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Les faux médicaments inondent marchés de rue, pharmacies et hôpitaux

Le trafic de faux médicaments, c’est-à-dire «falsifiés ou de qualité inférieure», est responsable de plus de 100.000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé. En juillet dernier, 67,8 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits, saisis entre juin 2018 et juin 2019, ont été brûlés à Lomé.

Les faux médicaments inondent marchés de rue, pharmacies et hôpitaux
Sept chefs d’État africains (Togo, Congo-Brazzaville, Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie) se réuniront samedi prochain pour signer un accord international criminalisant le trafic de faux médicaments actuellement vendus dans la rue. t Ph. AFP

Après avoir enchaîné un paludisme et une typhoïde, Ayawo Hiévi pensait être au bout de ses peines grâce aux médicaments prescrits par un médecin de Lomé. Mais ce Togolais ne se doutait pas que le traitement serait pire encore et qu’il perdrait l’usage de ses reins. C’était en 2015, dans un petit centre médical de son quartier. «Après quatre jours de soins, j’ai commencé à sentir des douleurs dans le ventre», explique à l’AFP le couturier de 52 ans. 

Deux semaines plus tard, il a dû être hospitalisé en urgence au CHU de Lomé. «La quinine et l’antibiotique utilisés pour me soigner dans le cabinet médical étaient de faux médicaments et ont abîmé mes reins». Le drame de ce couturier est loin d’être un cas d’exception. Le trafic de faux médicaments, c’est-à-dire «falsifiés ou de qualité inférieure», est responsable de plus de 100.000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

 Le phénomène existe dans le monde entier, mais 42% des faux médicaments saisis depuis 2013 l’ont été sur le continent africain. À Lomé, à Cotonou au Bénin ou à Lagos au Nigeria, la plupart des médicaments sont écoulés sur les marchés en plein air, souvent sur des bâches en plastiques posées au sol. «Il est très difficile de tracer les faux médicaments vendus dans la rue», explique à l’AFP le Dr Innocent Koundé Kpéto, président de l’ordre national des pharmaciens du Togo. En juillet, 67,8 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits, saisis entre juin 2018 et juin 2019, ont été brûlés à Lomé. Une saisie record de 200 tonnes de faux médicaments a été réalisée mi-novembre à Abidjan par la gendarmerie ivoirienne et quatre suspects, dont un ressortissant chinois, ont été arrêtés. Mais malgré ces efforts récents, les saisies montrent que «le phénomène reste important» et implique «des réseaux criminels très organisés» selon le Dr Kpéto. La Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM) estime qu’un investissement de 1.000 dollars peut générer 500.000 dollars de profits, ce qui rendrait les faux médicaments plus rentables que la plupart des stupéfiants. Or, faute de législation spécifique, le trafic de faux médicaments est souvent considéré comme un simple délit de contrefaçon et les peines atteignent quelques mois d’emprisonnement tout au plus. Sept chefs d’États africains (Togo, Congo-Brazzaville, Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie) se réuniront samedi prochain pour signer l’Initiative de Lomé, un accord international criminalisant le trafic de faux médicaments. 

Le Togo est d’ailleurs un des pays pionniers à avoir modifié son code pénal dès 2015. La peine encourue par les trafiquants y est désormais de 20 ans de prison et de 50 millions de francs CFA d’amende (76.200 d’euros). 

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