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«Les innovations que nous avons apporté nous permettent une certaine singularité sur le marché de l’automobile d’occasion»

«Les innovations que nous avons apporté nous permettent une certaine singularité sur le marché de l’automobile d’occasion»
Nizar Abdallaoui Maane.

Le Matin : Quels sont d’après vous les leviers à actionner pour promouvoir l’innovation, notamment dans votre secteur ?
Nizar Abdallaoui Maane
: L’innovation, c’est avant tout une dynamique qui vise en permanence à remettre en question et à améliorer l’existant pour créer plus de valeur. Au Maroc, il y a des secteurs qui, forcés par une concurrence accrue ou challengés par des consommateurs de plus en plus exigeants, innovent. Le challenge de l’entreprise innovante actuellement est de pouvoir intégrer un écosystème d’acteurs qui vont s’inscrire dans la même dynamique pour avoir une proposition de valeur complète. Dans notre secteur par exemple, nous avons besoin que le ministère de tutelle joue le jeu de la digitalisation pour fluidifier les procédures de mutation. Les compagnies d’assurance et les sociétés de financement doivent avoir des parcours de souscription dématérialisés. Je note que l’aventure de Kifal Auto a démarré avec des fonds propres. Dernièrement, nous avons eu la chance de convaincre la CDG Invest qui nous a financés à travers le programme «212Founders». Innover ça nécessite de l’argent pour tester des choses nouvelles et pour éduquer son marché. C’est très rare d’être rentable dès le lancement de l’activité et donc la notion de Capital Risque doit être largement diffusée.

Quels sont les freins à l’innovation ? 
Il existe différents freins à l’innovation, selon la nature et l’activité de chaque secteur. Certains sont liés au marché marocain qui demeure fermé et de taille limitée. Par exemple, dans l’automobile, il se vend autant de voitures au Maroc qu›à Marseille en France. De plus, nous sommes malheureusement à l’écart des échanges internationaux, les flux de personnes et de capitaux sont très contraignants, ce qui rend le développement à l’international plus complexe. Les concurrents de Kifal en France ont par exemple très vite démarré dans d’autres pays de l’Union européenne. Enfin, je pense que l’innovation va s’accélérer le jour où les entreprises seront remises en question par des startups et ne verront donc plus l’innovation comme un levier de communication, mais réellement comme une nécessité pour survivre. 

Comment construire un projet gagnant sur la base d’une idée innovante ? 
Kifal Auto est une entreprise qui accompagne ses clients sur toute la chaîne d’achat-vente de leurs voitures d’occasion, à savoir l’expertise et la cotation du véhicule, la maîtrise des procédures administratives et la garantie mécanique aux acheteurs à travers la plateforme www.kifal-auto.ma. L’essence de notre projet est de répondre à un besoin client. Ce projet est continuellement adapté au changement du besoin et des attentes du client, mais aussi au changement du marché et de ses orientations. Une innovation qui ne serait pas consommée n’a pas lieu d’être à mon sens. Ensuite, il faut créer son écosystème, c’est-à-dire un environnement avec de bonnes conditions pour que cette innovation puisse se développer et porter ses fruits. Dans notre cas, nous construisons notre proposition de valeur sur 2 axes : innover dans la manière de répondre à de réels problèmes rencontrés par les consommateurs marocains et innover dans notre manière de consolider des offres éclatées proposées par divers partenaires. 

Concrètement, comment cette startup fonctionne-t-elle ? 
Kifal Auto a apporté différentes innovations, ce qui nous permet une certaine singularité sur le marché de l’automobile d’occasion. Nous avons réussi l’innovation dans le produit à travers un service d’accompagnement de bout-en-bout, un point de vente unique, pour quiconque souhaitant acheter ou vendre une voiture d’occasion au Maroc avec pour la première fois une offre de garantie panne mécanique offerte sur tous les véhicules mis en vente à travers notre plateforme. 
Vient ensuite l’innovation technologique. Nous investissons dans la data et la tech pour pouvoir apporter plus d’intelligence et de fluidité dans nos opérations ainsi que dans la gestion de la relation client. Notre business modèle est, lui aussi, innovant. Kifal se rémunère au succès, le service d’accompagnement est gratuit jusqu’à la transaction où nous prenons une commission symbolique sur le prix de vente, puisque nous sommes rémunérés également par nos partenaires dont nous proposons les services sur notre plateforme. 

Comment vous gérez la crise sanitaire liée à la Covid-19 ?
La crise de la Covid-19 nous a appris à nous adapter avec l’imprévisible et travailler dans l’incertitude. Cette crise nous a également imposé d’anticiper, de nous réinventer et d’accélérer notre rythme d’innovation. Par ailleurs, la crise a redessiné le paysage concurrentiel et certains acteurs ont décidé de se retirer du marché marocain ce qui a ouvert à Kifal Auto de nouvelles opportunités à saisir. n

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