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«Le Maroc a fait d’énormes avancées, maintenant, il faut passer à la deuxième génération de réformes»

Modèle de développement, coopération entre la BAD et le Maroc, croissance économique, modèle de société, régionalisation… Ce sont là les maîtres mots du débat de la rentrée 2020 de «L’Info en Face» avec Leila Farah Mokaddem, responsable pays de la BAD pour le Maroc.

«Le Maroc a fait d’énormes avancées, maintenant, il faut passer à la deuxième génération de réformes»

Modèle de développement, la BAD présentera sa note à la CSMD
Saluant le travail lancé par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), la responsable pays de la BAD pour le Maroc a révélé que la banque a produit une note qu’elle compte présenter à ladite commission. Leila Farah Mokaddem a tenu à préciser qu’il s’agit, selon la BAD, de repenser le modèle économique, car le Maroc a pu accomplir, durant les 20 dernières années, des avancées très considérables en termes d’investissement en infrastructures, de réformes structurelles et de cadre macroéconomique crédible. «Nous pensons que le modèle économique qui a permis ces avancées durant ces dernières années a été positif, mais est-ce suffisant pour permettre l’émergence du Maroc ? C’est la réflexion en cours», explique l’invitée. Et de préciser qu’à ce stade, le Maroc a besoin d’une deuxième génération de réformes susceptibles de porter le Maroc vers l’émergence.
Interrogée sur sa lecture du modèle de développement, Mme Mokaddem a expliqué qu’il représente une vision de l’avenir avec également une dimension temporelle. C’est en somme un travail à moyen et long termes qui nécessite, entre autres, un changement culturel. Deux points essentiels sont à retenir pour garantir un avenir meilleur selon la responsable : l’efficacité du contrat social en veillant à mettre l’humain au centre du développement, ainsi que l’évolution de ses capacités et la mise à disposition des citoyens d’une éducation de qualité et d’une formation efficace.


Définir le modèle de société pour les générations futures

En plus du modèle de développement économique, pour Mme Mokaddem, la réflexion devrait être lancée en parallèle pour définir quel pourrait être modèle de société pour le Maroc dans le futur. Le vivre-ensemble, la confiance interpersonnelle, la société que l’on veut préparer pour les jeunes générations… Ce sont là autant de questions philosophiques et sociétales sur lesquelles la CSMD devrait se pencher, note la représentante pays de la BAD. Sur cette question de modèle de société, il faut évoquer notamment la question des valeurs et des libertés individuelles. Des valeurs qui sont, selon la responsable de nationalité tunisienne, communes à tous les pays de la région et que «nous sommes contraints de préserver dans un monde envahi par les réseaux sociaux et par l’information». La question est donc de savoir comment arriver à concilier valeurs traditionnelles et modernisme, c’est l’un des éléments clés pour le nouveau modèle de développement, précise-t-elle.


Le Maroc a gagné la confiance des marchés internationaux

Ce qui est positif pour le Maroc, c’est que sa dette extérieure n’est pas très élevée et reste soutenable, malgré une tendance à la croissance. C’est l’analyse que fait la BAD de la situation, fait savoir Leila Farah Mokaddem. Le Maroc s’est également engagé, il y a quelques années, à avoir une gestion très prudente de la dette, un processus appuyé par la Banque africaine, indique-t-elle. «Sur les marchés internationaux, c’est le cachet et la garantie du Royaume qui l’emporte», en témoigne d’ailleurs le dernier emprunt international du Maroc opéré le 21 novembre 2019, d’un montant de 1 milliard d’euros levé au taux d’intérêt très avantageux de 1,5%, ce qui montre, renchérit-elle, la confiance de ces marchés envers le Maroc. À ce niveau, l’invitée a rappelé que la BAD intervient par rapport à l’accompagnement au niveau des réformes stratégiques et macroéconomiques, «et ce dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant où le dialogue de haut niveau a une place prépondérante».


Régionalisation : La BAD monte en puissance

En décembre 2019, le conseil d’administration de la BAD avait approuvé un projet de 220 millions de dollars pour la compétitivité régionale et territoriale liée notamment à l’industrialisation. «Nous pensons que le développement industriel du Maroc se fera par les régions», explique Mme Mokaddem qui ajoute que cette initiative fait suite aux efforts déployés par le Royaume dans la déclinaison de son Plan d’accélération industrielle. Et de noter que pour la BAD, rendre les territoires plus attractifs et plus compétitifs est une priorité qui permettra d’asseoir les conditions d’un développement plus durable et plus inclusif. Dans le détail, le programme s’assigne ainsi pour objectif de renforcer la contribution des régions au processus d’accélération industrielle poursuivi par le Royaume. Le but est de faire émerger les territoires en tant que nouveaux pôles industriels compétitifs pour attirer plus d’investisseurs privés et générer de nouveaux emplois.

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