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Faouzi Skali : «La forme digitale contribuera, d’une façon vivante, à préserver et développer un patrimoine soufi de premier plan»

Le 13e Festival de Fès de la culture soufie s’est achevé hier. Auparavant, il a pu livrer pendant une dizaine de jours toute une programmation où le soufisme était le maître mot, suscitant le déroulement de tables rondes, masterclass, contes, chants, musiques… Une édition virtuelle qui a relevé le défi pour dire que rien n’est impossible si on a l’ambition et la volonté.

Faouzi Skali : «La forme digitale contribuera, d’une façon vivante,  à préserver et développer un patrimoine soufi de premier plan»
Faouzi Skali.

Dans la foulée des multiples rubriques programmées pour cette année, les masterclass ont constitué un point essentiel et se sont focalisées sur des thématiques aussi intéressantes les unes que les autres, notamment celle sur «Les jardins de la transmission», animée par  Abderazzak Benchaabane. Elle fut un savant mélange de savoir académique et empirique, né de son expérience de paysagiste, de parfumeur et de professeur d’université. Après cette invitation à la découverte des jardins dans la culture soufie et de notre jardin intérieur, le munchid Ahmed Saher a pris le relais pour un atelier inédit de chant spirituel du samaa, où il a choisi un répertoire de chants consacrés au Prophète (que le Salut de Dieu Soit sur lui) à l’occasion du Mawlid An-Nabawwi. Ces deux dernières masterclass du festival ont été devancées par celles présentées par Jean During, Rumi-Kudsî-Erguner, Leili Anvar, Denis Gril, Françoise Atlan et Faouzi Skali.
À ce propos, le président du Festival, Faouzi Skali précise que «les masterclass représentent l’un des aspects les plus riches et prometteurs de cette transmission digitale qui exprime la mise en œuvre des nouvelles technologies au service de la préservation et du développement d’un patrimoine vivant. Il y a aujourd’hui un grand nombre d’experts qui se trouvent dans différents lieux du monde et parfois bien loin de leur lieu d’origine. En raison notamment des troubles connus par de nombreux pays de l’aire culturelle musulmane depuis quelques décennies». Et d’ajouter que «ces personnes, qu’on appelle des “Trésors vivants”, peuvent donc à nouveau, là où ils sont, transmettre leur art à des “Apprentis” qui peuvent se trouver en même temps en différents endroits du monde. Ce qui contribue d’une façon vivante à préserver et développer un patrimoine artistique, intellectuel et spirituel de premier plan. L’expérience de cette année, avec à chaque fois des masterclass d’une soixantaine de personnes inscrites, a été tout à fait concluante et constitue donc le prélude au lancement de ce projet.»
Par ailleurs, le choix des cafés littéraires «Un Océan d’encre» a suscité l’intérêt de nombreux festivaliers et professionnel en la matière, notamment avec Eric Geoffroy sur la Transmission au féminin, puis avec l’islamologue Tayeb Chouiref qui a présenté l’ouvrage remarquable du professeur William Chittick  «La doctrine soufie de Rûmî». Ce dernier, dont l’héritage soufi fut sollicité, à plusieurs reprises, dans cette édition, à travers des conférences, des masterclass et des tables rondes, dont celle avec Naila Hayat Noon où elle s’est interrogée sur la pensée du philosophe Muhammad Iqbal, ses influences, notamment celle de Rûmî, et son enseignement pour le monde d’aujourd’hui.
Pour la rubrique «Instant d’écoute» autour des Sagesses de Joha, avec Amal Ayouch et Younes Lahiaoui, elle fut très bien accueillie, grâce au talent de la comédienne et à l’humour avec lequel elle a conté les pépites de sagesse du célèbre Joha. Elle fut accompagnée par Younes Lahiaoui qui a proposé des commentaires inspirés des parutions dans «Nafs» magazine de Faouzi Skali.
«Le thème cette année est l’art de la transmission. Parmi ces arts il y a celui de l’humour et la forme populaire qu’il peut prendre par des petites histoires qui peuvent sembler à priori puériles, mais qui recèlent en vérité de grandes sagesses et des enseignements spirituels. C’est ce que nous avons actualisé sous forme théâtrale avec l’actrice Amal Ayouch et Younes Lahiaoui par des capsules vidéos où chaque histoire de Joha «jouée» par Amal Ayouch est commentée dans cette perspective spirituelle pat Younes Lahiaoui. C’est le fameux personnage du sage caché derrière celui du bouffon, dont on trouve plusieurs similarités ailleurs, particulièrement le personnage de Nasruddine en Turquie qui est l’équivalent de notre Joha national», explique Faouzi Skali.
Le dernier jour du festival a été également une opportunité pour faire une synthèse du festival et sa plateforme Sufi Heritage. Et ce suite à une ultime halte dans un haut lieu du soufisme, le Niger, avec le professeur Salamatou Sow à la découverte du peuple peul et de la transmission du soufisme. La soirée fut clôturée avec un très beau documentaire sur le soufisme en Afrique réalisé par Ahmed Lakhlii pour Medi 1 TV où, entre autres, il a évoqué l’historique de Fès la séculaire et les éminents soufis qui y ont élu domicile, depuis Moulay Idriss Al Azhar, puis les icônes du soufisme qui s’y sont succédé et laissé un héritage soufi inestimable.
Selon le président du Festival de Fès de la culture soufie, «cette édition a constitué une rampe de lancement de cette plateforme intitulée «Sufi Heritage» qui comptera, outre cette diffusion permanente par streaming, de nombreux sujets liés au soufisme à travers le monde et les masterclass, la création d’un fond documentaire pour la digitalisation du patrimoine culturel soufi, que ce soit sous forme écrite (particulièrement des manuscrits rares ou vulnérables) ou audiovisuelle, notamment pour la préservation des arts vivants. 

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