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La fracture numérique l’emporte sur les bonnes intentions

Malgré les grands efforts et les bonnes intentions de toutes les composantes du secteur de l’éducation et de l’enseignement nationaux afin de réussir l’enseignement à distance en ce temps de pandémie Covid-19, les disparités en termes d’accès à Internet, aux téléphones et autres ordinateurs rendent la tâche difficile.

La fracture numérique l’emporte sur les bonnes intentions

«Nos enfants sont les grands perdants. Il n’y a pas d’études pour eux cette année», affirme Abdelkabir, père de quatre enfants, vivant au douar Zrog dans la région d’Azemmour. «C’est également le cas de tous les enfants du douar. Nous les parents, nous avons beau fait de notre mieux pour leur fournir téléphones, tablettes et connexion à Internet, mais cela reste couteux et surtout compliqué», se désole Abdelkabir. 

Même son de cloche chez Laarbi, de douar Mzoura dans la région du Gharb. Selon lui, la plupart des enfants de son village n’ont ni ordinateurs, ni tablettes, ni téléphones, ni connexion à Internet. Et même quand la connexion existe, le débit est très faible et gêne le déroulement des cours. Pis encore, même les cours télévisés ne sont pas toujours aisés à suivre pour plusieurs enfants, qui n’ont même pas la télévision. «Bref, il n’y a pas d’étude en ce moment. Les enfants se contentent de gambader dans les champs», affirme Laarbi.

Le constat est inquiétant quant à la réussite de l’enseignement à distance prodigué en ce temps de confinement sanitaire obligatoire à cause de la pandémie Covid-19. Certes, les élèves citadins sont quand même mieux lotis que leurs camarades ruraux en termes de moyens et d’outils de connexion. Les élèves des écoles privées sont aussi généralement mieux outillés que ceux des écoles publiques, mais le bilan général reste faible, vu qu’en termes de volume, l’enseignement public au Maroc l’emporte de loin face à l’enseignement privé. Et ce malgré les grands efforts et les bonnes intentions de toutes les composantes du secteur de l’éducation et de l’enseignement nationaux.  Ce constat alarmant inquiète également l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), qui souligne que 826 millions d’élèves et d’étudiants, tenus à l’écart des salles de classe par la pandémie Covid-19, n’ont pas accès à un ordinateur à domicile et 706 millions n’ont pas l’Internet à la maison, alors que l’enseignement numérique à distance est utilisé pour assurer la continuité de l’éducation dans la grande majorité des pays.

Selon une note de l’ONU Info, les disparités sont, logiquement, particulièrement marquées dans les pays à faible revenu, notamment en Afrique subsaharienne où 89% des apprenants n’ont pas accès aux ordinateurs familiaux et 82% n’ont pas l’Internet. En outre, environ 56 millions d’apprenants vivent en des lieux non desservis par les réseaux mobiles, dont près de la moitié en Afrique subsaharienne.

Recours à la radio et télévision communautaires

«La poursuite de l’enseignement et de l’apprentissage ne peut se limiter aux moyens en ligne. Pour réduire les inégalités préexistantes, nous devons également soutenir d’autres alternatives, notamment le recours aux émissions de radio et de télévision communautaires, et la créativité dans toutes les formes d’apprentissage. Ce sont des solutions que nous abordons avec nos partenaires de la Coalition mondiale», indique Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.

À rappeler qu’au moins, 1,5 milliard d’élèves et 63 millions d’enseignants du primaire et du secondaire sont touchés par les perturbations causées par la pandémie Covid-19, avec la fermeture d’écoles dans 191 pays.

Même pour les enseignants des pays disposant d’une infrastructure fiable de technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’une connectivité domestique, la transition rapide vers l’apprentissage en ligne a été difficile, note l’Unesco. Pour les enseignants des régions où les TIC et les autres méthodes d’enseignement à distance sont moins disponibles, la transition a été encore plus difficile, voire impossible.

Les enseignants ont également besoin de formation pour dispenser efficacement l’enseignement à distance et en ligne, mais ce type de soutien est particulièrement rare dans les pays à faible revenu. En Afrique subsaharienne, seuls 64% des enseignants du primaire et 50% de ceux du secondaire ont reçu une formation minimale qui, souvent, n’inclut pas de compétences en TIC.

Pour Stefania Giannini, sous-directrice générale de l’Unesco pour l’éducation, ces inégalités constituent une réelle menace pour la continuité de l’apprentissage en cette période de perturbation sans précédent de l’éducation.


Internet et téléphonie mobile au Maroc

En 2019, le parc national des abonnés Internet s’est établi à 25,38 millions, enregistrant une hausse de 11,43% sur une année et un taux de pénétration de 71,33%, selon les statistiques de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT).

Le parc Internet mobile a enregistré une croissance annuelle de 11,22% pour atteindre 23,68 millions d’abonnés. De son côté, le parc 4G s’élève à 15,72 millions, enregistrant une hausse de 63,66% sur une année.

De son côté, le parc de la téléphonie mobile a atteint 46,67 millions au terme de l’année 2019, en progression de 4,31% en glissement annuel. Le taux de pénétration est de l’ordre de 131,14%.

Le parc de la téléphonie fixe, lui, s’est établi à 2,05 millions, soit un taux de pénétration de 5,77% à fin 2019.

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