Depuis le début de la crise sanitaire mondiale causée par la propagation du coronavirus, nous avons surtout tendance à nous préoccuper de la santé des malades, du nombre de décès ou encore des moyens de nous protéger du virus et de l’impact négatif que pourrait avoir cette pandémie sur nos vie. Mais nous pensons rarement au sort de nos amis les animaux durant cette période difficile, principalement ceux qui vivent dans les parcs zoologiques. Ces derniers ont été contraints de fermer leurs portes et ne reçoivent plus de visiteurs depuis l’annonce de l’état d’urgence. Pourtant, les animaux, eux, doivent continuer à vivre.
la collection animale avec le même niveau de soins aussi bien en ce qui concerne l’alimentation et l’hygiène des abris qu’au niveau de la prophylaxie et des interventions vétérinaires».
Mais assurer la continuité de la gestion des animaux vivant dans les zoos n’est pas une mince affaire, surtout durant cette période de crise, qui en plus, coïncide avec le début du printemps, soit la haute saison pour ces parcs. «L’exploitation des zoos est une activité saisonnière, et la crise sanitaire que nous sommes entrain de vivre coïncide avec la haute saison qui est censée compenser le déficit que nous accumulons pendant la saison hivernale. En effet, habituellement à partir du mois de mars, nous sommes à la fois sollicités par des institutions scolaires pour l’organisation de sorties pédagogiques et par des organismes étatiques et privés pour l’organisation de team-buildings et de séminaires d’entreprise. Par ailleurs, dès le début des vacances printanières, nous connaissons en général un afflux considérable du grand public souhaitant profiter du beau temps et partager des moments éducatifs et ludiques en famille. Malheureusement, cette année, à cause du confinement général, nous nous retrouvons privés de ces revenus essentiels au bon fonctionnement du zoo et la situation s’annonce d’ores et déjà très difficile, d’autant plus que nous n’avons pas de visibilité quant à la période que nécessitera la résolution de cette crise», déplore Mehdi Benmassaoud, directeur administratif et financier du centre de loisirs zoologique Dream Village, qui se situe entre Casablanca et Mohammedia. Afin de faire face à cette situation critique marquée par le manque de ressources financières, les gérants des parcs zoologiques tentent tant bien que mal de réduire leurs dépenses pour assurer une bonne gestion quotidiennes des animaux. «La situation actuelle a imposé un réaménagement des plannings et des modes de travail à tous les niveaux. D’une part, les effectifs ont été réduits sur le site et le télétravail mis en place pour le personnel administratif et, d’autre part, un système de permanence en groupes réduits avec des plannings à rotation a été instauré pour le personnel zootechnique. Les normes d’hygiène, bien qu’elles existaient avant, ont été renforcées afin d’éviter tout risque de contamination», a souligné la directrice délégué du Jardin zoologique de Rabat. De son côté, le directeur de Dream village assure que malgré les efforts fournis pour réduire les dépenses au maximum, en limitant le personnel aux fonctions essentielles (soigneurs, vétérinaires, administration, sécurité…), les charges pour garantir le bien-être des animaux demeurent incompressibles. «Notre principal objectif est d’assurer une bonne gestion des animaux, qui pour une grande partie représentent des espèces en voie de disparition et que nous essayons tant bien que mal de protéger, car ils représentent aujourd’hui un patrimoine national qu’il faut à tout prix préserver», affirme Mehdi Benmassaoud.«Cette situation, déjà très critique, se trouve aggravée par la flambée des prix de la nourriture pour les animaux, qui ont triplé à cause de la sécheresse qu’a connue notre cher pays cette année. Nous disposons d’un effectif important de mammifères, d’oiseaux et de reptiles qu’il faudra nourrir pendant toute la période de fermeture du site. Certains de nos fournisseurs nous ont informé de la suspension de leurs activités et afin qu’il n’y ait aucun impact sur les animaux, nous avons été contraints de nous approvisionner en quantité importante afin d’être certains de pouvoir alimenter correctement tous les spécimens du parc, augmentant ainsi nos coûts de stockage. Néanmoins, en dépit des circonstances que nous déplorons, nous continuons à assurer le service nécessaire pour assurer la continuité du site en veillant au bien-être des animaux, en désinfectant régulièrement leurs enclos et leurs espaces de vie», a-t-il ajouté.Que faire si cette situation se prolonge ?
Personne ne sait quand cette situation prendra fin. Pour éviter le pire, les parcs zoologiques prennent certaines mesures qui leur permettront de tenir le coup jusqu’à la fin du confinement. «Nous gardons un contact permanent avec nos partenaires internationaux afin d’échanger nos expériences et améliorer les mesures et procédés entrepris en ces temps difficiles. En Europe, par exemple, les zoos avec lesquels nous collaborons bénéficient d’aides financières et logistiques, étatiques et associatives, leur permettant de surmonter cette crise. Or en notre qualité de zoo privé, à la différence des parcs publics, nous disposons de ressources limitées. C’est pourquoi nous espérons pouvoir compter sur l’appui des organismes étatiques en charge des parcs animaliers au Maroc afin de trouver des solutions adaptées pour faire perdurer ce projet unique qui est la propriété de toute la population marocaine», espère le directeur de Dream village. Au niveau du parc zoologique de Rabat, des mesures ont été prises pour redéployer les crédits budgétaires de l’exercice en cours, afin de minimiser l’impact de l’absence de recettes pendant cette période de fermeture du zoo. «Cela passe par le report de certains projets prévus dans le programme annuel, en attendant d’avoir une meilleure visibilité quant à l’issue de cette crise, mais aussi par la mise en place d’un dispositif de recherche de fonds auprès de partenaires potentiels. Cela dit, nous restons optimistes et nous espérons un retour en force de nos visiteurs à la fin du confinement», ajoute Salma Slimani.Le triste sort des animaux errants
Chats et chiens errants dans les rues se sont retrouvés du jour au lendemain seuls face à leur triste destin. En effet, obligés de rester à la maison depuis le début du confinement, peu de gens se soucient de ces pauvres bêtes. Une situation aggravée par la fermeture de tous les restaurants et gargotes qui représentaient une importante source de nourriture pour eux. «Pour notre sécurité, nous sommes obligés de rester à la maison. Mais cela me fond le cœur de penser que ces animaux n’ont plus personne pour prendre soin d’eux ou au moins leur donner à manger. Ils risquent de mourir de faim si cela dure trop longtemps», se désole Rania, une jeune étudiante qui aime beaucoup les animaux. Heureusement qu’il existe certaines personnes qui pensent à ces pauvres petites bêtes et leur laissent de l’eau pour boire et des restes de nourritures. Certains leur achètent même des croquettes et pâtés pour chats ou chiens et font le tour des rues de leurs quartiers pour leur donner à manger.