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«Le Gravipack permet, grâce à ses bretelles munies d’inserts innovants, de placer le sac à dos en apesanteur sur les épaules»

Le Gravipack. Ça ne vous dit rien ? Et bien, sachez qu’il s’agit de l’unique sac à dos au monde qui vous permet d’oublier le poids lourd des charges et de vous sentir léger comme une plume même avec 20 kilos sur le dos ! Et c’est le Marocain Mohammed Errafi qui l’a créé. Le jeune inventeur explique aux lecteurs du «Matin», comment il a réussi son invention et se confie sur ses projets futurs et ses ambitions.

«Le Gravipack permet, grâce à ses bretelles munies d’inserts innovants,  de placer le sac à dos en apesanteur sur les épaules»

Le Matin : Comment avez-vous eu l’idée d’inventer le Gravipack ?
Mohammed Errafi :
Je travaillais à Casablanca et j’étais en déplacement à Paris pour une formation de 6 mois dans le bâtiment et la résistance des métaux. J’ai emmené avec moi mon épouse qui était enceinte, et j’ai eu un enfant né avec un handicap sensoriel grave. En cette période, tout est devenu compliqué, je ne pouvais plus revenir au Maroc de suite, une vie de famille compliquée organisée autour de l’enfant né non voyant : un suivi médical et une scolarité en institut privé à préparer.
En 2009, pour travailler, j’ai fait des trajets hebdomadaires avec de lourdes charges en train entre Montpellier et Paris. J’achetais de la marchandise que je revendais sur les marchés et aux commerçants. Des déplacements nécessaires pour exercer une activité professionnelle et faire vivre le foyer financièrement. J’ai éprouvé le besoin d’optimiser le poids du sac devenant douloureux sur de longs parcours. Je devais donc trouver une solution à mon problème.

Et depuis quand travaillez-vous sur cela ?
Je travaillais dur comme fer sur ce projet depuis mars 2013, j’ai mis mes économies et mon temps sur cette ambitieuse innovation mondiale.

Comment avez-vous réussi 
à concentrer la masse du sac sur le centre de gravité du corps humain ?
Je suis ferronnier d’art, je maîtrise les métaux et le travail de la forge. J’ai créé des inserts conformés que j’ai appelés Gravipack, j’ai ajouté ces inserts sur les bretelles de mes sacs à dos. Je ne réalisais pas que c’était créatif, innovant et technique, jusqu’au jour où j’ai emmené un ami pour transporter plus de marchandise. Cet ami me demande si c’est moi qui ai créé ces bretelles, comment j’ai fait, que c’est intrigant, car la charge n’est pas ressentie, la notion de poids et de douleurs n’existe pas, c’est parfaitement réparti et la posture reste droite.

Concrètement, comment expliquez-vous que le sac à dos puisse rester en apesanteur ?
C’est principalement grâce aux bretelles de Gravipack. Les bretelles innovantes sont équipées d’un insert formé comme une côte du squelette que les médecins appellent la côte «Alpha N12» qui permet un transfert de la charge plus proche du centre de gravité qu’un sac à dos lambda, sans prendre appui sur les épaules, sans toucher les clavicules et sans impacter la mobilité durant la marche. 
Avec cet exosquelette dans les bretelles, la charge est confondue avec le centre de gravité du corps humain, l’architecture corporelle reste libre et verticale, avec une posture dorsale droite et un champ visuel horizontal. C’est un dispositif médical sur le long terme grâce à ces bretelles munies d’inserts innovants, jusqu’alors inexistants sur le marché, qui placent le sac à dos en apesanteur sur les épaules. Une sensation impressionnante, même avec 20 kilos sur le dos !

Qui peut utiliser le Gravipack ?
Tout le monde peut utiliser cette invention qui vient révolutionner le port du sac à dos pour dire adieu aux épaules, clavicules et trapèzes douloureux sous le poids du sac pendant la marche en ville, la petite ou grande randonnée, ou pendant le chemin à l’école. C’est une technique innovante industrialisable à grande échelle pour un produit de grande consommation, touchant 3 segments principaux : l’écolier, le soldat et le sportif, avec des
perspectives de recherche et développement en continu. Son utilité répond à des enjeux de société stratégiques, tels que : soutenir l’emploi pour la production, renforcer le lien social en employant des personnes handicapées en inclusion, protéger le dos des écoliers, protéger les soldats contre les charges lourdes et faciliter la tâche pour les randonneurs.

Est-ce qu’il y a des modèles destinés 
spécialement aux enfants ? 

Oui, effectivement. Ces modèles sont plus petits donc plus adaptés à la taille de leurs corps. Ils ont un design différent et ils sont connectés avec possibilité de charger le smartphone.

Cette innovation a été primée plusieurs fois. Quelles sont les différentes récompenses que vous avez reçues et comment vivez-vous cela ?
L’invention est restée secrète et non dévoilée de 2013 à 2017. Pour préparer des travaux comme les brevets, une pré-étude médicale sur l’analyse du mouvement par des professeurs d’université, une étude en laboratoire scientifique cinétique et biomécanique et des tests en condition réelle par l’armée de terre et la Légion française.
En 2018, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis préparé à affronter le grand public, Gravipack a été présenté une seule fois dans un salon, j’ai participé au Concours Préfet Lépine 2018 à Paris, 583 inventeurs mondiaux y participent. J’ai obtenu la médaille d’argent de l’innovation.
J’ai également décroché la médaille d’argent de l’innovation au Concours international des inventeurs qui a connu la participation de 523 inventeurs. Au cours de cette compétition, plus de 12.000 visiteurs ont essayé les prototypes.
Le sac à dos en apesanteur a reçu aussi la médaille d’argent Invention 2018 décernée par le ministère de la Défense en France, la médaille d’argent Innovation du ministère des Armées après les essais par l’armée et il a été sacré French Tech Grand Est.  Le Gravipack est enregistré et détaillé sous quatre brevets internationaux, deux marques et deux audits avec deux cabinets différents d’avocats ont révélé que l’innovation est créative, unique et industrielle. Ce qui va permettre de créer des licences et des partenariats à l’avenir.

Quels sont justement vos projets pour l’avenir ?
Ma principale motivation est de rester entrepreneur. 

Je sais qui je suis, je sais d’où je viens, mes idées sont à la hauteur de mes ambitions et j’ai une foi inébranlable en ce que je fais avec du courage et de l’endurance.
J’aimerais avec les finances dégagées de ce projet créer un atelier de production structuré qui emploie des personnes en situation de handicap, donner du travail et donner une chance à des personnes vulnérables de s’intégrer par le travail et leur permettre de se lever le matin pour une bonne raison.
Mon ambition pour les 5 ans à venir est de vendre en Europe 1 million de sacs à dos et 10 millions d’unités dans le monde, d’avoir une assise financière pour continuer la recherche et le développement et avoir toujours plus de partenaires qui louent les licences. Cet argent pourrait permettre de créer une école pour enfants handicapés et non voyants au Maroc, un centre sportif et une colonie de vacances accueillant des enfants handicapés malvoyants et non voyants. 

Entretien réalisé par Hajjar  El Haiti

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