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Le cri de cœur des musiciens face au Covid-19

Le cri de cœur des musiciens face au Covid-19
Pour la majorité des musiciens, les fêtes, les festivals et le travail dans des lieux de divertissement constituent l’unique source de revenus. ttttttPh. Archives

Les musiciens constituent l’une des catégories professionnelles les plus durement touchées par les règles contraignantes de l’état d’urgence sanitaire. Tout d’abord, il s’agit d’un métier aux caractères irrégulier et ponctuel. De surcroît, la plupart de ces artistes ne disposent pas de couvertures sociale et médicale. Comme un malheur ne vient jamais seul, une grande majorité des musiciens n’ont pas bénéficié du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus.
En effet, la décision du confinement leur est tombée comme un couperet. Ils ont été pris au dépourvu et trouvent des difficultés énormes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Plusieurs parmi eux ont des crédits et sont incapables de payer leurs échéances de loyer ou d’eau et d’électricité. 
Plusieurs témoignages de musiciens de Kénitra soulignent qu’il s’agit d’une crise sans précédent. Ahmed Qentraoui, l’un des meilleurs percussionnistes marocains, précise, avec amertume, que plusieurs artistes vivent actuellement dans la crainte et le désarroi. «C’est un cauchemar qu’ils sont en train de vivre, sachant qu’il n’y a pas une loi qui les protège et qui les met à l’abri des incertitudes», précise-t-il en substance. En guise de conclusion, il rappelle que les musiciens, qui ne disposent pas d’autres sources de revenus, sont dans la précarité et le désœuvrement les plus extrêmes. 
Dans le même ordre d’idées, Abdellah Ayaou, guitariste-bassiste, révèle que plusieurs musiciens n’ont reçu aucune aide publique durant cette période de confinement, d’autant plus, explique-t-il, que les fêtes, les mariages, les festivals, le travail dans des hôtels, des salles de fêtes ou les lieux de divertissement constituent leur unique source de revenus. «Nous sommes conscients que le déconfinement doit être graduel et qu’on ne peut pas autoriser du jour au lendemain les grands rassemblements. Cependant, notre situation est insoutenable et je propose qu’on nous accorde un soutien à partir des budgets consacrés aux festivals par les collectivités territoriales», souligne-t-il.

Prenant la parole au nom de plusieurs artistes de la capitale du Gharb, le luthiste Faouzi Frikhat, qui a longtemps accompagné les grands chanteurs et chanteuses marocains, déclare en toute clarté que l’écrasante majorité des musiciens vivent dans une situation catastrophique. Et d’ajouter : «Les témoignages de mes collègues, que je reçois à travers les réseaux sociaux ou les appels téléphoniques, n’augurent rien de bon. Ils sont très inquiets et n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Si la période de confinement est prolongée une autre fois, personne ne peut prédire quel sera leur avenir. J’espère que les prochains jours nous apporteront de bonnes nouvelles, sachant que nous sommes au début de la période estival».
Pour sa part, Fouad Tarab, un chanteur qui s’est illustré de manière magistrale lors de l’une des premières éditions de l’émission Studio 2M, a salué l’esprit de solidarité qui prévaut au sein de la famille musicale nationale, en indiquant qu’il a eu des témoignages de gestes de générosité de la part de certains grands artistes. Saisissant cette occasion, il a appelé à l’élaboration d’une loi qui protège les artistes et les musiciens et qui les épargne des vicissitudes du temps. «Nous devons tirer des enseignements des effets néfastes de cette pandémie pour opérer une révision profonde du statut de l’artiste marocain en général et du musicien ou chanteur en particulier, d’autant plus qu’il s’agit d’un domaine où il n’y a pas de statistiques officielles permettant de mettre un peu d’ordre et d’avoir plus de visibilité», estime-t-il. 
Il est à espérer que ces appels du cœur des musiciens et des artistes soient entendus et que leur carrière professionnelle ne soit pas durablement compromise par la pandémie du Covid-19. 

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