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L’Etat est là pour la relance, alignez-vous !

Face à la crise, l’action publique a marqué des éléments de rupture positive en apportant des réponses diligentes dans des délais record. La balle est aujourd’hui dans le camp du privé pour permettre à l’économie du pays de rebondir, selon le ministre de l’Economie et des Finances. Invité la semaine dernière à la CGEM, Mohamed Benchaâboun a ainsi appelé les entreprises à se mobiliser pour créer de la valeur et des emplois, en recourant aux divers dispositifs déployés, en tête le Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

L’Etat est là pour la relance, alignez-vous !
Le ministre à la CGEM : «Soit nous sommes ensemble pour relever ce défi et nous réussirons, soit nous avancerons en rangs dispersés et nous échouerons.»

Une réunion très attendue à la veille de l’adoption finale du projet de Budget 2021. La CGEM a invité le ministre de l’Économie et des finances pour discuter de ce projet face à l’impératif de la relance. Une dernière chance pour le patronat de convaincre l’État sur les autres priorités ne figurant pas dans le projet de loi de Finances (PLF). C’est le cas notamment de l’amorce de la réforme de la TVA, «une mesure qui n’est pas traduite dans le PLF alors qu’il s’agit d’un préalable au développement d’écosystèmes nationaux», a souligné Chakib Alj lors de cette réunion tenue le 26 novembre en présentiel et en visioconférence (www.lematin.ma). Pour le président de la CGEM, «la relance économique ne peut être effective que si le PLF 2021 tient compte des besoins vitaux de l’entreprise». La réponse de Mohamed Benchaâboun n’a pas tardé. Très décontracté, l’argentier du Royaume a laissé entendre dans ses interventions que l’État remplissait son devoir pour soutenir l’économie et sauvegarder les emplois. La balle est aujourd’hui dans le camp du privé. «L’action publique a marqué depuis quelques mois des éléments de rupture positive en apportant des réponses diligentes et en mettant en place des dispositifs opérationnels dans des délais jamais observés jusqu’alors… Des éléments de rupture sont aujourd’hui attendus du secteur privé», a déclaré Mohamed Benchaâboun. Pour le ministre, si l’État doit mettre en place les mécanismes qui permettront de relancer la machine économique, les opérateurs économiques doivent en parallèle continuer à y croire, à investir et à créer de la valeur et des emplois. Sinon, les efforts consentis par l’État seront sans effet.  Le gouvernement appelle ainsi clairement le secteur privé à investir : les financements bancaires et les fonds propres sont là pour les entreprises viables et transparentes. Chiffres à l’appui, les mécanismes de garantie (Damane Oxygène+Relance) mis en place par l’État ont permis jusqu’ici à près de 80.000 entreprises d’accéder au financement bancaire à des conditions favorables. Ces financements ont totalisé à ce jour 50 milliards de DH. Les crédits bancaires ont ainsi augmenté, en glissement annuel, de 7% pour les entreprises à fin octobre. Si ces mécanismes ont permis de soutenir la résistance et la relance des entreprises, l’arrivée du Fonds Mohammed VI pour l’investissement place le pays dans de bonnes conditions pour l’après-Covid. «Le monde de l’après-Covid se construit maintenant : des relocalisations, des chaines de valeur sont à l’œuvre, de nouvelles exigences liées à la durabilité émergent, il nous appartient d’être au rendez-vous de ces nouvelles dynamiques qui sont autant d’opportunités que de menaces», a lancé Mohamed Benchaâboun. Selon lui, les nouveaux investissements dans les différents secteurs- notamment l’industrie et l’économie de la santé où la taille du marché marocain est appelée à changer d’échelle- ne devraient pas se réduire pour l’essentiel à des IDE dans notre pays. «Ce que nous attendons de vous, opérateurs économiques, c’est d’être davantage présents». La messe est dite.
Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, à travers ses structures thématiques, jouera un rôle de soutien majeur dans ce sens. Ces fonds thématiques «ajouteront de nouvelles modalités de financement, jamais déployés jusqu’alors, à celles déjà disponibles. Je vous invite à y recourir au maximum et participer à une nouvelle dynamique de notre économie», a recommandé le ministre.

L’activation du Fonds Mohammed VI attendue avant la fin de l’année
Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui sera doté de 15 milliards DH à partir du Budget de l’État, sera structuré autour de filiales thématiques. Chacune interviendra sur un segment spécifique, avec des mécanismes appropriés à son périmètre. Pour le moment, 6 premiers domaines d’intervention sont privilégiés : «Restructuration industrielle», «Innovation et activités à fort potentiel», «PME», «Infrastructures en partenariat public-privé», «Tourisme» et «Agriculture». L’État compte confier la gestion des fonds thématiques à des sociétés de gestion spécialisées qui interviendront en vertu d’un cahier des charges «rigoureux». Il est prévu aussi de lever 30 milliards de DH de capitaux additionnels auprès des investisseurs institutionnels publics ou privés, des institutions multilatérales, ou de dons de pays amis, et ce, pour démultiplier la capacité d’intervention du Fonds et son impact sur l’économie. «Les investisseurs institutionnels préfèrent, en général, effectuer leurs placements dans un véhicule dont la stratégie d’investissement est mono-objet, avec une rentabilité et un risque homogènes», a expliqué le ministre.
Et en attendant la mise en place de ces structures thématiques, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement interviendra dans un cadre conventionné avec le système financier, avant la fin de cette année. «Cette intervention consistera notamment, à faciliter l’accès au financement des investissements à travers le renforcement des fonds propres des entreprises qui en ont besoin, et ce, moyennant des prêts participatifs sous forme de dette subordonnée par exemple». Selon Mohamed Benchaâboun, ces prêts seront accordés pour une durée comprise entre 7 et 15 ans dans la limite du 1/3 du crédit demandé. Cela permettra d’adresser une problématique structurelle d’insuffisance des fonds propres qui a été aggravée par l’endettement additionnel liée à la pandémie. À noter que, en attendant l’activation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, le compte d’affectation spéciale «Fonds d’investissement stratégique» créé en août 2020 est toujours opérationnel.

L’exemplarité de l’État, quid du privé ?
Pour la relance, «l’État doit agir (néanmoins) en toute responsabilité dans ce contexte de rareté des ressources. Chaque dirham compte et devra être dépensé de manière judicieuse et efficiente», prévient le ministre. À titre d’exemple, les recettes de voyages ont chuté cette année de 62,5%, soit 42 milliards de DH en moins. De plus, sur les 2 exercices budgétaires 2020 et 2021, nos finances publiques devront connaître un déficit additionnel de 7 points de PIB, générant un endettement additionnel de plus de 70 milliards de DH. Ainsi, l’État s’est mobilisé pour renforcer son exemplarité et l’optimisation de son fonctionnement.  La sphère publique connaitra dès 2021 l’amorce d’une dynamique de réformes et de restructurations au profit d’une meilleure contribution à la croissance. Le ministre a appelé ainsi le secteur privé à faire également preuve d’exemplarité. L’État est ferme à ce niveau. Il compte accélérer ses actions de pénalisation de certaines pratiques de fraude, notamment la délivrance de factures fictives. «Ces pratiques remettent en cause la sincérité des comptes des entreprises et causent des pertes de recettes importantes pour l’État», a averti le ministre. Pour les entreprises transparentes, Benchaâboun a promis d’accélérer le remboursement de la TVA. 40 milliards ont été restitués depuis 2018. Environ 14,7 milliards restent à rembourser. 

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