«Le Maroc a réalisé au cours des deux dernières décennies des progrès sociaux et économiques significatifs avec des investissements publics importants, des réformes structurelles et un certain nombre de mesures visant à assurer la stabilité macroéconomique du pays » a indiqué Mme Marie Alexandra Veilleux-Laborie, directrice en charge du Maroc à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) dans un entretien accordée récemment à l’Agence de presse marocaine.
Selon cette responsable, l’économie nationale est actuellement affectée par trois facteurs principaux, à savoir l’effondrement économique global et surtout européen, puisque l’Europe reste le principal partenaire du Royaume, la forte sécheresse et les mesures de confinement imposé par la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19). «Cette année, le Maroc fait face à une forte récession, la première depuis 1995, avec une forte contraction du PIB supérieure à 5%, accompagnée d’un accroissement du déficit budgétaire. Je pense qu’à moyen terme, la croissance récupérera progressivement. Il est cependant difficile de dire quand et à quel rythme puisqu’il y a plusieurs inconnues, notamment le vaccin contre le Covid-19» souligne-t-elle. La récession économique observée au cours de cette année aura un impact sur 2021, puisque l’on s’attend à une progression économique faible liée principalement à l’amélioration de la production agricole qui dépendra de conditions climatiques plus normales. Abordant les mesures d’accompagnement mises en place pour soutenir l’économie nationale, Mme Veilleux-Laborie a salué l’Initiative Royale consistant à injecter un montant d’environ 120 milliards de dirhams dans l’économie nationale. Une mesure qui a permis de lancer l’ambitieux pacte de relance économique et de l’emploi, lequel prévoit la mobilisation de 11% du PIB pour accompagner le redémarrage progressif de l’activité dans les différents secteurs de l’économie et la création des conditions propices pour une relance rigoureuse à la sortie de la crise. «Le pacte prévoit une partie correspondant à des lignes de crédit garantis par l’État (75 milliards de DH) et une autre au nouveau fonds d’investissement stratégique qui interviendra pour le financement de grands projets d’investissement via les partenariats public-privé (PPP) et aussi par les investissements en capital dans les entreprises en croissance. L’enjeu majeur aujourd’hui pour que ces grands projets fonctionnent bien est que les opérateurs parviennent à définir et concevoir des projets viables. Je pense notamment aux projets partenariat public-privé», explique la directrice qui rappelle que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a déjà proposé aux autorités d’accompagner la préparation et l’exécution des projets élaborés, pourvu qu’ils soient viables, finançables, bancables et attractifs pour les investisseurs privés.
Il convient de souligner que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a déjà débloqué un montant de plus 770 millions d’euros en faveur du Maroc depuis le 1er janvier. Dans le détail, on apprend que la banque a soutenu la liquidité bancaire et la liquidité à l’économie via ses partenaires bancaires. Cette institution a signé dans ce sens plus de 235 millions d’euros de lignes de crédit à court terme et de soutien d’échanges internationaux. En outre, la BERD a apporté son soutien pour l’aménagement des infrastructures.
Dans ce sens, la Banque a débloqué une enveloppe de 300 millions d’euros de lignes de crédit moyen terme en faveur de l’Office national des aéroports (ONDA), la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Ces lignes de crédit ont été accompagnées d’un programme de réformes des entreprises publiques et de leur gouvernance. Il a été en outre question d’accorder un prêt de 150 millions d’euros au ministère de l’Agriculture dans le cadre de la stratégie «Generation Green». Enfin, la BERD a procédé au financement et à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises (PME) avec 85 millions d’euros de financement, soit via les partenaires bancaires ou bien directement aux entreprises. Une mesure qui a été accompagnée par la mise en place de sessions de formation virtuelles qui ont profité à 700 PME.