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Engagée dans le débat mondial pour le progrès social, et afin de contribuer à identifier des pistes d’actions pour s’attaquer activement aux défis majeurs de nos sociétés, tels qu’ils sont identifiés par les Nations unies et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Fondation Thinkers & Doers place l’édition 2020 des États généraux sous le signe de l’action. Près de 250 penseurs et acteurs du monde économique, politique, académique et de la société civile seront réunis à Essaouira pour échanger et élaborer des recommandations à destination aussi bien du monde politique, que des grandes entreprises et des acteurs du changement. «En tant que membre du réseau Global Compact Leader de l’ONU et membre de la coalition Business for Inclusive Growth de l’OCDE, l’édition des États généraux 2020 servira de tremplin aux réunions internationales pour le calendrier mondial des acteurs économiques et décideurs internationaux», note un communiqué de la fondation.
Motivée par une croyance profonde que la réponse aux Objectifs de développement durable (ODD) doit être collective, et pour accélérer la mise en œuvre de programmes à impact, Thinkers & Doers propose aux entreprises engagées dans des programmes #ForPlanet #ForPeople, ainsi qu’aux institutions partenaires de participer aux Coalitions d’actions issues des recommandations d’Essaouira. Les entreprises ont effectivement un rôle central à jouer pour faire basculer des modèles économiques qui ne répondent plus à l’idéal d’une prospérité partagée et pour accélérer la transition collective vers une société plus juste et respectueuse de notre environnement. La fondation compte ainsi lancer, en juin 2020, quatre coalitions qui proposent des programmes concrets sur les sujets suivants :
1. Climat & Résilience climatique : Programme baptisé Leaders for a Green New Deal. Il rassemblera les décideurs des grandes industries et les acteurs influents de la finance qui identifient et référencent des solutions à impact et proposeront des programmes luttant contre les conséquences humaines du dérèglement climatique.
2. Travail décent & Droits de l’Homme : Programme baptisé Stop Slavery. Il rassemble les corporate engagés pour le travail décent et qui mettent en place des process, des programmes permettant de lutter contre le travail des enfants, pour l’égalité des femmes, les rémunérations, etc. Ce sujet touche aujourd’hui plus 140 millions de personnes dans le monde selon l’Organisation internationale du travail.
3. Tolérance & Inclusion : Programme baptisé HoM. Ce projet mené en partenariat avec Singa, propose des incubateurs sociaux et solidaires pour les nouveaux arrivants. Via l’entrepreneuriat et la formation, ces incubateurs sont des lieux de socialité et d’innovation. L’objectif de cette coalition est de multiplier les ouvertures de ces lieux d’incubation (HoM) en Europe, en Afrique et en Amérique et de modéliser les modes de fonctionnement (licence to operate) pour que des villes, des entreprises, des collectivités puissent ouvrir.
4. Éducation & Transformation culturelle, Civic Hubs : Pour engager les sociétés dans une transition juste et répondre aux enjeux pressants d’inclusion, il est fondamental d’accompagner les décideurs et futurs décideurs à transformer leurs organisations à travers de nouvelles manières d’entreprendre, de manager, de diriger. En partenariat avec l’Insead, Princeton, le Media Lab de Sciences Po, Tinkers & Doers, accompagné du Cabinet Eranos, engage un programme de recherche et conçoit des programmes de formation qui donneront lieu à un rapport et des outils de travail pour engager la transformation d’une génération de leaders.
Entretien avec Amandine Lepoutre, présidente de la Fondation Thinkers & Doers
«Nous sommes convaincus que c’est la mise en commun des efforts des “Corporate Citizen” qui permettra la mise à l’échelle des solutions»
Management et Carrière : Une nouvelle édition, de nouveaux défis. Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre cette aventure ?
Amandine Lepoutre : Nous avons créé à Essaouira un rendez-vous annuel avec les membres du réseau Thinkers & Doers et les entreprises engagées pour la transition écologique et sociale qui nous permet chaque année de faire le bilan de nos programmes et de définir les actions qui sont menées pour accélérer la lutte contre les inégalités. Les États généraux des entreprises citoyennes ont des résultats très concrets et le fait de pouvoir se réunir, travailler ensemble pendant 3 jours dans la ville d’Essaouira est une des conditions pour réussir à mener efficacement nos actions.
Quel bilan faites-vous des éditions précédentes et quelles seront les priorités cette année ?
Lors des précédentes éditions, la Déclaration d’Essaouira-Mogador a permis de poser un cadre méthodologique clair : qu’est-ce qu’une entreprise citoyenne et quels sont les outils du dialogue avec les institutions, les citoyens. Ce document partagé avec nos partenaires (OCDE, Global Compact Leaders des Nations unies et la French Tech) a permis de faire de Thinkers & Doers un réseau qui compte pour toutes nos entreprises membres et d’avoir des moments privilégiés de dialogue, de travail avec ces institutions. L’année dernière, nous sommes devenus signataires du Global Compact Leaders lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, suite à la présentation de notre rapport préparé lors des États généraux. Cette étape nous a permis de renforcer le cadre de travail et l’agenda dans lequel nous menons nos actions : celui des 17 ODD définis dans l’Agenda 2030 des Nations unies.
Cette année, nos priorités sont d’accompagner les organisations dans leur transformation pour que leurs actions conjuguées puissent permettre d’amplifier l’impact et d’accélérer la mise en œuvre de solution. Nous sommes convaincus que c’est la mise en commun des efforts des «Corporate Citizen» qui permettra la mise à l’échelle des solutions. À ce titre, nous lançons des Coalitions for Action. Des groupes d’acteurs qui, ensemble, ont fait le choix de travailler et de financer des causes pour les mettre à l’échelle, pour leur faire passer plus rapidement un cap de développement qui permet l’impact sur le terrain. Localement et internationalement.
Les actions de Thinkers & Doers vont de pair avec les ODD de l’Agenda 2030. Comment concrétisez-vous ce partenariat ?
Faire partie du Global Compact Leaders nous oblige et nous rend comptables des engagements pris sur les sujets de l’économie inclusive, de travail durable, de l’égalité, de la lutte contre le réchauffement climatique ; nous engageons dans ce sens des actions concrètes : des cercles de réflexion et d’expertises (comme l’«Equality for Growth» Circle, le groupe d’experts «20.30 Experts») et des cercles d’actions (les Coalitions for Action). Nous travaillons également avec nos partenaires Eranos, Ashoka et Sciences Po pour réaliser une topographie du changement : une carte qui permet aux organisations de piloter leurs parcours de transformation et de savoir comment s’engager concrètement dans la transition écologique et sociale. Cet outil méthodologique est en cours de construction et nous pensons pouvoir le présenter lors des États généraux et lors de la prochaine réunion des Global Compact Leaders justement.
Le Maroc a lancé un grand projet de refonte de son modèle de développement en misant sur l’humain. Quelle lecture faites-vous de cette étape stratégique pour le pays ?
Nous avons suivi avec attention ce projet. Je pense que la Commission et les acteurs qui travaillent sur ce sujet au Maroc sont encore en cours de réflexion. Nous avons hâte de prendre connaissance de leurs conclusions, de leurs grandes orientations. Les organisations et les gouvernements qui mettent au cœur de leur modèle de développement l’humain sont ceux qui ont déjà anticipé les prochaines étapes de nos sociétés. C’est une démarche très moderne, très prospective. Depuis la création de Thinkers & Doers il y a 7 ans, nous rassemblons les acteurs économiques sous la bannière «Economy for Humanity». Nous sommes convaincus que c’est la seule stratégie qui permettra de faire émerger de nouveaux modèles, justes et durables.
