Le Matin : Comment vivez-vous ce confinement sanitaire où toutes les activités cinématographiques sont suspendues ? D’autant plus qu’en ce moment vous êtes censé être en pleine préparation du Festival de cinéma de Saïdia dont vous êtes le directeur ?
Quels sont les changements qui se sont opérés dans votre vie quotidienne ?
Beaucoup ! Je crois que la vie quotidienne a changé chez 90% des gens confinés. Moi par exemple, je ne suis plus aussi actif et hyper dynamique qu’avant. Je participe moins aux activités, aux colloques virtuels… Je suis moins derrière le micro ou devant la caméra, je suis plus administratif que créatif.Arrivez-vous à travailler en ce moment ? Que vous inspire cette période ?
Oui, mais pas comme d’habitude. Mon travail à la Radio, en tant que rédacteur en chef de «Sawt El Hijra» à RTV (Utrecht-Hollande), s’est souvent déroulé via internet. On prépare les matières de notre programme à travers un agenda qu’on envoie par e-mail, puis on choisit les proposions en rapport avec l’actualité. Mais il faut dire que cette période m’inspire beaucoup, car le Ramadan et le confinement sont des facteurs qui m’aident à penser, écrire, monter une vidéo. C’est aussi une occasion pour faire de l’ordre dans mon archive administrative.Beaucoup de gens qui travaillent dans le secteur du cinéma se sont retrouvés au chômage au lendemain de l’annonce du confinement ? Y a-t-il des initiatives pour les aider à subvenir à leurs besoins ?
C’est, en effet, un grand problème que nous vivons actuellement. J’ai toujours lutté pour que les professionnels du cinéma soient les premiers à bénéficier du secteur. Malheureusement, beaucoup de ces gens sont au chômage et ils ont des obligations ou des dettes à payer, des crédits de logement, des besoins quotidiens… Les seuls qui peuvent être sauvés un peu sont ceux qui ont la CNSS. Alors que beaucoup d’autres vivent une vraie crise. Ce problème reste à résoudre à partir du Livre blanc. C’est peut-être l’occasion pour changer les choses et prendre en considération les techniciens, les free-lances, les acteurs, les comparses et même les boîtes de production qui sont en chômage depuis des années.Quel message adressez-vous aux Marocains pour sortir de ce confinement avec le moins de dégâts possible ?
Il faut savoir qu’on a fait du chemin et qu’on a gagné plusieurs batailles, mais il nous reste de gagner la guerre. Ce Covid-19 a fait tomber des milliers de gens de différents âges et de toutes les nationalités. On ne doit pas jouer avec le feu, il faut respecter les consignes et suivre les conseils des responsables de la santé, notamment la propreté, le port du masque qui est obligatoire et, bien sûr, rester chez soi, s’il n’est pas nécessaire de sortir.Biographie
Journaliste, réalisateur et directeur du festival «Cinéma sans frontières» de Saïdia, Ben Younes Bahkani est rédacteur en chef de «Sawt El Hijra» à RTV (Utrecht), aux Pays-Bas, où il a eu son diplôme du Media Académie. Bahkani a fait de nombreuses formations dans la réalisation et la mise en scène, dont celles au Centre de formation audiovisuelle à Hilversum, suite auxquelles il a réalisé plusieurs fictions et documentaires, dont «Friend» (Ami), «Ali», «Chlamydia», «Bared El Guelb», «Koud Hart», «Vieillir au loin», «Back to Ramallah»… Ben Younes Bahkani est, également, conseiller auprès de différents instituts et centres internationaux d’immigration, président de la Fondation Tawasol pour Média et Culture Pays-Bas et président de l’Association El Amal pour le développement et la cohabitation Maroc.
