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«Il faut une bonne dose de représentativité de notre championnat en équipe nationale A»

À une semaine du début du stage de préparation de l’équipe nationale des joueurs locaux au CHAN 2020, Houcine Ammouta se confie au «Matin» et revient sur sa nomination à la tête de la sélection nationale. Il raconte les coulisses de ses échanges avec le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa. Ammouta dévoile aussi le programme de préparation de l’équipe nationale au CHAN. Il revient également sur l’annulation du stage qu’il avait prévu d’organiser le 9 février dernier, sur les adversaires du Maroc, sur ses craintes et ses ambitions.

«Il faut une bonne dose de représentativité de notre championnat en équipe nationale A»

Le Matin : Quel est le programme de l’équipe nationale des joueurs locaux qui va bientôt entrer en stage de préparation pour le CHAN ?
Houcine Ammouta
: Le stage de préparation de l’équipe nationale A’ pour le CHAN débutera le lundi 16 mars au Centre Mohammed VI de football de Maamora. L’équipe nationale enchaînera avec un autre stage au Gabon du 21 au 27 mars. Celui-ci sera ponctué par deux matchs amicaux.

Quels seront alors les deux sparring-partners des Lions de l’Atlas ?
On jouera contre le Burkina Faso et le Congo. Après ces deux matchs, on rentrera au Maroc le 27 mars. Les joueurs bénéficieront de 36 heures de repos pour leur permettre d’aller voir leurs familles. On reprendra les entraînements le lundi 30 mars au Centre national de football. Ce stage se poursuivra jusqu’à jeudi 2 avril, date du départ pour le Cameroun.

À la lumière du programme que vous venez de dévoiler, la préparation va débuter à Maâmora, il y aura ensuite le départ pour le Gabon, puis le retour au Maroc, avant de l’envol pour le Cameroun. Ce programme n’est-il pas usant pour les joueurs ?
La dernière fois où j’ai rassemblé dans un stage à la fois les joueurs du Raja, du WAC, de la RS Berkane et du Hassania remonte à quatre mois. Il est donc nécessaire que je reprenne contact avec eux. Les nouveaux joueurs que j’ai ajoutés à la liste n’ont pas disputé le moindre match amical. Il est donc nécessaire qu’ils disputent quelques matchs avec des équipes africaines avant le départ au Cameroun. J’ai opté pour Libreville, capitale du Gabon, parce qu’il y règne un climat similaire à celui de Douala, avec le même taux d’humidité. Je pense que les six jours que nous allons passer au Gabon seront bénéfiques. 
Il ne faut pas oublier que j’ai demandé d’ajourner les matchs de mise à jour qui étaient programmés le 18 mars afin de pouvoir reposer un peu les joueurs. Durant la première semaine du stage de préparation, on va mettre les joueurs au repos, puisque le Centre est équipé de matériel médical qui va les aider à retrouver leur fraîcheur physique. On va également durant cette semaine travailler sur le mental des joueurs afin de les faire entrer dans la compétition. Je pense que le meilleur programme est celui que nous avons arrêté. On ne veut pas se déplacer au Cameroun une semaine avant le début de la compétition, car nous avons l’ambition de rester là-bas jusqu’au dernier jour.

Vous avez dit que vous n’avez pas rassemblé les joueurs du RCA, du WAC, de la RSB et du HUSA depuis quatre mois. Pourquoi alors avez-vous annulé un stage qui était prévu le 9 février ? Est-ce que cela n’aura pas de répercussions sur la préparation de l’équipe nationale ?
C’est vrai que j’ai annulé ce stage. J’ai même annulé plusieurs autres que j’avais prévu d’organiser, mais que je n’avais pas encore annoncés. J’avais l’ambition de réunir souvent les joueurs pour travailler avec eux. Mais le calendrier des équipes engagées dans les compétitions africaines et arabes était hyper chargé. Même quand ces équipes précitées étaient au Maroc, elles devaient disputer des matchs de mise à jour avec souvent des déplacements lointains. Je ne voulais pas organiser un stage de deux jours dans lequel les joueurs n’apprendront pas grand-chose. C’est pour cela que j’ai annulé ce stage. 
C’est vrai que le contact avec les joueurs nous manque, ne serait-ce que toutes les deux ou trois semaines, pour faire le rappel les choses tactiques et techniques, mais malheureusement la programmation a été dure pour l’ensemble des clubs. On n’a pas trouvé de moment dans le calendrier pour insérer ce stage.

L’annulation du stage ne serait-elle pas due au refus de certains clubs de libérer leurs joueurs, faisant ainsi passer leurs propres intérêts avant ceux de l’équipe nationale ?
Je ne le pense pas. J’ai programmé ce stage parce que je croyais qu’une journée allait être reportée. Mais la commission de programmation n’a pas pu le faire parce qu’elle avait des difficultés énormes. Je me suis réuni avec eux pendant deux jours pour trouver un moment propice pour organiser le stage, mais on n’a pas réussi à trouver une période pour le faire et j’ai décidé de l’annuler.

Quels sont les joueurs sur lesquels vous allez vous appuyer lors de ce CHAN ?
C’est difficile de citer les 23 joueurs. Il n’y aura pas de grandes surprises dans la liste. Le noyau de l’équipe est connu depuis notre match face à l’Algérie, gagné par 3 à 0. 
Le rendement des joueurs lors de ce match était au top. L’ossature est là, elle sera alimentée par quelques joueurs qui se sont distingués lors des derniers rassemblements de l’équipe nationale.
Quels sont les joueurs qui vous ont convaincu lors de ces stages et qui frappent à la porte de l’équipe nationale ?
Il y a Mohamed Mekhazni qui a rejoint le Raja, Ismaël Khafi du Mouloudia d’Oujda, Abdellah Khafifi d’Oujda, Anas Bach et Réda Jaadi du FUS, Mohamed Amesif. Il y a une liste élargie de 40 joueurs sur laquelle on travaille. Elle sera réduite à 23 ou 24 joueurs.

Pouvez-vous quand même nous donner cinq ou six joueurs qui seront dans cette liste ?
C’est impossible. Je ne peux pas privilégier un joueur plutôt qu’un autre. 
Ceux qui seront sélectionnés seront les plus performants avec leurs clubs.

Combien de joueurs ayant participé à l’édition 2018 du CHAN feront partie de votre liste ?
Je pense que tous les joueurs qui étaient avec Jamal Sellami et qui ont réussi un bon CHAN seront présents dans ma liste. À l’exception de deux ou trois joueurs, en raison de leur méforme. Il faut juste savoir que le rendement des joueurs en 2018 ne sera pas le même en 2020. Globalement, tous les joueurs qui se sont distingués en 2018 seront avec nous.

Dans votre relation avec les joueurs et lors de vos échanges avec eux, n’avez-vous pas senti une sorte de frustration chez eux du fait qu’ils sont tout juste des joueurs de l’équipe nationale des locaux et non pas de l’équipe nationale A ?
C’est un peu vrai ce que vous dites. L’objectif de ma nomination à la tête de l’équipe nationale des joueurs locaux est de faire passer un cap aux joueurs locaux. Lors des négociations de mon contrat avec le président de la FRMF, il m’a dit qu’il fallait les joueurs de la Botola soient représentés en équipe nationale A. Il faut une bonne dose de représentativité de notre championnat. C’est sur cet aspect que nous travaillons. Notre objectif n’est pas l’équipe nationale A’ en soi, mais faire passer un cap à ses joueurs pour qu’ils puissent prétendre à une place en équipe nationale A. Il faut que l’on continue à travailler dessus. Depuis mon premier contact avec les joueurs, j’ai essayé de fixer les objectifs, tant avec les joueurs qu’avec leurs clubs, pour arriver chez les Lions de l’Atlas. Je pense qu’après le rendement de l’équipe nationale face à l’Algérie, cinq à six joueurs peuvent prétendre à l’équipe nationale. J’essaye toujours de collaborer avec le sélectionneur national Vahid Halillodzic pour avoir une représentativité de la Botola au sein de la sélection nationale A. J’espère que cette coordination se maintiendra longtemps. Je mets toujours la pression sur les joueurs en les incitant à beaucoup travailler pour prétendre postuler chez les Lions de l’Atlas.

Vous avez dit que Fouzi Lekjaa vous a demandé d’assurer la représentativité de la Botola en équipe nationale. Est-ce qu’il vous a fixé un pourcentage bien défini ?
C’est frustrant. Jusqu’aux années 1990, même les joueurs professionnels étaient des joueurs de la Botola qui sont partis en Europe. Il est difficile pour moi, en tant qu’entraîneur, ou pour le président de la Fédération de fixer un pourcentage. Nous ne maîtrisons pas de tous les paramètres. La volonté du joueur est primordiale. Celui qui veut percer, il percera parce qu’il va travailler dur pour y arriver. Nous, on est là pour l’aider et lui faire passer le cap. Mais s’il n’a pas la volonté, on ne pourra rien faire.

Avez-vous tenu une réunion avec Vahid pour échanger à propos de la préparation au CHAN et surtout pour lui demander de mettre à votre disposition les joueurs de la Botola qu’il a l’habitude de convoquer chez les A, afin que vous puissiez préparer sereinement ce rendez-vous footballistique continental ?
La première semaine, j’aurai l’ensemble des joueurs, parce que la date FIFA commence le 21 mars et se termine le 30 du mois. Ils vont donc s’entraîner avec moi lors de la première semaine.

Vont-ils rester où rejoindre Vahid ?
Vous savez, la priorité est donnée à la sélection nationale A, qui a deux matchs officiels contre la Centrafrique comptant pour les éliminatoires de la CAN 2021. Et comme j’ai dit tout à l’heure, l’objectif principal est que la Botola soit représentée chez les Lions de l’Atlas. Si je voulais être égoïste, je prendrais l’ensemble des joueurs. Mais comme je veux le bien des joueurs eux-mêmes, je préfère en avoir quatre ou cinq en équipe nationale A, parce que les dates FIFA se terminent le 30 mars. Ils pourront ensuite nous rejoindre, parce que le départ pour le Cameroun est fixé pour le 2 avril. Ce passage en équipe nationale A pourra booster le moral des joueurs convoqués. J’espère même que certains d’entre eux seront alignés lors de la double confrontation face à la Centrafrique.

Avez-vous une idée sur les adversaires du Maroc dans ce CHAN ?
Je travaille avec mon staff. On a réuni un certain nombre d’informations sur nos adversaires. On a des vidéos des matchs que nos adversaires ont disputés. On a même leur programme de préparation. Mais même si on n’avait pas des informations sur nos adversaires, le plus important est que notre équipe soit au rendez-vous. On m’a souvent dit que notre groupe était facile, mais il n’existe aucun groupe ni équipe facile. Le résultat d’un match est déterminé par les efforts que font les joueurs sur le terrain. Le CHAN de 2018 n’est pas celui de 2020. Il faut qu’on réponde présent physiquement, techniquement, mentalement et tactiquement pour aller le plus loin possible.

Sur nos trois adversaires, quel est le plus redoutable ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Tous les matchs sont difficiles. Remporter le premier match est très important parce que l’équipe emmagasine de la confiance, mais il n’est pas décisif. Si vous perdez le second match, le troisième est décisif. Le meilleur scénario est de respecter nos adversaires et de procéder match par match. On a un groupe conscient de la responsabilité. On a le soutien de la FRMF et du public. Parmi les autres points positifs, il y a la qualification du Raja, du WAC, du Hassania et de Berkane aux demi-finales des Coupes africaines. Les joueurs sont enthousiastes à l’idée de réaliser un excellent CHAN. J’espère qu’on n’aura pas de blessés au cours de la compétition.

Il se murmure que cette édition du CHAN serait la dernière. Êtes-vous pour ou contre l’annulation de cette compétition ?
Je pense que les avantages de ce CHAN sont plus nombreux que ses inconvénients. Le CHAN est devenu une vitrine pour le joueur local. Le CHAN le pousse à travailler davantage pour devenir international. Si on revient à la manière dont se préparait la sélection nationale il y a 20 ans, on découvre qu’il y avait des stages de préparation durant toute l’année et non pas uniquement lors des dates FIFA, comme aujourd’hui. Les joueurs qui devenaient professionnels participaient à ses stages tout au long de l’année. Les clubs ne se plaignaient pas à l’époque, parce que leurs joueurs s’entraînaient du lundi au vendredi et retournaient dans leur club samedi, et le niveau était très élevé. Le CHAN ouvre également la voie aux joueurs pour devenir professionnels à l’étranger, parce qu’ils sont suivis par des scouts des clubs européens. J’espère que la CAF maintiendra cette compétition. 

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