Affaire de tous, la lutte contre la pandémie du Covid-19 focalise toutes les attentions et toutes les énergies. L’École supérieure des industries du textile et habillement (Esith) n’est pas en reste dans ce combat national inédit. Depuis la déclaration de cette guerre de survie, équipes dirigeantes, corps enseignant, étudiants, techniciens et lauréats de cette École se sont fortement mobilisés et ont lancé plusieurs actions afin d’apporter leur pierre à l’édifice. Et ils sont dans leur élément, la confection, mais cette fois de masques de protection, un produit rare au début de la pandémie, mais capital, dans la lutte contre la propagation du Covid-19. «C’est un devoir national, qui s’inscrit dans la genèse de cette École née pour servir le secteur textile et habillement à travers trois missions. Il s’agit de la formation de lauréats qualifiés, notamment des ingénieurs d’État ; l’assistance technique à travers la formation continue du personnel aux processus de fabrication ainsi que la Recherche et Développement», indique le directeur des Relations Entreprises de l’Esith. «C’est vraiment une dynamique globale au niveau de l’École qui est entièrement mobilisée dans cette lutte», ajoute-t-il, en expliquant que dès les premiers jours suivant l’apparition de la pandémie, les responsables de l’Esith ont commencé à réfléchir à l’éventuel apport de l’École aux industriels du textile dans la conception des masques de protection ainsi que d’autres produits liés au domaine de la santé.
L’Afrique en ligne de mire
Au nombre d’environ 4.000, les ingénieurs lauréats de l’Esith occupent pour la plupart d’entre eux des postes de haute responsabilité dans les usines de textile, notamment des directeurs généraux et directeurs de développement qui font de l’innovation et de la création. «Cela s’inscrit dans le cadre de la stratégie et de la raison d’être de l’Esith, créée en 1996 pour servir le secteur en temps normal et encore plus en situation de crise», rappelle le directeur des Relations Entreprises de l’Esith. Ainsi, actuellement, les docteurs et doctorants de l’École travaillent sur la fonctionnalisation des tissus afin de leur donner des propriétés spécifiques (exemple : anti-microbienne, ignifuge (anti-feu), hydrofuge, imperméable…). Il s’agit de traitements multifonctionnels pour obtenir des tissus adaptés au domaine médical en accord avec les exigences de la réglementation REACH (Règlement européen publié par l’Union européenne sur les substances chimiques), avec une toxicité nulle. «Ces tissus fonctionnels peuvent être utilisés dans le milieu de la santé à la fois pour les textiles de forme (vêtements) et les textiles plats (les draps)», explique notre interlocuteur. Les experts de l’Esith travaillent également sur le développement des formulations d’enduction pour couvrir le textile (tissé ou non tissé) par une couche de polymère mono ou multifonctionnelle (hydrofuge, anti-microbienne et respirante). Ces tissus enduits peuvent être utilisés pour la fabrication des masques chirurgicaux et les vêtements du personnel de la santé. La conception et la fabrication c’est bien, mais le partage à l’échelle internationale en ces temps de crise, c’est encore mieux. C’est pour cette raison qu’une fois le marché marocain totalement satisfait en matière de masques et autres articles de protection liés au domaine de la santé, l’Esith compte développer des produits et les proposer aux entreprises qui souhaitent les exporter. Selon le directeur des Relations Entreprises de l’Esith, l’institution pourra assister des entreprises textile et habillement africaines dans la formation de leur personnel au niveau du processus textile, et ce, dans le cadre de la coopération Sud-Sud prônée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. L’École peut également mettre à disposition des pays africains toute son expertise et son savoir-faire dans la fabrication des masques et produits liés au domaine de la santé, et ce, dans le cadre de leur lutte contre la pandémie Covid-19.