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«Les Discours Royaux reflètent toujours l’importance accordée à la jeunesse marocaine»

Pour Ismaïl El Hamraoui, chef du gouvernement parallèle des jeunes, la jeunesse marocaine n’oubliera jamais l’initiative de Sa Majesté le Roi consistant à abaisser l’âge de vote aux élections à 18 au lieu de 20 ans. Il s’agit d’une décision majeure ayant ouvert la voie à des réformes importantes en matière de promotion des droits politiques et socioéconomique des jeunes, estime-t-il. Dans un entretien accordé au «Matin», M. El Hamraoui insiste par ailleurs sur la nécessité de concevoir une politique intégrée à même de répondre aux attentes des jeunes et à leurs aspirations.

«Les Discours Royaux reflètent toujours l’importance accordée  à la jeunesse marocaine»

Le Matin : Le Maroc célèbre le 57e anniversaire de S.M. le Roi. Que représente pour vous cet événement ? Quelle signification revêt-il pour vous en tant que jeune et chef du gouvernement parallèle des jeunes (GPJ) ?
Ismaïl El Hamraoui :
Je voudrais tout d’abord exprimer à Sa Majesté le Roi en mon propre nom et au nom des membres du gouvernement parallèle des jeunes mes chaleureuses félicitations et mes meilleurs vœux de santé et de bonheur ainsi que mes vœux de progrès et de prospérité au peuple marocain. Le nouveau souffle donné par les Discours Royaux reflète l’importance accordée à la jeunesse marocaine. En effet, ces 21 ans de règne du Souverain ont été marqués par un nouvel engagement social en faveur des jeunes, basé sur la dualité franchise et ambition. Cet engagement a été mis en œuvre tout au long de ces deux décennies par une transition de l’approche traditionnelle à celle d’une institutionnalisation moderne, par le biais de nombreux projets socio-économiques adoptés dès 1999 en concomitance avec des réformes politiques importantes. Bien entendu la jeunesse a été au cœur de cette dynamique. Malgré les entraves, cette vision est porteuse de l’amélioration de l’opportunité économique dédiée aux jeunes, notamment leur immersion au marché de travail, l’accès aux services de nécessité publique, en bonifiant la qualité afin de réduire les disparités territoriales et sociales, tout en favorisant les rôles des institutions politiques, avec un nouveau modèle de gouvernance et d’évaluation. Je saisis l’occasion pour dire que cet événement représente pour nous une journée d’évaluation des actions menées par l’État en matière de renforcement des programmes dédiés aux jeunes et une «journée miroir» pour ajuster et adapter les alternatives en relation avec les jeunes qui représentent un tiers de la population marocaine.

Quelles sont les principales avancées enregistrées en matière de promotion de la jeunesse marocaine, selon vous ?
La jeunesse marocaine n’oubliera jamais l’initiative de Sa Majesté le Roi, dans le contexte de la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme en 2002, consistant à abaisser l’âge de vote aux élections à 18 ans au lieu de 20 ans. Comme l’a expliqué S.M. le Roi dans un discours prononcé lors de la cérémonie de nomination des nouveaux membres du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CNDH actuellement, NDLR) et du wali de Diwan Almadalim, «Pour que se concrétise Notre aspiration de voir la jeunesse marocaine s’investir massivement dans la réalisation de Notre projet de société démocratique moderniste, Nous avons décidé d’abaisser l’âge de vote à 18 ans, et Nous invitons le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires à cet effet».
Certes, les politiques publiques dédiées aux jeunes ne sont pas parfaites, d’où l’importance d’une réflexion objective pour les améliorer, mais il y a aussi des réalisations et des programmes positifs qui ont besoin aujourd’hui d’une évaluation périodique. À titre d’exemple, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), en dépit des dysfonctionnements en matière gestion, demeure une opportunité extraordinaire pour l’intégration et l’insertion des jeunes et un levier pour leur développement. Cette initiative fut le fruit d’une Vision du Souverain, qui a souligné à maintes reprises la nécessité de mettre les jeunes au cœur de notre projet de société, ce qui a permis aux programmes de développement d’accompagner cette catégorie sociale, à travers des programmes de formation, de qualification, des activités génératrices de revenus et de lutte contre l’exclusion.
Il convient de souligner à cet égard que la Constitution de 2011 a fait de la promotion de la jeunesse une question centrale, en sens qu’elle a souligné le rôle des autorités publiques dans l’encouragement de la participation des jeunes au développement social, économique, culturel et politique du pays, dans leur insertion dans la vie active et associative et dans l’assistance à ceux en difficulté d’adaptation scolaire, sociale ou professionnelle. On ne doit pas oublier, en outre, le point relatif à l’instauration d’un «quota» des jeunes au Parlement qui a permis à 30 jeunes députés d’accéder à l’hémicycle. Certes, ce nombre reste limité, mais les jeunes de la «liste nationale» ont marqué une présence remarquable en étant une véritable force de proposition. Cela signifie pour moi que les jeunes méritent davantage d’encouragements pour favoriser leur implication dans la vie politique et institutionnelle.

D’après vous, quelles sont les principales préoccupations des jeunes Marocains aujourd’hui ? Comment peut-on y répondre ?
Lors d’une conférence de presse consacrée aux propositions du gouvernement parallèle des jeunes concernant le nouveau modèle de développement, on a mis l’accent sur les préoccupations de cette catégorie sociale. À mon sens, le secteur de l’éducation constitue l’un des obstacles majeurs qui entravent la réalisation de la justice sociale, en raison de l’adoption, de longues années durant, de politiques éducatives inadaptées. Les jeunes souffrent du problème de l’emploi, et là, le mémorandum du gouvernement parallèle des jeunes souligne l’importance de revoir la question de la formation, avec la création de nouveaux cursus compatibles avec les exigences du marché du travail, et d’encourager la recherche scientifique et l’innovation, ainsi que de renforcer les liens entre les mondes de la formation et du travail. Il ne faut pas oublier que les jeunes aspirent à l’élargissement de l’espace de liberté et des droits de l’Homme. Bref, ils veulent plus de dignité.

En tant que chef du GPJ, pensez-vous que le budget que le gouvernement consacre aux jeunes est suffisant ? Qu’auriez-vous proposé si vous étiez réellement aux commandes ?
C’est un budget insuffisant et inacceptable qui ne reflète pas le poids des jeunes entre 15 et 34 ans, qui constituent 34% de la population marocaine. Mais heureusement que le ministère de tutelle compte des fonctionnaires militants qui croient en leur travail avec les jeunes, malgré l’existence, comme dans d’autres secteurs bien sûr, d’intrus qui veulent monopoliser le travail et marginaliser la compétence du secteur et même entraver les initiatives proposées par les jeunes. Il est temps aujourd’hui que le gouvernement soit conscient de l’importance des jeunes, qui doivent faire l’objet d’une attention particulière. Il doit concevoir une politique intégrée, avec une vision stratégique et prospective pour les jeunes, définissant le cadre législatif, institutionnel et politique des différentes politiques, programmes et interventions publiques en matière d’autonomisation des jeunes, en leur assurant participation, promotion et protection. Mais je pense qu’il faut commencer d’abord par activer le Conseil consultatif de la jeunesse et l’action associative. Il s’agit aussi de changer le cadre juridique de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences, de développer ses parcours de travail en créant des incubateurs économiques au sein des maisons des jeunes dans les différentes régions marocaines et en élargissant le champ de leurs travaux, sous la supervision directe du Chef du gouvernement, afin de rechercher les moyens d’assurer l’intégration économique des jeunes. Autre mesure qui me semble importante à prendre : développer le travail de l’Institut national de la jeunesse et de la démocratie en lui donnant une dimension régionale pour réhabiliter le travail politique et former de jeunes démocrates et politiciens capables de développer la pratique politique au Maroc. Enfin, j’estime qu’il est primordial de développer des universités nationales ouvertes, capables de produire des sciences et des connaissances.

Un nouveau modèle de développement est en gestation. Pensez-vous que les jeunes soient impliqués dans cette réflexion ? Quelle place ce nouveau modèle doit-il réserver aux jeunes ?
Le gouvernement parallèle des jeunes a été parmi les premières structures à avoir travaillé sur des propositions pertinentes pour le nouveau modèle de développement où on a insisté sur la nécessité de l’implication des jeunes dans la phase de la réflexion. Nous avons assumé pleinement notre responsabilité en tant GPJ et on a travaillé sur un mémorandum relatif au modèle de développement, axé sur le développement économique, le renforcement de la gouvernance, la connaissance et l’intelligence artificielle, ainsi que l’amélioration des services sociaux et environnementaux et le développement durable, la promotion du développement territorial et de la place de la jeunesse dans les politiques publiques.

Quel est votre message pour les jeunes Marocains ?
Une maxime formidable me tient à cœur, «la meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer». Certes, la réalité est très compliquée aujourd’hui avec l’impact de la pandémie, mais nous devons voir le monde autrement avec beaucoup d’espoir et de positivité, et cela ne peut se faire qu’avec une jeunesse compétente et persévérante. 

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