khaoula El Hajjam dit Non à l’exclusion

«Mon nom est khaoula El Hajjam, je suis née dans un petit village de la province de Sidi Bennour en 1996, je fais partie d’une simple famille composée de 6 frères. Et je suis la seule fille parmi eux et celle qui a été toujours différente dans toute sa vie, car je n’ai pas pu voir la lumière depuis ma venue au monde… tout simplement parce que je suis née aveugle. Cela a été un grand choc pour mes parents. Ils ont essayé de faire l’impossible malgré leur capacité financière très limitée pour que je puisse moi aussi voir. J’ai subi plusieurs opérations chirurgicales et finalement j’ai réussi à récupérer un peu de ma vue dans un seul œil. Cela m’a permis d’accéder à l’école comme tous les enfants de mon âge, malgré la réticence de ma famille élargie qui a voulu empêcher mon père de me scolariser, car pour eux je suis “inutile” et une “honte” qui doit être cachée aux yeux de la société. Mais heureusement, j’avais des parents conscients même s’ils sont analphabètes, ils ont toujours été derrière moi et m’ont apporté tout le soutien nécessaire. Après quelques courtes années de joie, de nouveau ma vue a commencé à baisser progressivement à cause du glaucome à tel point que j’étais incapable de voir le tableau. Alors j’ai appris en écoutant. Et malgré tout cela, j’étais toujours la première de la classe. À seize ans, je devais trouver une passion pour m’aider à construire une forte personnalité. J’ai trouvé cela dans l’art de la Tbourida, bien que ce monde soit réservé aux hommes. J’ai intégré une équipe de Tbourida masculine, et j’y ai pris ma place. Après beaucoup de souffrance et surtout beaucoup de persévérance, j’ai obtenu mon baccalauréat avec mention, ce qui m’a permis d’accéder à une bourse de la Fondation marocaine de l’Étudiant. Et depuis, toute ma vie a changé parce que j’ai quitté mon petit village pour poursuivre mes études dans une école d’ingénierie à Casablanca. Et maintenant, je suis une élève-ingénieure en quatrième année Génie électrique à Institut polytechnique privé de Casablanca. Dernièrement, la Fondation marocaine de l’étudiant en collaboration avec l’ambassade du Canada au Maroc m’a donné la chance de participer à la caravane “HerDayForHer” pour motiver les lycéennes de ma région et pour leur donner l’exemple : il n’y a pas d’impossible avec le travail dur et la confiance en elles. Et grâce à Dieu j’ai réussi au moins à sensibiliser plus de 250 jeunes filles et à les convaincre qu’elles peuvent avoir un meilleur avenir grâce à la persévérance. Et qu’il y a des associations nobles comme la Fondation marocaine de l’étudiant qui peuvent les aider.»