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Enseignement en présentiel ou à distance, les parents n’arrivent toujours pas à se décider

Quand il faut choisir entre la santé ou l’éducation et la vie sociale de son enfant, prendre une décision n’est certainement pas une épreuve facile pour les parents. Pourtant, les familles seront obligées de faire un choix dans les prochains jours entre les cours en présentiel ou à distance.

Enseignement en présentiel ou à distance,  les parents n’arrivent toujours pas à se décider

Après des semaines d’attente, le ministère de l’Éducation nationale a finalement annoncé, samedi dernier, sa décision de maintenir la date de la rentrée au 7 septembre en donnant le choix aux familles de décider du mode d’enseignement de leurs enfants, en présentiel ou à distance. Depuis, tout le monde en parle. Dans les foyers, dans les lieux publics, sur les réseaux sociaux, la rentrée scolaire est depuis quelques jours le sujet de toutes les discussions. Il faut dire que cette décision n’était pas vraiment celle que les parents attendaient, car elle les met face à un dilemme difficile : choisir entre la santé ou l’éducation de leurs enfants. «Je trouve qu’il s’agit d’une décision “cruelle” pour nous en tant que parents. Comment peut-on mettre le sort de nos enfants entre nos mains de cette façon ? L’État nous demande d’assumer une responsabilité qui lui imcombe !» fustige Mehdi, père de deux enfants au primaire. «D’un côté, nous constatons que la situation épidémiologique au Maroc ne cesse de s’aggraver ces derniers temps, ce qui nous pousse à vouloir garder nos enfants à la maison. Mais d’un autre côté, nous sommes conscients qu’il s’agit de leur éducation et que rien ne peut remplacer les cours en présentiel. Pour moi, le fait de nous donner le droit de choisir entre les deux options est comme un cadeau empoisonné», ajoute Rania, mère de deux filles. 
De son côté, Said Kachani, président de la Confédération nationale des associations des parents d’élèves au Maroc (CNAPEM), a déclaré récemment à la MAP que le ministère a pris une décision en déphasage avec la gestion positive dont il avait fait preuve au début de la crise. «La situation épidémique oblige, parfois, la prise de décisions insoupçonnées, mais celle-ci a pris tout le monde de court. Le report de l’examen du baccalauréat régional sans la détermination d’une date ultérieure précise est complètement désapprouvé par les parents d’élèves. Et l’attribution de la responsabilité du choix entre l’enseignement à distance ou en présentiel aux parents est impraticable et porte atteinte au principe de l’égalité des chances. Il faut penser à instaurer une solution d’alternance entre l’enseignement en présentiel et à distance pour l’ensemble des élèves pour ne pas mettre les parents devant ce dilemme», a-t-il souligné.
Les familles s’inquiètent et partagent leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux. De nombreux sondages ont été lancés par les parents pour s’aider les uns les autres à prendre une décision. Mais pour l’instant, rares sont ceux qui ont pu trancher. La majorité des parents n’arrivent toujours pas à se décider et attendent les prochains jours, espérant qu’il y aura de nouveaux rebondissements qui les aideront à y voir plus clair et à faire le bon choix. 


Enseignement en présentiel : les parents appelés à remplir un formulaire

Le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a appelé les familles d’élèves désireux d’accéder à l’enseignement en présentiel, dans les établissements publics et privés au titre de l’année scolaire 2020-2021, à remplir le formulaire dédié à cet effet dès le premier septembre prochain.
Ce formulaire à signer permet de fournir des informations comme le nom et le prénom du signataire, le numéro de sa Carte d’identité nationale, sa qualité (mère, père ou tuteur), en plus des informations concernant l’élève, notamment ses nom et prénom, l’identifiant Massar, l’établissement scolaire, le niveau d’étude et la direction provinciale.
On peut lire sur le formulaire : «Je souhaite que ma/mon fille/fils puisse bénéficier de l’enseignement en présentiel et m’engage en faveur d’un strict respect du protocole sanitaire et de l’organisation pédagogique de l’établissement».
Le formulaire est accessible via le service «Waliye» fourni par le système «Massar» ou auprès de l’établissement scolaire de l’élève concerné, à partir du premier septembre 2020.


Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et présidente de l’Association marocaine des maladies  auto-immunes et systémiques

«Le choix entre le présentiel et le distanciel est très difficile à faire et il n’y a que de mauvaises solutions. D’un côté, garder son enfant à la maison risque encore plus de le désocialiser et d’entraver son éducation, surtout quand il est issu d’un milieu pauvre où il ne peut pas vraiment compter sur une aide éducative. D’un autre côté, l’envoyer à l’école fait courir le risque qu’il contamine les personnes de son entourage, et en particulier les personnes “à risque” (personnes âgées de plus de 65 ans, obèses, diabétiques, hypertendues...), car il est pratiquement impossible de garantir à tout instant le respect des gestes barrières. Les parents s’ils sont en bonne santé ne peuvent assumer ce choix d’envoyer les enfants à l’école avec “sérénité” que s’ils peuvent s’abstenir alors, eux et leurs enfants, de côtoyer leurs proches à risque. Une décision malaisée à prendre dans beaucoup de familles où cohabitent plusieurs générations. Je pense que le ministère aurait dû prendre la décision de reporter la rentrée en octobre, car nous sommes en plein dans la phase de flambée épidémique et nous ne verrons plus clair que dans le courant de septembre sur l’évolution de la situation, et cela même si on sait que le risque pour les enfants en bonne santé d’avoir une forme grave de la maladie est infime et qu’ils seraient en soi peu vecteurs de la transmission du Covid-19 d’après beaucoup d’études, mais toujours à prendre avec précaution dans la réalité d’un contexte particulier, par exemple de forte densité de population. Au final, je pense que le “présentiel” est possible et même souhaitable, si notamment les parents ne peuvent aider vraiment leurs enfants dans leurs parcours éducatifs ou qu’ils travaillent tous les deux, mais à condition alors que parents et enfants de la même cellule familiale se “sous-confinent” autant que possible à l’égard de l’entourage».

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