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L’AMMAIS s’inquiète des risques physiologiques d’un confinement prolongé

Activité physique réduite, grignotage, sommeil perturbé, angoisse, stress… le mode de vie que nous adoptons durant la période de confinement n’est pas vraiment sain. Dr Khadija Moussayer, présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques, nous donne quelques conseils pour mieux s’en sortir.

L’AMMAIS s’inquiète des risques physiologiques  d’un confinement prolongé

Le Maroc est entré, il y a quelques jours, dans son deuxième mois de confinement. Un autre mois où nous devons rester à la maison pour éviter la propagation du Covid-19. Malheureusement, cela peut avoir quelques conséquences sur notre santé. Consciente de cette situation, l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) veut attirer l’attention sur les risques physiologiques d’un confinement prolongé. «Le confinement est primordial et nécessaire pour lutter contre la propagation du coronavirus au Maroc, mais il impose à notre mode de vie habituel des contraintes aux conséquences parfois néfastes sur notre santé physique et mentale : activité physique réduite, sommeil perturbé, angoisses de contracter la maladie, tentation de se réfugier dans la nourriture ou devant les écrans… Tout ceci constitue un véritable problème de santé publique, car si nous n’y prêtons pas assez attention, nous risquons qu’une partie de la population sorte durablement affaiblie de cette épreuve», souligne Dr Khadija Moussayer, présidente de l’AMMAIS. Et d’ajouter : «Du fait du stress, on est exposé en premier lieu à l’anxiété, source d’irritabilité, aux risques de violences et même de dépression en cas de fragilité mentale. Par ailleurs, notre rythme quotidien habituel est structuré par notre activité professionnelle qui nous impose des horaires de lever et de coucher, qui nous permet une exposition à la lumière du jour… Cette rupture peut perturber notre horloge biologique et nuire à la qualité de notre sommeil, voire provoquer des insomnies, aggravée de surcroit par une augmentation du temps passé devant les écrans». 
En effet, le confinement rime souvent avec repos et inactivité physique. La présidente de l’AMMAIS rappelle que selon l’OMS, cette sédentarité double déjà, en temps normal, les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et augmente ceux de cancer du côlon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d’anxiété, renforçant ainsi toutes les causes de mortalité. «La sédentarité a, en effet, un impact direct sur nos muscles en induisant une perte de la masse musculaire et une plus grande fatigabilité musculaire. Cette perte a même été mesurée par l’Académie nationale de médecine française : elle est de 3,5% à 5 jours d’inactivité musculaire, de 8% à 14 jours, de 0,4%/j sur 3-4 semaines. Pire encore, cet affaiblissement musculaire est évalué à 9 et 23% après 5 et 14 jours pour les membres inférieurs», s’alarme Dr Moussayer. «Si cette situation est réversible sans difficulté pour les personnes jeunes, elle a des conséquences majeures chez les personnes âgées, à l’origine de chutes et de fractures avec un risque de perte d’autonomie. En effet, l’inactivité affecte le flux d’informations vers le cerveau, réduisant la commande motrice ce qui va encore augmenter la fonte musculaire, soit un cercle vicieux dont il faut prévenir l’installation. Une situation de confinement de 4 à 6 semaines est d’ailleurs souvent une cause d’amyotrophie (atrophie musculaire) et de déconditionnement musculaire délétères pour la santé de beaucoup de nos seniors», ajoute la présidente de l’association.
Celle-ci rappelle également que le confinement expose aussi à un risque nutritionnel qui se surajoute à la réduction de l’activité physique. «Consommer plus d’aliments sucrés et grignoter davantage provoquent des prises de poids. Une réduction de 10.000 pas/jour à 1.500 pas, pendant 14 jours augmente de 7% le volume du tissu graisseux abdominal profond chez des adultes indemnes de toute pathologie ! Attention aussi aux enfants et adolescents, le grignotage devant les écrans à longueur de journée, constitue un facteur de risque indéniable de surpoids et d’obésité, parfois irréversible», affirme Khadija Moussayer. «Dans cette période de confinement, le risque de délaisser les soins chroniques est énorme, ce qui présente des conséquences néfastes sur l’équilibre de la maladie sous-jacente. Par ailleurs, l’inactivité musculaire conjointement au stockage d’énergie sous forme de graisse engendrent une diminution de la sensibilité à l’insuline et précipitent alors des personnes (prédisposées génétiquement) dans le diabète. N’oublions pas que les personnes qui souffrent d’une pathologie chronique telle l’insuffisance rénale, cardiaque, l’hypertension artérielle, une maladie respiratoire ou un surpoids sont les plus vulnérables face au coronavirus», ajoute-t-elle.  Par ailleurs, la présidente de l’AMMAIS indique que le confinement dans son habitation accroît fortement les risques d’allergies à cause de polluants et d’allergènes présents au domicile en trop grandes quantités. «Pour les éviter, il convient en particulier de privilégier pour le nettoyage les produits naturels (comme le savon) et ne pas abuser des produits ménagers industriels, ouvrir les meubles, surtout ceux en bois agglomérés qui contiennent souvent des produits chimiques nocifs, aérer le logement quotidiennement, battre et nettoyer les tapis, car ils sont souvent allergènes, et laver les draps au minimum toutes les semaines». 

Question à Khadija Moussayer présidente de l’AMMAIS

Quelles dispositions faut-il prendre pour éviter certains troubles pendant le confinement ?
Pour limiter les effets de l’anxiété, il est recommandé d’essayer de garder le rythme d’une vie normale, avec des horaires fixes de repas, de consacrer du temps pour des activités ludiques et récréatives et de suivre un emploi du temps établi de la journée, cela afin surtout de ne pas consacrer entièrement son temps libre à l’écoute d’informations, toujours anxiogènes par nature, sur l’épidémie !
Pour parer aux conséquences de la sédentarité, il est conseillé de se lever toutes les 30 minutes au minimum pour marcher pendant 4 ou 5 minutes et de faire des exercices de souplesse et de renforcement musculaire, au moins pendant 15 minutes par jour : même dans un espace restreint, c’est un bon moyen de maintenir la masse musculaire. Cette activité physique a également un impact positif sur le sommeil et sur le moral en général.
Pour limiter les effets du confinement sur l’équilibre nutritionnel, on peut recommander de respecter des horaires de repas fixes, de cuisiner des produits bruts, de manger des légumes, des fruits et des légumineuses et de réduire un peu les quantités consommées. En effet, pendant un premier temps, estimé entre 5 et 8 jours de confinement, nous conservons le même niveau de consommation énergétique et un stockage du surplus énergétique sous forme de graisse va en découler. Passé la première semaine, une régulation se produit généralement avec une perte de l’appétit qui se cale à peu près sur la dépense en énergie.
Pour faire face aux troubles de sommeil engendrés par le confinement, il est recommandé de garder un rythme précis, avec un horaire de lever et une durée de sommeil suffisante mais pas excessive (entre 7 et 8 heures), et d’être attentif à une exposition à la lumière qui permet la production de la mélatonine (hormone du sommeil) par le cerveau. Il est préconisé enfin de ne pas rester éveillé (à traîner) au lit, de modérer sa consommation d’excitants et de se déconnecter des écrans une à deux heures avant le coucher !

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