Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Une année surréaliste pour pompiers et secouristes

Feux de forêt ravageurs, drame dévastateur au port de Beyrouth et incendies de bâtiments à répétition : au Liban, pompiers et secouristes n’en reviennent toujours pas de l’année noire qu’ils viennent de vivre.

Une année surréaliste pour pompiers  et secouristes

Dans la caserne de la capitale libanaise, Afraa Obeid se remémore le funeste 4 août. Son amie Sahar Fares faisait partie d’une équipe dépêchée au port pour éteindre un incendie. Une mission de routine qui a viré au cauchemar, avec une déflagration dévastatrice ayant fait plus de 190 morts et 6.500 blessés. Parmi les premières victimes, dix pompiers. «Ça aurait pu être moi», souffle Afraa Obeid, chargée de missions de premiers secours. Deux mois après le drame, les travaux n’ont toujours pas démarré, faute de moyens. Des tentes ont été dressées dans la cour en guise de dortoir. Avant la tragédie, pompiers et secouristes avaient déjà travaillé sans relâche, mobilisés sur des feux de forêt au sud de Beyrouth ou dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. «Nous n’avons jamais connu une année pareille», confie le lieutenant Ali Najm, engagé avec la brigade depuis près d’un quart de siècle, citant les feux d’octobre 2019 dans les forêts de Mechref, puis les opérations de stérilisation à Beyrouth pour lutter contre le virus. L’explosion a été le «coup de grâce». Ces dernières semaines, plusieurs incendies se sont déclarés à Beyrouth, dont un au port, le 10 septembre, nouveau traumatisme pour des Libanais encore sous le choc. Ayman al-Taher, volontaire depuis 17 ans, évoque une année infernale. Pour les 5.000 volontaires de la défense civile, l’engagement est d’autant plus un défi que, sur le plan personnel, ils ont été pris dans le tourbillon d’une crise économique inédite, accompagnée d’une dégringolade de la livre libanaise et d’une explosion du chômage. Une loi votée en 2014 devait garantir un emploi aux volontaires. Mais, en raison notamment de restrictions budgétaires, l’écrasante majorité n’a jamais pu être titularisée et seuls 500 membres sont officiellement fonctionnaires. «La plupart de nos bénévoles ont perdu leur travail (...) et nous souffrons comme tout le monde de l’hyperinflation», affirme Georges Abou Moussa, directeur des opérations. Entre les restrictions budgétaires et l’explosion, les équipements des pompiers et secouristes n’ont pas été épargnés. «Seuls 10% de nos 56 véhicules sont aujourd’hui fonctionnels, contre 50% en octobre dernier». Mais la mobilisation reste intacte. Pour l’incendie du 10 septembre, les «pompiers ont répondu à l’appel sans hésitation», assure le lieutenant, partant immédiatement à l’assaut des flammes dévorantes, juchés sur des camions ou des plateformes. 

Lisez nos e-Papers