurer le respect des mesures sanitaires. Sans oublier d’innombrables applications mobiles, des robots et des drones utilisés pour la désinfection des espaces publics, dans l’agriculture ou pour la surveillance et la sécurité.Un sas automatique de conception marocaine
SCA Technology, le spécialiste marocain de la sécurité, a conçu un sas d’hygiène permettant d’assurer le respect des mesures sanitaires dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19. Cette innovation 100% marocaine assure le respect de la distanciation physique, le contrôle automatique de la température et la distribution du gel sans aucune intervention humaine. Elle permet, ainsi, une prévention efficace contre la propagation des bactéries et virus en garantissant le lavage des mains à chaque entrée dans les lieux sécurisés. Ce système peut être installé dans tous les commerces, écoles, institutions et autres endroits ouverts au public et au personnel.
Sircos, le respirateur artificiel 100% marocain
Le respirateur intelligent artificiel Sircos (Système intelligent de respiration Cosumar) a été réalisé pour répondre aux besoins des centres médicaux accueillant les personnes souffrant de problèmes respiratoires. Ce dispositif médical, qui peut être contrôlé à distance, présente plusieurs points forts en matière d’innovations, essentiellement la connexion à distance, l’autonomie et la possibilité d’intégrer un concentrateur d’oxygène et un compresseur d’air. Il permet plusieurs modes de ventilation (contrôlée, assistée en pression et assistée contrôlée) répondant aux normes et aux exigences de sécurité et de performance. Sircos est, par ailleurs, constitué d’une unité de génération de gaz respiratoire, d’une unité sensorielle et une autre intelligente distribuée à base d’un système expert, outre un régulateur et une base de données avec des paramètres qui peuvent être prédéfinis à distance.
Midad, le masque intelligent de détection de la Covid-19
Le «masque intelligent de détection automatique à distance» de la Covid-19, «Midad» a été inventé par une équipe d’ingénieurs et de médecins marocains. Cet outil intelligent, conçu en utilisant l’impression 3D, propose une méthode de prédiction et de diagnostic de la maladie et dispose d’une carte et de capteurs de température, d’humidité et de pression permettant de mesurer la pression et le cycle respiratoire, ainsi que le taux d’oxygène dans le sang spO2 (en le combinant avec un Oxymètre). Midad est accompagné d’une application de «tracking» (Trackorona), qui propose le traçage des déplacements de l’utilisateur pour détecter son niveau de respect du confinement et de la distanciation sociale.
