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Maladie d’Alzheimer : un combat contre l’oubli

Ce lundi 21 septembre 2020, le monde célèbre la 27e Journée mondiale de l’Alzheimer. Une maladie qui se répand à un rythme effréné. Au Maroc, cette maladie commence à poser un véritable problème de santé publique, en raison essentiellement du manque d’infrastructures pour la prise en charge des malades.

Maladie d’Alzheimer : un combat contre l’oubli
Chaque année, on dénombre 7,7 millions de nouveaux cas de malades d’Alzheimer dans le monde. Ph. Shutterstock

Plus de 36 millions de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer. Chaque année, on dénombre 7,7 millions de nouveaux cas. Selon les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de malades devrait presque doubler tous les 20 ans et notamment à cause du vieillissement de la population, si aucun traitement efficace n’est découvert.
Au Maroc, même s’il n’y a pas de statistiques exactes, on estime que le nombre de personnes atteintes d’Alzheimer dépasserait les 150.000. La situation au Maroc est rendue plus difficile à gérer en particulier à cause du manque d’information sur cette pathologie et la tendance chez certaines personnes, notamment dans le milieu rural, de cacher le malade au lieu d’aller traiter et de manière précoce. «Cette maladie se propage d’une façon insidieuse dans la société marocaine, généralement dans le milieu rural, où souvent les proches et l’entourage familial cachent le malade et ont du mal à le révéler au grand jour», souligne Mohamed Bourragat de l’association Espoir Maroc Alzheimer. Les malades sont donc, très souvent, livrés à eux-mêmes ou préfèrent se tourner vers l’automédication ou les traitements traditionnels. S’ajoute à cela un manque conséquent de pistes de prise en charge de ce type de maladie via des centres adaptés pour mieux traiter le malade et soulager les familles qui sont souvent dépassées par l’évolution de la maladie.  Dans la majorité des cas de patients marocains, un retard de plusieurs années est constaté entre les premiers symptômes et le diagnostic clinique. Une situation qui engendre une dégradation rapide de l’état du patient, mais aussi l’épuisement des aidants, tant sur le plan physique que psychologique. De plus, le coût des médicaments prescrits pour les personnes atteintes d’Alzheimer (environ 1.200 dirhams chaque mois) demeure inabordable pour la majorité des familles.
La maladie d’Alzheimer commence à poser un véritable problème de santé publique dans notre pays. Pour cerner ce fléau qui se propage à une vitesse incontrôlable, il faut former les aides-soignants, communiquer avec les associations internationales pour échanger les idées et impliquer le ministère de la Santé et l’État à tous les niveaux. Il est également impératif de construire des centres d’accueil de prise en charge des malades. Cet appel a été lancé par Ahmed Naïm, président de l’association Espoir Maroc Alzheimer. Il rappelle également le rôle important de la sensibilisation, notamment dans le milieu rural, qui permet de mesurer l’ampleur de la maladie et réfléchir aux solutions pour la contrecarrer.

Le centre d’accueil de Rabat, une expérience à généraliser
Le centre d’accueil de jour des malades d’Alzheimer, sis au quartier Ennahda à Rabat, est un exemple à suivre en matière de prise en charge des malades. Avec le soutien de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, l’Association Maroc-Alzheimer qui s’active dans la lutte contre cette maladie près de 18 ans au sein du service neurologique de l’hôpital des spécialités, offre des diagnostics, des formations au personnel médical et un accompagnement aux familles des malades, afin de les aider à mieux traiter le malade et à coexister avec cette nouvelle situation. Les patients cliniquement diagnostiqués comme atteints d’Alzheimer sont reçus au titre d’une première visite médicale avant de faire l’objet d’un deuxième diagnostic par les spécialistes bénévoles du centre. Les familles des malades bénéficient également de séances d’orientation pour les aider à mieux s’occuper du patient. Ce centre médical, qui répond aux normes internationales en la matière, est doté d’une capacité d’accueil de 100 bénéficiaires. Il dispense des services de rééducation mnésique, orthophonique et motrice, sous la supervision d’une équipe médicale spécialisée, dont des bénévoles. Le programme du centre est articulé également autour de divers ateliers et activités ludiques ayant pour but d’améliorer les capacités mentales, motrices et de perception du malade, comme le dessin, le coloriage et la musique. 

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Une bonne hygiène de vie pour éviter l’Alzheimer

Les experts estiment que la maladie d’Alzheimer pourrait être influencée à la fois par les gènes et par l’environnement. Une étude, menée par Carol Brayne, professeur de Santé publique à l’Université de Cambridge, s’est intéressée à sept facteurs de risques ayant un lien avéré avec la maladie : Diabète, hypertension et obésité apparues en milieu de vie, inactivité physique, dépression, tabagisme et faible niveau d’éducation. En réduisant chacun de ces facteurs de risque de 10%, il serait possible de réduire l’étendue d’Alzheimer de 8,5% d’ici 2050, et d’éviter ainsi neuf millions de malades.
Une récente étude menée par des chercheurs du département de médecine interne de l’école de médecine de l’université Rush (États-Unis), indique qu’adopter quatre à cinq bonnes habitudes au quotidien est associée à une baisse du risque de la maladie d’Alzheimer de 60%. L’idée était de chercher quels comportements préventifs peuvent être adoptés pour permettre de diminuer les risques de contracter Alzheimer. Jusqu’à présent, les essais cliniques portant sur diverses thérapies chez les patients atteints de démence n’ont pas réussi à modifier l’évolution de la maladie, notent les auteurs en introduction de l’étude. En revanche, les données des études épidémiologiques et des essais cliniques suggèrent que la prévention primaire peut retarder l’apparition de la maladie. 

En compilant un ensemble de données pendant les six années d’observation du mode de vie des volontaires, les chercheurs ont conclu qu’une combinaison de facteurs liés à un mode de vie sain est essentielle pour lutter contre Alzheimer. «Par rapport aux participants n’ayant aucun ou un seul facteur de mode de vie sain, le risque d’Alzheimer est de 37% plus faible chez ceux qui en ont adopté deux à trois, et 60% plus faibles chez ceux qui en ont quatre à cinq !», rapporte Klodian Dhana qui a dirigé l’étude.
Les chercheurs ont dégagé cinq facteurs qui conduisent à adopter un mode de vie sain permettant de prévenir Alzheimer. Le premier consiste à pratiquer 150 minutes - soit deux heures et demie - d’activité physique hebdomadaire d’intensité modérée à vigoureuse. Il est préférable de ne pas fumer et de limiter sa consommation d’alcool. Il convient ensuite de veiller à avoir une alimentation de type méditerranéen qui privilégie l’huile d’olive, les fruits secs, les légumes verts à feuilles, le poisson, les légumes secs, la volaille et les céréales complètes. Enfin, le dernier conseil d’hygiène de vie des chercheurs est de maintenir une activité cognitive, que ce soit par la lecture, l’écriture ou jouer à des jeux de réflexion.

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