D’entrée de jeu, le Parti de l’Istiqlal relève les conséquences fâcheuses de la pandémie du coronavirus sur les plans économique et social. Dans son mémorandum adressé au Chef du gouvernement, il attire l’attention sur la gravité de la crise socio-économique qui va certainement générer une augmentation du chômage, «avec pour conséquences immédiates un déclassement de la classe moyenne et une aggravation de la pauvreté, quelque 10 millions de personnes en situation de vulnérabilité risquent de basculer sous le seuil de pauvreté. Le fossé des inégalités va également s’accroître si nous n’avons pas collectivement une prise de conscience qui aboutit à la transformation de l’action publique menée par notre pays», souligne le document.
Que faut-il donc faire pour éviter ce scénario catastrophe ou du moins pour limiter les dégâts ? Dans son mémorandum, le parti considère que le salut passe par «un plan de refondation de notre modèle de développement, beaucoup plus que de simples plans de relance économique». À cet égard, le parti propose six chantiers qui rappellent à plus d’un titre les idées qu’il avait défendues devant Commission spéciale sur le modèle de développement. Il s’agit de relancer les chantiers relatifs à la consolidation de la souveraineté nationale, le renforcement de la cohésion sociétale, faire en sorte que le système éducatif soit porteur d’avenir pour les générations futures et «garantir la sécurité sanitaire et l’égalité de l’accès aux soins pour tous». Les deux derniers chantiers proposés appellent à l’élaboration d’un «plan Marshall» pour l’entreprise et de conduire la transition écologique.
Dans le détail, le Parti de l’Istiqlal préconise la consolidation de la souveraineté nationale, à travers le renforcement de la sécurité alimentaire, de la sécurité sanitaire, de la sécurité énergétique, du développement du made in Morocco pour les produits stratégiques et la préservation de la souveraineté économique. Il estime qu’il faut tabler sur la commande publique et appliquer le principe de la préférence nationale en privilégiant les offres contenant une part plus importante de produits nationaux et d’expertise nationale dans l’exécution de la commande publique.
En ce qui concerne le renforcement de la cohésion sociétale, elle devrait passer, selon le parti de Nizar Baraka, par la réduction des inégalités sociales, territoriales et intergénérationnelles. L’Istiqlal appelle à ce niveau à repenser en profondeur la protection sociale par une réforme globale des régimes de retraite, l’élargissement de la couverture médicale aux indépendants, de la couverture retraite et la mise en place d’un minimum vieillesse. Il propose d’instaurer un «Revenu universel unifié» comme filet de sécurité basé sur le ciblage des populations démunies pour leur fournir une aide directe conditionnelle. Ce régime sera financé, explique l’Istiqlal, grâce l’élargissement de l’assiette fiscale en s’appuyant sur un programme national d’intégration des activités informelles au secteur formel, étalé sur trois ans, et implémenté grâce à l’amnistie fiscale et aux exonérations fiscales pendant une période, à la couverture médicale et sociale, et au soutien au niveau des charges sociales pendant une période fixe... Cette proposition est à compléter par la mise en œuvre du fonds de solidarité interrégionale et par une stratégie intégrée de développement du monde rural.
Concernant le chantier du système éducatif, le parti de la balance appelle à donner une place de choix aux enseignants. «Il nous faut imaginer des systèmes attractifs et incitatifs qui leur permettent d’être plus engagés et plus performants dans l’enseignement prodigué», est-il proposé dans ledit mémorandum. Le Parti de l’Istiqlal insiste également sur un plan de lutte contre l’analphabétisme numérique et de mise à niveau des enseignants, des élèves et des écoles, notamment au niveau du monde rural. Pendant indispensable de l’enseignement supérieur, le budget accordé à la recherche scientifique doit être largement amélioré à travers le partenariat public-privé ou la coopération internationale, est-il proposé.
S’agissant de la sécurité sanitaire et l’égalité de l’accès aux soins pour tous, il insiste sur le principe de la «Couverture santé universelle», la mise en place d’une carte sanitaire publique et privée et le soutien de la santé en milieu rural. Le parti prône aussi le principe de la souveraineté à travers des pôles régionaux de santé publique et la création d’un Conseil supérieur de veille et de sécurité sanitaire.
Au niveau du monde des affaires, le parti défend la mise en place d’un «plan Marshall» pour l’entreprise avec pour but la promotion de l’emploi. Parmi les stimulants suggérés à ce sujet figure la proposition de la création d’une «Banque publique nationale d’investissement». «Établissement qui devra aider au financement et à la restructuration des TPE-PME et la mise en place d’un label Made in Morocco» qui soit conforme aux normes sanitaires post-pandémie, est-il proposé dans le mémorandum du Parti de l’Istiqlal.
Le dernier chantier défendu par le parti défend la conduire de la transition écologique nécessaire d’abord pour assurer la durabilité de l’économie en poursuivant le plan de développement des énergies renouvelables, initié par Sa Majesté le Roi. Dans le même cadre, il suggère la poursuite de la régionalisation avancée qui doit permettre de développer des contrats-programmes régionaux visant le développement de l’économie verte.