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Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc : L’islam du juste milieu prôné par S.M. le Roi peut être transposé à tous les sujets mondiaux

Le partenariat franco-marocain face aux nouveaux enjeux géopolitiques, la question migratoire, l’éducation-formation, la coopération économique, les défis environnementaux… Autant de sujets évoqués par l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène Le Gal, lors d’un Business Lunch organisé par l’Association pour le progrès des dirigeants sous le thème «Maroc-France : quel partenariat pour la nouvelle décennie ?» Pour la diplomate française, la convergence de vues de Rabat et Paris fait de leur partenariat un modèle unique et exemplaire.

Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc : L’islam du juste milieu prôné par S.M. le Roi peut être transposé à tous les sujets mondiaux
Photo collective des membres de l’APD avec Mme l’ambassadrice.

S’exprimant hier à Casablanca dans le cadre d’un Business Lunch organisé par l’Association pour le progrès des dirigeants (APD) sous le thème «Maroc-France : quel partenariat pour la nouvelle décennie ?», l’ambassadrice de France, Mme Hélène Le Gal, a indiqué que le Maroc et la France sont appelés à renforcer davantage leur partenariat pour faire face ensemble à la nouvelle géopolitique du monde, caractérisée par une guerre commerciale, des risques de conflit, l’émergence de régions à vocation impérialiste et les défis de sécurité, notamment au Sahel. La France et le Maroc sont des partenaires qui représentent une voix raisonnable, a-t-elle dit. L’islam du juste milieu est un concept qui peut être transposé à tous les sujets mondiaux.
Avec un franc-parler et une grande lucidité, Mme Le Gal a donné une lecture des enjeux géopolitiques et économiques qui font que le partenariat maroco-français est unique en son genre et exemplaire, car multidisciplinaire et multiforme. Reconnaissant que la question migratoire pose des problèmes en Europe et qu’elle est devenue un sujet essentiel qui bouleverse les sociétés européennes, l’ambassadrice a rappelé le rôle du Maroc en tant que pays de transit, mais aussi en tant que pays d’accueil. Au moment où d’autres pays sont dans le déni, le Maroc a réussi à gérer cette situation, a-t-elle ajouté. Les questions liées à la radicalisation et à la communautarisation sont des sujets où le Maroc a pu apporter une réponse conformément à son approche du juste milieu, raison pour laquelle des imams français sont formés à l’Institut Mohammed VI.

Éducation-formation, langue et culture
Pour Mme Le Gal, la question de la langue est essentielle dans l’employabilité. C’est à ce titre que les 13 Instituts français accompagnent les grandes réformes touchant l’éducation au Maroc. Ainsi, des programmes de formation sur mesure sont proposés aux professeurs des collèges et lycées pour assurer l’enseignement des matières scientifiques en français. Sept campus d’universités et de grandes écoles françaises sont installés au Maroc. Ils accueillent des étudiants marocains et aussi des étudiants venus des autres pays d’Afrique. Pas moins de 60.000 élèves bénéficient d’un enseignement de qualité dans les 44 établissements scolaires affiliés à l’EFE et une nouvelle ville, Oujda, vient s’ajouter aux villes qui accueillent ces établissements. Par ailleurs, l’Agence française de développement, dont le champ d’intervention a été élargi au financement de l’éducation, compte le Maroc comme premier partenaire, avec une enveloppe de 400 millions d’euros.

Relations économiques
Avec 900 entreprises et filiales de groupes français installées au Maroc et 100.000 emplois stables, la France est le deuxième partenaire économique du Maroc après l’Espagne. Le partenariat est beaucoup plus profond et gagnant-gagnant qu’on peut le penser. Mme Le Gal prend pour exemple la ligne à grande vitesse, avec le centre de formation mis sur pied à Rabat par la SNCF et l’ONCF et qui accueille pour des stages et des formations des cheminots français et subsahariens. Un deuxième exemple est la délocalisation des centres d’appel. Au départ, ce fut une délocalisation vers le Maroc, ensuite une extension de cette délocalisation vers l’Afrique subsaharienne et plus récemment une relocalisation en France au vu de certaines contraintes, comme les services liés au ministère de l’Intérieur français, aux cartes d’identité ou à des questions européennes. C’est ce modèle de complémentarités qui devrait être le moteur du partenariat d’avenir.
Mme Le Gal a par ailleurs insisté sur le renforcement des liens entre les PME marocaines et françaises, car, a-t-elle dit, si les grands groupes sont déjà actifs au Maroc, des gisements substantiels existent entre les PME des deux pays, qui peuvent investir le continent africain en mettant en commun leurs atouts complémentaires. Elle a également invité les PME marocaines à explorer des opportunités de croissance en France, tête de pont pour rayonner sur toute l’Europe.

Le Maroc, appelé à jouer à fond la carte du Green Deal
Mme Le Gal a loué ce qu’elle a appelé la diplomatie environnementale, notamment la coordination maroco-française avec l’organisation de deux COP successives. Pour elle, notre pays dispose d’un avantage concurrentiel évident au vu de ses atouts actuels et de son engagement pour une énergie verte et une économie durable. Une nouvelle commission vient d’être installée à Bruxelles (siège de l’UE) pour le projet «Green Deal», a-t-elle indiqué, et le Maroc a des complémentarités à proposer. Dès lors qu’aucun pays ne peut être dans toutes les politiques de l’UE avec un statut avancé, le Maroc aurait beaucoup à gagner en optant pour le «Green Deal», notamment en sollicitant d’être le partenaire privilégié de l’UE sur ce projet. Des budgets considérables seront alloués à ce projet qui veut faire de l’Europe un continent complètement décarboné. Le Maroc, qui a des ambitions fortes dans ce domaine, aura un avantage compétitif lorsque les réglementations européennes, qui ont déjà commencé, exigeront le respect de normes environnementales et il n’est pas à exclure que le ministre marocain de l’Environnement puisse participer, si le Maroc obtient ce statut, au Conseil des ministres de l’Environnement de l’UE. Si j’étais le Chef du gouvernement du Maroc, je jouerais à fond la carte du Green Deal, a-t-elle conclu. 

Abou Réda

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