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Après avoir décortiqué 2.074 commentaires des championnats anglais, italien, espagnol et français et 643 joueurs, les chercheurs danois ont établi la présence des préjugés raciaux systémiques dans les commentaires de football. Selon les résultats de l’étude, les joueurs noirs étaient réduits à leurs caractéristiques physiques ou leurs capacités athlétiques, à savoir le rythme et la puissance, alors que les joueurs blancs étaient décrit comme étant intelligents, de haute qualité et plus travailleurs que les joueurs non blancs.
Le parti pris des commentateurs est tellement flagrant, par exemple, lorsqu’ils parlent d’intelligence de jeu, 62,6% des éloges sur l’intelligence concernent des joueurs blancs, tandis que 63,3% des critiques visent des footballeurs noirs. L’autre constat révélateur de ce racisme systémique, c’est lorsque les commentateurs évoquent la puissance, il y a 6,59 plus de chances pour qu’ils parlent d’un joueur noir. Et lorsqu’ils parlent de vitesse, il y a 3,38 fois plus de chance qu’ils parlent d’un joueur noir et lorsqu’ils parlent d’éthique de travail, 60,40% des éloges s’adressent aux joueurs blancs.
L’étude révèle également qu’il est rare que les commentateurs fassent des déclarations négatives sur la condition physique d’un joueur dans les quatre ligues européennes analysées. Mais quand il s’agit de la vitesse, 84,17% des éloges s’adressent aux joueurs avec un teint plus foncé. Et quand on parle de force, 86,76% des commentaires concernent aussi des joueurs noirs. À ce propos, Jason Lee, directeur de l’Association des footballeurs professionnels en Angleterre, a déclaré que les commentaires «comme naturellement athlétiques ou dotés d’un athlétisme donné par Dieu exacerbent le stéréotype en créant l’impression d’un athlète paresseux, qui n’a pas à travailler sur son métier». Pour information, plusieurs médias ont déjà mis en place des sessions de discussions avec ses présentateurs, reporters et commentateurs, pour étudier le vocabulaire qu’ils utilisent pour décrire les athlètes.
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Questions à Nicholas Rizzo, superviseur de la formation et de la recherche sur la condition physique
et responsable du contenu à l’institut danois «RunRepeat»
«La langue a un puissant facteur d’influence»â
Selon le superviseur de la formation et de la recherche sur la condition physique et responsable du contenu à l’institut danois «RunRepeat», Nicholas Rizzo, le commentaire sportif, et footballistique plus précisément, peut avoir un lien direct avec le racisme exprimé par une frange des supporters. Nick Rizzo précise également que les propos des commentateurs doivent être choisis avec soin, car la langue est d’une grande influence sur l’émetteur aussi bien que sur le récepteur.
Nous savons que le racisme existe dans le football, mais c’est la première fois qu’une étude passe en revue les préjugés émis par les commentateurs du football. Comment vous est venue l’idée d’examiner ce sujet à l’institut «RunRepeat» ?
Nous voulions étudier ce sujet du parti pris racial dans les commentaires, car la langue a un puissant facteur d’influence sur ceux qui la parlent, de qui elle parle et sur qui l’entend. Sachant que le racisme est un problème très répandu dans le monde du football, nous avons voulu savoir s’il y avait des préjugés raciaux dans le commentaire sportif et footballistique qui pourraient influencer cette problématique.
Existe-t-il un lien entre les préjugés des commentateurs du football et le racisme de certains supporters ?
Notre étude ne peut pas conclure qu’il existe un lien, mais à mon avis personnel, s’il y a un parti pris racial dans la façon dont le match est présenté et comment les joueurs sont décrits, cela peut très certainement être un facteur d’influence sur le racisme des supporters.
L’étude a examiné plus de 2.000 commentaires en Premier League, Série A, La Liga et la Ligue 1. L’institut RunRepeat envisage-t-il une étude similaire dans les championnats arabes ?
Cette première étude a ouvert de nombreuses conversations. Après un certain temps, nous prévoyons de réexaminer cette question et nous déciderons alors quelle serait la prochaine enquête la plus appropriée.
Après la publication de l’étude, pensez-vous que les commentateurs du football seront plus attentifs à leur vocabulaire ?
En plus de la Premier League anglaise qui étudie cette question, je pense que cette étude sensibilise quant au langage utilisé et aide à promouvoir un effort conscient pour mettre un terme aux préjugés.
Propos recueillis par A.I.
