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«L’urgence aujourd’hui est de doter le sport d’un arsenal législatif susceptible de favoriser l’inclusion du privé dans sa gestion et son management»

Quelle place pour le sport dans le nouveau modèle de développement que le Maroc veut mettre en place pour booster sa croissance et la rendre plus inclusive pour bénéficier au grand nombre de nos concitoyens. Comment doit-il être construit dans le cadre de ce nouveau modèle ? Peut-on concilier la dimension business avec la dimension sociale du sport, faut-il redéfinir le rôle de l’État dans la gestion de sport ? Autant de questions évoquées avec Abdelkader Bourhim, consultant en développement stratégique et opérationnel des clubs et des organisations sportives.

«L’urgence aujourd’hui est de doter le sport d’un arsenal législatif susceptible de favoriser l’inclusion du privé dans sa gestion et son management»
Abdelkader Bourhim.

Le Matin : Le Maroc réfléchit actuellement à la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Concrètement, comment le sport marocain doit-il être construit dans le cadre de ce nouveau modèle de développement pour contribuer à la fois au rayonnement du Maroc à l’international et à l’entretien physique des citoyens ?
Abdelkader Bourhim 
: Le Maroc, avec ses caractéristiques sociologiques et géostratégiques, offre tous les atouts permettant de mettre le sport au cœur de son projet de développement. Le sport est un secteur pourvoyeur de richesse, créateur d’emploi et de rayonnement international (soft power). J’espère que la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) prendra en considération ce secteur dans ses travaux. J’ai eu l’occasion d’en parler à son président, M. Benmoussa, lors d’une rencontre à Paris de la CSMD avec les compétences marocaines, à laquelle j’ai eu l’honneur d’assister en tant que spécialiste des questions de sport et de développement. Mon propos a été accueilli avec enthousiasme. Nous avons proposé d’organiser dans les mois à venir une conférence labellisée CSMD et traitant du sport comme levier de développement. Le citoyen marocain aime le sport, il le pratique et le consomme à la fois, il a besoin de se dépenser physiquement, il a besoin de vivre des émotions fortes en tant que supporter. Nous devons pour cela le doter d’infrastructures de proximité adéquates. Nous devons en urgence doter notre sport d’une politique nationale, l’inclure dans le projet de développement national et lui apporter des réponses immédiates et de transition vers un modèle vertueux de performance sportive et économique.

L’intégration d’une logique de business model dans le sport ne risque-t-elle pas d’entrer en contradiction avec la dimension sociale du sport ?
Le sport est une industrie qui pèse actuellement dans l’économie mondiale plus de 1.000 milliards de dollars. C’est un fait et donc l’intégration d’une logique de business model dans le sport s’impose. Cela n’enlève en rien sa dimension sociale. Cela lui offre au contraire plus de moyens pour être pleinement inclusif, créer des emplois, susciter de l’espoir et devenir l’école de la deuxième chance. Le sport peut tout changer. L’urgence aujourd’hui est de doter le sport marocain d’un arsenal législatif susceptible de favoriser l’inclusion du privé dans sa gestion et son management. Mon souhait c’est que la loi 30-09 relative à l’éducation physique et au sport saura offrir au sport et à tous les acteurs concernés un moyen juridique fort offrant les garanties nécessaires pour attirer des investissements nationaux et internationaux et permettre une prise de risque financier justifiée.

Est-ce que vous ne pensez pas que l’état doit redéfinir sa place pour libérer les énergies ? Autrement dit, est-ce qu’il ne doit pas abandonner l’organisation hiérarchique ?
L’état a toujours sa place dans le sport marocain, car celui-ci pourrait s’effondrer s’il l’abandonnait d’un seul coup. Les enjeux socio-économiques du sport justifient le fait que l’État s’intéresse à son devenir. Il n’a jamais cessé de le subventionner à grande échelle. Le poids économique et l’image internationale que véhicule le sport justifient les moyens publics mobilisés pour l’organiser, assurer la sécurité de ses manifestations et la lutte contre la violence, et légitiment encore plus cette action des pouvoirs publics. Malheureusement, le sport au Maroc est fragilisé par les mécanismes de sa gouvernance, la faiblesse de son management et de ses infrastructures non adaptées dans la plupart des cas. Les partenariats publics privés (PPP) peuvent être une solution pour mieux intégrer le secteur privé dans la gestion du sport et permettre à terme à l’État d’être moins présent et moins impacté financièrement, tout en demeurant dans son rôle de régulateur et de garant de la bonne gouvernance.

Quel rôle peuvent jouer les régions dans le développement du sport ?
Malgré la sollicitude dont le Souverain l’entoure et qui témoigne de Sa volonté de l’inscrire au cœur du processus de  développement, le sport peine à être considéré comme un secteur clé de l’économie, de l’éducation et de la politique sociale. Il reste toujours associé à l’action associative, au ludique et au passe-temps. Il souffre aussi d’un déficit d’image et d’un déficit de  compétitivité économique. Il n’a pas été spécifié dans le plan de la régionalisation avancée que le sport est un secteur stratégique qu’il faut développer. Je pense même qu’il a été traité à la marge des autres secteurs. Les exécutifs régionaux doivent mesurer la portée stratégique et économique du sport, ils peuvent jouer un rôle majeur dans son développement en l’intégrant dans leurs politiques, en le dotant d’une véritable vision stratégique basée sur la formation et les infrastructures, en facilitant l’accès à la pratique sportive pour le plus grand nombre de citoyens. 

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