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L’UM6P et Masen renforcent leur coopération pour atteindre le cap d’industrialisation des batteries

L’UM6P et Masen annoncent passer à la vitesse supérieure pour la valorisation des matières premières marocaines. Leur partenariat dans le domaine des batteries avance à pas sûrs avec une visée sur l’industrialisation pour positionner le Maroc dans la course mondiale de cette technologie.

L’UM6P et Masen renforcent leur coopération pour atteindre le cap d’industrialisation des batteries
La recherche sur le stockage d’énergie électrochimique au Département de science des matériaux, d’énergie et de nano-ingénierie (MSN) de l’UM6P a débuté il y a environ 4 ans avec la participation d’une équipe de professeurs, post-doctorants et doctorants.

Renforcer la coopération entre le monde académique et le monde industriel. C’est l’un des objectifs stratégiques de la collaboration entre l’Université Mohammed VI Polytechnique (UMP6) et l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen). En effet, les deux institutions ont développé un partenariat orienté principalement sur la recherche et le développement dans les secteurs industriel et de l’énergie mettant à contribution leur savoir-faire ainsi que leur infrastructure complémentaire de laboratoire et de prototypage. L’un des axes clés de ce partenariat est la valorisation des matières premières marocaines contribuant ainsi à réduire la dépendance à l’importation. Il s’agit, selon Dr Jones Alami, Pr en Science des surfaces et de nanotechnologies, et directeur du Département des sciences des matériaux, de l’énergie et de la nanotechnologie (MSN) à l’UM6P, d’une nécessité pour combler les lacunes de notre économie. «C’est un changement de paradigme, où une matière première nationale pourrait être reconnue non seulement comme une marchandise, mais comme une opportunité de créer de la valeur, de renforcer les capacités, de développer de nouvelles entreprises et de concevoir des systèmes socio-économiques innovants, dans le contexte de notre nouveau modèle économique national », explique-t-il.
En tête des sujets de recherche sur lesquels les équipes de l’UM6P et Masen accélèrent la cadence, celui des batteries, identifié par les partenaires comme une priorité de collaboration. «La recherche sur la technologie des batteries est désormais une course mondiale, et je pense que le Maroc peut trouver sa place dans cette course, en partie parce que de nombreux métaux qui entrent dans la fabrication de batteries sont abondants dans notre pays, mais principalement parce que cette recherche contribuera à une valorisation plus poussée de l’acide phosphorique, la ‘’matière première’’ utilisée dans ce développement, et produite par notre sponsor de recherche OCP», indique Dr Alami. 
La recherche sur le stockage d’énergie électrochimique au département de science des matériaux, d’énergie et de nano-ingénierie (MSN) de l’UM6P a débuté il y a environ 4 ans avec la participation d’une équipe de professeurs, post-doctorants et doctorants. Les premiers résultats sur le développement de matériaux LFP, à base d’acide phosphorique OCP, sont prometteurs avec une vision d’industrialisation qui se précise, selon le responsable. «Avec le soutien de nos partenaires et collaborateurs, nous réalisons un consortium qui, j’en suis convaincu, placera le Maroc sur la carte des producteurs de matériaux pour batteries et éventuellement du fabricant de batteries dans les 3-4 prochaines années», estime le spécialiste. 


Entretien avec Dr Jones Alami, Pr en Science des surfaces et de nanotechnologies et directeur du Département des sciences des matériaux, de l’énergie et de la nanotechnologie à l’UM6P

«Le Maroc sera sur la carte des producteurs de matériaux pour batteries et éventuellement des fabricants de batteries dans les 3 à 4 prochaines années»

Le Matin-Éco : L’UM6P a toujours mis en avant son engagement pour le développement durable. La collaboration avec Masen s’inscrit-il dans cette même vision ?
Dr Jones Alami
: Effectivement, le développement durable est dans l’ADN des programmes de recherche, d’éducation et d’entrepreneuriat de l’UM6P. Quant à Masen, le développement durable occupe une place centrale dans l’approche de l’agence en matière de R&D et de ses activités, comme l’indique son nom «Agence marocaine pour l’énergie durable». On ne peut pas rechercher une meilleure complémentarité de vision, en termes de développement énergétique vert et durable. Depuis l’inauguration de l’UM6P par Sa Majesté le Roi, nous avons œuvré pour ancrer cette prise de conscience dans le tissu de nos activités, processus et partenariats. Une collaboration avec Masen, en tant que groupe responsable de la mise en œuvre et de la gestion des énergies renouvelables nationales au Maroc, correspond parfaitement à cette vision. Ainsi, notre collaboration avec l’équipe R&D de Masen comme base d’une future complémentarité s’inscrit dans un partenariat gagnant-gagnant qui permettra d’accélérer nos efforts respectifs pour atteindre nos objectifs de développement durable respectifs pour le Maroc et le continent.

La recherche et l’innovation sont deux axes primordiaux pour l’UM6P comme pour Masen. La collaboration entre les deux institutions est-elle à même de donner un nouvel élan pour la R&D au Maroc ?
Sans aucun doute. L’UM6P et Masen œuvrent à appuyer la R&D au Maroc. L’UM6P dispose aujourd’hui d’une grande infrastructure de recherche, avec des chercheurs de haut niveau du Maroc et de l’étranger et ambitionne de devenir une institution impactante et contribuer au développement de notre pays … mais cela ne suffit pas… c’est pourquoi l’Université – implantée en campus thématiques, à Benguérir, Rabat, Casablanca, Laâyoune et Mazagan – travaille résolument à construire des partenariats nationaux et internationaux pertinents et impactants. Chez UM6P, nous croyons au pouvoir de l’intelligence collective et que, avec une vision claire et un travail acharné, 1 + 1 peut se traduire par bien plus que 2. A cet égard, nous nous associons à des partenaires forts, comme le Laboratoire national d’argonne (ANL) des États-Unis et d’Hydro Québec du Canada ainsi que Masen, pour accélérer la réalisation de nos objectifs de recherche et d’entrepreneuriat. Notre collaboration avec Masen, en particulier, vise à faire prendre conscience que la recherche impactante nécessite une forte implication et collaboration entre le monde académique et le monde industriel. 

Quel est, selon vous, l’impact de la valorisation des matières premières marocaines sur notre économie ?
Je pense que la valorisation de nos matières premières est une obligation et une nécessité pour le développement de notre pays car elle est la solution à nombre de nos carences économiques. Elle permettra à différents acteurs de la société de gravir la chaîne de valeur et ouvrira la voie à la fois aux chercheurs et aux industriels pour «oser» collaborer, prendre des risques calculés et contribuer en toute confiance à bâtir une culture nationale d’innovations de rupture et de recherches appliquées pertinentes. Ce serait en fait un changement de paradigme, où une matière première nationale pourrait être reconnue non seulement comme une marchandise mais comme une opportunité de créer de la valeur, de renforcer les capacités, de développer de nouvelles entreprises et de concevoir des systèmes socio-économiques innovants, dans le contexte de notre nouveau modèle économique national. Cela dit, je pense que l’impact ne peut être réalisé que si ces efforts sont accompagnés d’outils et de lois qui réglementent l’exportation de matières premières non valorisées, tout en mobilisant nos forces nationales de R&D et tout en activant des synergies avec les industries nationales.

Pourquoi vous avez retenu le thème des batteries comme priorité de votre collaboration ?
Selon de nombreuses études de marché, y compris Navigant Research, le marché mondial des batteries devrait connaître une croissance exponentielle. Seul, le stockage d’énergie relié au réseau devrait atteindre la barre des 35 GWh d’ici 2025. La recherche sur la technologie des batteries est désormais une course mondiale, et je pense que le Maroc peut trouver sa place dans cette course, en partie parce que de nombreux métaux qui entrent dans la fabrication de batteries sont abondants dans notre pays, mais principalement parce que cette recherche contribuera à une valorisation plus poussée de l’acide phosphorique, la «matière première» utilisée dans ce développement, et produite par notre sponsor de recherche OCP. Aujourd’hui, une grande partie de nos efforts se concentre sur le développement des batteries au lithium fer phosphate de prochaine génération, mieux connues sous le nom de batteries LFP. Dans ce contexte, je voudrais souligner que la part de la LFP dans le marché mondial du stockage en réseau devrait être d’environ 30% d’ici 2025, et que ce type de batteries devient progressivement une technologie importante pour le marché des véhicules électriques (VE), comme cela a été annoncé récemment par Tesla qui a affirmé que certains de leurs nouveaux véhicules électriques fonctionneront sur des batteries LFP. Cependant, avant d’avoir nos produits sur le marché, nous aurions besoin de tester nos résultats à grand échelle et de les faire certifier par des agences internationales bien qualifiées. C’est là que notre écosystème et nos partenaires, le Laboratoire national d’argonne, Hydro-Québec et Masen entrent en jeu. Nous sommes convaincus que grâce à notre consortium de classe mondiale dans le stockage d’énergie, nous atteindrons nos objectifs de recherche et de technologie, tout en plaçant notre université et notre pays dans la course des développeurs de matériaux de batterie.

À quel point le stockage massif de l’énergie pourrait-il être avantageux d’un point de vue environnemental dans le contexte énergétique du Maroc ?
Il y a un certain nombre de «drivers» pour le stockage massif d’énergie, je vais en citer 4 :
(1) Améliorer la flexibilité pour gérer l’intégration des technologies des énergies renouvelables dans un mix énergétique «agile» ; (2) Améliorer la résilience du réseau en permettant des ressources réparties hautement résilientes et des micro-réseaux pour se protéger contre les catastrophes naturelles ; (3) Améliorer l’efficacité économique des infrastructures grâce à une utilisation efficiente des «assets» du réseau ; et (4) Améliorer la fiabilité en minimisant les intermittences du réseau électrique. Chacun de ces points contribue à une meilleure efficacité énergétique et, par la suite, à une moindre dépendance aux énergies fossiles. Cela s’ajoute aux avantages environnementaux liés à une diminution des émissions de gaz à effet de serre et à une contribution à des villes et des environnements plus propres, qui soutiennent directement les engagements du Maroc aux résolutions convenues dans la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et ses objectifs COP 22.

Où en sont les recherches pour le développement de matériaux LFP, à base d’acide phosphorique. À quand un passage à l’étape industrialisation ? 
Ce sont des moments très excitants… les recherches sur l’acide phosphorique que nous avons réalisées à l’UM6P montrent que nous sommes sur la bonne voie. Notre équipe de recherche sur les batteries, composée de jeunes scientifiques marocains brillants et comprenant des diasporas marocaines des États-unis, du Japon, de la France, de l’Allemagne, de la Suède et de la Belgique, a progressé avec succès dans ce domaine, grâce en partie au financement de la recherche de la fondation OCP et OCP SA. Maintenant, pour amener nos résultats au stade de l’industrialisation, nous nous associons à des scientifiques de classe mondiale, y compris notre professeur affilié Khalil Amine (chef de la recherche sur les batteries au Laboratoire National d’Argonne (ANL) aux États-Unis, professeur à l’Université de Chicago et professeur adjoint à l’Université de Stanford) et d’autres collaborateurs de la Suède et de l’Allemagne. Avec le soutien de nos partenaires et collaborateurs, nous réalisons un consortium qui, j’en suis convaincu, placera le Maroc sur la carte des producteurs de matériaux pour batteries et éventuellement du fabricant de batteries dans les 3-4 prochaines années. 

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