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Le cromlech de M’zora, monument énigmatique aux mystères toujours enfouis

Le cromlech de M’zora, monument énigmatique aux mystères toujours enfouis
Cromlech de Mzora.

À une vingtaine de kilomètres de Larache, dans le village de M’zora, se dressent 167 monolithes de différentes formes, dont l’histoire mystérieuse nourrit depuis des siècles les mythes, les récits et les contes populaires. Plus grand monument de ce type connu en Afrique du Nord, le cromlech de M’zora est une nécropole préhistorique située sur une colline de 54 mètres, avec une enceinte mégalithique complète de l’âge de bronze.
Le monument est formé par 167 monolithes de différentes formes avec des tailles qui atteignent les 4 à 5 mètres de hauteur, a indiqué la cheffe du service de l’inventaire du patrimoine culturel à la Conservation régionale du patrimoine de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Aziza Mezrioui.
Le tumulus et l’enceinte de pierres dressées de M’zora représentent une énigme, a expliqué Mme Mezrioui dans une déclaration à la MAP, notant que les mesures prises révèlent que le cromlech a la forme d’une ellipse, et ses proportions et dimensions sont basées sur des unités de mesure qui, jusqu’à présent, n’avaient été reconnues qu’en Grande-Bretagne. Ces vestiges préhistoriques situés à Tnine Sidi Al Yamani, qui datent du deuxième millénaire avant J.C., constituent la plus grande des ellipses mégalithiques certaines trouvées dans le monde.
La profondeur de la vallée qui mène à M’zora et le changement du niveau de la mer indiquent qu’il existait probablement un estuaire navigable qui conduisait au monument à l’époque pré-romaine, a précisé Mme Mezrioui, notant qu’on pourrait proposer l’âge de bronze comme date probable pour la construction du cromlech ainsi que l’éventualité de relations culturelles entre le Maroc et la Grande-Bretagne à l’époque préhistorique. Le mystère qui entoure l’histoire de ce monument fait que, durant des siècles, il a été attribué à plusieurs légendes et mythes. En effet, durant la période romaine, ce site devient associé à la mythologie grecque, qui fait du tumulus la tombe du géant et roi de Libye Antée, fils de Neptune et de la Terre, placé dans ce lieu après avoir été renversé par Hercule dans la bataille livrée près de la ville de Lixus. Certains auteurs de cette époque évoquent également la visite du général romain Quintus Sertorius sur les lieux. Le général, qui ne croyait pas à la grandeur du géant, aurait ouvert son tombeau et trouvé un corps de soixante coudées (26,67 mètres). Surpris, il aurait immolé des victimes et recouvert avec soin le tombeau, augmentant ainsi le respect porté au géant.
Certaines populations avaient, pour leur part, attribué ce monument au travail des géants préislamiques, ogres et voyants. Dans la tradition populaire, le plus grand monolithe est indiqué avec le nom «El Outed», soit indicateur, probablement pour indiquer l’orientation équinoxiale.
Par ailleurs, d’après les textes antiques, le cromlech de M’zora aurait des affinités culturelles, dans sa conception, avec l’Est et le Nord. Une conception mystérieuse, dont les formes uniques ont alimenté tant de contes et de légendes aussi intrigantes les unes que les autres.
En attendant que le site dévoile ses mystères dissimulés jalousement durant des siècles, il demeure protégé par le ministère de la Culture, et abritera, selon Mme Mezrioui, un centre d’interprétation du patrimoine qui sera dédié, entre autres, à l’étude et les recherches relatives à ce type de monuments. 

Soukaïna Benmahmoud (MAP )

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