Diffusée sur la chaîne YouTube d’Attijariwafa bank, cette sixième conférence du cycle «Échanger pour mieux comprendre» Spécial Covid-19 a réuni Houda Hjiej, pédopsychiatre, Houda Sayegrih, psychomotricienne, Karim Ouali, médecin nutritionniste, et Sonia Benkabbou, psychologue. Cette dernière a pointé du doigt la redistribution des rôles dans la famille et la disparition des aides. Les parents, notamment les femmes, se sont retrouvés submergés et obligés de jongler entre responsabilités familiales, professionnelles, scolaires… sans oublier le facteur stress.
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Suggestions de Houda Hjiej, pédopsychiatre

Cela fait quatre mois que les enfants sont à la maison et le désir de faire des choses est épuisé. S’il n’y a pas actuellement un accompagnement de la part des parents pour cibler la socialisation et l’échange avec l’autre, les enfants risquent de s’isoler. Les parents doivent réactiver la vie sociale des enfants et les aider à organiser leurs journées. Après le travail, les parents peuvent prendre un moment pour eux et après réserver du temps pour leur enfant pour échanger avec lui sur ce qu’il a fait sur les réseaux sociaux et comment il a passé sa journée.
Conseils de Houda Sayegrih, psychomotricienne

Attention aux écrans ! Il est primordial d’accorder du temps aux enfants. Les parents ont tendance à garder les enfants à la maison par peur du virus, donc n’oublions pas de jouer avec eux quand on rentre du travail. On peut alterner entre des moments de jeu calmes et autres dynamiques.
Il faut rétablir une rythmicité dans la vie, même si les parents travaillent en favorisant l’autonomie de l’enfant au maximum. N’oublions pas que le dessin est un canal d’expression important pour les enfants.Ce n’est pas grave si les enfants s’ennuient. Ceci fait partie de leur développement pour découvrir d’autres passions et centres d’intérêt. Il ne faut pas s’inquiéter au sujet des apprentissages scolaires. Faisons confiance aux enfants et à leurs capacités de se rattraper.Conseils de Karim Ouali, médecin nutritionniste

L’apport énergétique ne doit pas être trop élevé ou trop bas, tout en faisant attention à l’apport protidique. Un manque de protéines entraîne une faiblesse pour lutter contre les risques infectieux. Il ne faut pas oublier les sources de protéines végétales comme les légumineuses, les céréales et les oléagineux qu’on peut garder facilement chez soi, contrairement aux protéines animales qui augmentent le taux d’inflammation. L’astuce est simple : il faut toujours avoir dans le même jour un produit céréalier avec un produit féculent. Il ne faut pas oublier de boire de l’eau et toujours se rappeler que la diversité est la clé d’une bonne alimentation. Les fruits et légumes sont la base d’une alimentation riche en vitamines et micronutriments. Les fast food et acide gras saturés alourdissent notre immunité et favorisent l’obésité.
S’agissant des micronutriments il faut favoriser tout ce qui a des propriétés anti-inflammatoire. On doit privilégier les ingrédients disponibles dans les cuisines marocaines, comme le curcuma, le thym, le gingembre, le fenugreg, la menthe et la noix de muscade. Il faut aussi consommer les vitamines qui se trouvent dans les aliments naturels. En faisant ses courses, on doit aller vers tout ce qui est sain pour la santé et éviter le snacking. Il faut essayer de garder le rythme des trois repas principaux et éviter le grignotage. On doit manger doucement et éviter les écrans au moment du repas pour donner l’exemple aux enfants. Il faut également trouver un moment pour bouger chez soi pour au moins une demi-heure. Il ne faut pas inverser son rythme circadien. Il faut dormir avant minuit et se réveiller tôt. Il faut dîner au moins 2 h avant de dormir et éviter au moins 30 minutes avant de dormir toute source de lumière comme les écrans. Les gens qui ont perturbé leur cycle de vie peuvent revenir doucement à la norme pour s’y habituer.Recommandations de Sonia Benkabbou, psychologue

Il faut garder une séparation entre les vies personnelle, professionnelle et familiale. L’adulte doit avoir un moment pour soi afin d’avoir du temps après à consacrer à son enfant et partager des moments avec lui. Aujourd’hui, les parents sont pris par leurs emplois et perdent de vue ce qui est central : les enfants. On devrait faire des capsules pour sensibiliser les employeurs à minimiser le stress sur les employés et à faire la séparation entre le temps professionnel et celui consacré à la famille.
