Le Maroc, au même titre que le reste du continent, accuse le coup en termes de scores de risque et d’opportunités, à cause de la pandémie du Covid-19, mais cela ne doit pas décourager les investisseurs. C’est ce qui ressort de la cinquième édition de l’Africa Risk-Reward Index qui vient d’être publiée à Londres par Control Risks, cabinet de conseil spécialisé dans la gestion des risques, NKC African Economics, cabinet international de conseil indépendant et la filiale d’Oxford Economics spécialisée dans les questions africaines.
Le Royaume a, en effet, vu son score d’opportunités reculer de 5,55/10 à 4,19 entre septembre 2019 et septembre 2020. Les auteurs de ce rapport en anglais indiquent que ce score intègre les prévisions de croissance économique à moyen terme, la taille économique, la structure économique et la démographie. Les perspectives de croissance économique ont le plus grand poids dans ce score, «car les opportunités d’investissement se multiplient là où la croissance économique est forte», expliquent-ils. Mais la taille absolue de l’économie fait également la différence, ajoutent-ils.
De même, le score de risque s’est dégradé au Maroc, passant de 3,90/10 à 4,06 sur la période. Toutefois, le Maroc est classé parmi les pays africains qui ont le plus de capacité à faire face à cette pandémie, selon le rapport. «Nous estimons que seuls 5 pays peuvent s’engager dans des dépenses de relance à une échelle significative : le Botswana, l’Égypte, Maurice, le Maroc et l’Afrique du Sud», notent les auteurs du rapport. Ces 4 derniers ont également des économies diversifiées, dirigées par le secteur privé, ce qui permet à toute dépense publique d’avoir un effet multiplicateur significatif, est-il souligné. Cela, nuance le document, ne signifie pas que d’autres facteurs ne pèseront pas sur la reprise de ces pays, mais ils pourront se protéger contre de nouveaux chocs et atténuer les risques politiques potentiels découlant des difficultés économiques.
Globalement, le rapport relève que tous les pays du continent ont vu leurs scores de risque et d’opportunités se dégrader et note que le redressement de l’Afrique pourrait être long et irrégulier, mais il pourrait aussi avoir un effet transformateur.
Par ailleurs, le document indique que l’impact immédiat du Covid-19 fera subir à l’Afrique sa première récession en 25 ans, «mais le plus inquiétant est le manque de marge de manœuvre budgétaire dont disposent les gouvernements africains pour engager des dépenses inhérentes à la relance». Pour de nombreux pays, la reprise économique devra être menée par un secteur privé déjà affaibli et encore fragilisé par la pandémie, déplorent ses auteurs.
Toutefois, certains éléments indiquent déjà que cette crise sans précédent a engendré des réformes «salvatrices». Dans un contexte mondial instable, les gouvernements africains ont un besoin urgent de développer la production en aval, les chaînes d’approvisionnement régionales et les marchés de capitaux nationaux, estiment les auteurs du rapport. Il semble également, selon la même source, qu’une grande partie de la main-d’œuvre intègre l’économie formelle pour accéder au soutien financier du gouvernement et faire face aux mesures d’endiguement de la pandémie. Certaines de ces tendances ont vu le jour avant l’apparition de la pandémie, mais le Covid-19 semble les avoir accélérées, est-il relevé. «Les investisseurs qui restent en Afrique malgré le ralentissement actuel auront non seulement un rôle important à jouer dans sa reprise, mais ils y verront aussi des changements et des opportunités prometteuses», estiment les auteurs du rapport.