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Le Maroc perd l’un de ses hommes les plus valeureux

Natif de Tanger le 8 mars 1924, l’ancien Premier ministre, Abderrahmane El Youssoufi, nous a quittés dans la nuit de jeudi à vendredi à Casablanca, à l’âge de 96 ans. Combattant pour l’indépendance du Maroc puis militant pour les droits de l’Homme et pour la réforme politique, feu El Youssoufi a marqué les esprits des Marocains par son dévouement et son intégrité. Sa loyauté pour le Maroc et pour le Trône Alaouite lui ont valu plusieurs hommages de son vivant et après sa mort.

Maître Abderrahmane El Youssoufi, ancien Premier ministre du Maroc et l’une des figure de proue du mouvement national, nous a quittés dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 96 ans. Un vibrant hommage a été rendu à ce militant nationaliste de la première heure. Adressant un message de condoléances à Mme Hélène El Youssoufi, veuve du défunt, S.M. le Roi Mohammed VI a déploré le décès d’un «grand militant», dont la  disparition constitue «une perte considérable, non seulement pour sa famille, mais aussi pour son pays, le Maroc, qui perd l’un de ses hommes les plus valeureux».
Incarnant aussi bien la lutte contre l’occupant que le militantisme pour les droits de l’Homme et la réforme politique, le défunt est considéré comme l’un des architectes de l’Alternance et de la transition démocratique au Maroc. Dans son messages de condoléance, le Souverain souligne d’ailleurs qu’«un pan entier de l’Histoire du Maroc contemporain porte la marque de sa personnalité singulière et de son style unique d’homme fidèle et loyal, clairement attaché aux principes et guidé par un sens éminent des responsabilités».
Le défunt, qui fut membre du secrétariat général de l’Union nationale des forces populaires, qui va devenir en 1975 l’Union socialiste des forces populaires (USFP), s’est distingué, aux côtés de feu Abderrahim Bouabid, secrétaire général du parti de l’USFP, en tant que l’un des leaders incontestés du mouvement socialiste au Maroc. Il prendra d’ailleurs la relève à la tête de l’USFP suite au décès de son leader historique en 1992. Le 4 février 1998, Feu S.M. le Roi Hassan II le charge de former le gouvernement d’alternance qu’il présentera au Souverain le 14 mars de la même année. Se distinguant par sa compétence et son sérieux, S.M. le Roi Mohammed VI lui accorde sa confiance en le maintenant à la tête du gouvernement après le décès de S.M. le Roi Hassan II. Le Souverain lui rendra d’ailleurs un hommage remarquable avant qu’il ne soit reconduit dans ses fonctions de Premier ministre dans le gouvernement formé le 6 septembre 2000.
Au cours de ces décennies de militantisme, le défunt a pu gagner le respect de tous les Marocains. Le Souverain, dans son message de condoléance dit avoir «une pensée émue et déférente pour le défunt aux grandes qualités humaines». Relevant que  «son patriotisme sincère ne se démentit jamais au cours des décennies de son action militante», Sa Majesté le Roi Mohammed VI a surtout loué son abnégation et son attachement aux constates du Royaume. «Son parcours fut voué à la défense des droits de l’Homme et sa vie politique fut jalonnée d’énormes sacrifices. Mu par un dévouement ardent au service des intérêts supérieurs de la Patrie, il a toujours témoigné un attachement inébranlable au Glorieux Trône Alaouite, un loyalisme sans faille aux symboles sacrés et aux constantes de la Nation».
Le Souverain avait d’ailleurs toujours tenu à rendre hommage à l’homme de son vivant et à plusieurs reprises. En effet, il avait inauguré, à Tanger, une avenue portant le nom du défunt, en hommage à son patriotisme. Un hommage qui allait se renouveler en 2019. Le Souverain, Chef suprême et Chef d’État-major général des FAR, présidant à Tétouan la cérémonie de prestation de serment de 1.839 officiers lauréats des différents instituts et écoles militaires et paramilitaires et officiers issus des rangs, dont 283 officiers femmes, avait baptisé cette promotion du nom de défunt, en hommage à ses principes immuables de patriotisme, d’attachement aux symboles sacrés de la Nation et à l’intégrité territoriale du Royaume. 

La famille Aït Ahmed et le FFS rendent un «vibrant hommage» à feu El Youssoufi

La famille du défunt Hocine Aït Ahmed et le Front des forces socialistes (FFS) ont rendu un hommage appuyé à l’ex-Premier ministre, Abderrahmane El Youssoufi, décédé vendredi à l’âge de 96 ans, rapportent dimanche des médias algériens. «La disparition de feu Maître Abderrahmane El Youssoufi nous a profondément affectés. Il faisait en quelque sorte partie de notre famille. De nos souvenirs. Djamila, l’épouse de Hocine Aït Ahmed, le pleure aujourd’hui. Elle a gardé contact avec M. El Youssoufi en prenant de ses nouvelles très régulièrement par téléphone, perpétuant ainsi le lien qui unissait M. El Youssoufi à Hocine Aït Ahmed, un lien indéfectible qui s’est forgé tout au long de décennies de luttes communes anticoloniales pour la démocratie et les droits humains», écrit la famille dans un message de condoléances adressé à la famille de feu El Youssoufi. Notant que «les deux hommes partageaient le même rêve : l’avènement d’un Maghreb démocratique», la famille rappelle comment l’ancien Premier ministre, avocat de son état, s’était déplacé à Alger en 1965 en compagnie d’autres avocats marocains comme Maâti Bouabid, Abdelkrim Benjelloun ainsi que Maître Abdelhadi Baraka pour défendre le défunt leader historique alors qu’il comparaissait devant la Cour de sûreté de l’État dans la foulée de la répression qui s’était abattue contre le FFS. «En vain. Car la Cour criminelle révolutionnaire venait de prononcer le huis clos. Hocine Aït Ahmed a été condamné à mort non sans avoir assuré sa propre défense», rappelle-t-elle, ajoutant que «la présence à Alger de Maître Abderrahmane El Youssoufi, en cette période troublée, en dit long sur l’éthique et le courage de cet infatigable avocat de la cause maghrébine». Le message souligne que malgré des soucis de santé, El Youssoufi a tenu à se déplacer en 2015 à Alger pour rendre hommage à son compagnon de route qui venait de décéder. La famille raconte aussi que «la fouille délibérée et humiliante, orchestrée par le régime, dont Si El Youssoufi a été victime à son arrivée à l’aéroport Houari Boumediene, ne l’a pas empêché de se rendre au siège du FFS pour présenter ses condoléances et nous honorer de sa présence. Fidélité toujours», évoquant également le voyage d’Aït Ahmed au Maroc en 1992 à l’occasion du 40e jour du décès de Abderrahim Bouabid, ancien SG de l’USFP, à qui El Youssoufi avait succédé.
Pour sa part, le Premier secrétaire du FFS, Hakim Belahcel, a indiqué dans un communiqué que «le décès du grand militant et nationaliste feu Abderrahmane El Youssoufi est une perte, non seulement pour son honorable famille, pour son pays, mais également pour tout le Maghreb qui vient de perdre un de ses leaders historiques et un de ses militants les plus engagés ayant mené le combat de libération anticolonial et milité tout au long de sa vie en faveur de la liberté et de la démocratie.» 

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Témoignages

Jack Lang : Feu Abderrahmane El Youssoufi, un grand homme d’État et un serviteur exemplaire du Royaume du Maroc

Feu Abderrahmane Youssoufi était «un grand homme d’État» et «un serviteur exemplaire du Royaume du Maroc et du peuple marocain», a indiqué le président de l’Institut du monde Arabe, Jack Lang, qui affirme avoir appris avec «un immense chagrin» la nouvelle de sa disparition. «J’apprends avec un immense chagrin la disparition d’Abderrahmane El Youssoufi. C’était un grand homme d’État. Il était aussi un serviteur exemplaire du Royaume du Maroc et du peuple marocain», indique M. Lang dans une déclaration transmise samedi à la MAP. «J’avais eu le bonheur de le rencontrer pour la première fois en 1998 en qualité de président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, quelques semaines après son accession à la fonction de Premier ministre à la tête d’un gouvernement de coalition. Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, j’avais reçu mandat du Premier ministre Lionel Jospin de me rendre à Rabat et de saluer le nouveau Premier ministre au nom de la France. Ce moment partagé fut spécialement émouvant», affirme M. Lang. «Avec ce gouvernement de coalition s’ouvrait une aire nouvelle sous l’impulsion du Roi Hassan II. Ce fut le premier pas vers des changements plus profonds opérés plus tard par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui ont ouvert pleinement le Maroc aux libertés et à la démocratie», poursuit le président de l’IMA, qui souligne qu’«au demeurant, S.M. le Roi Mohammed VI a souvent associé Abderrahmane El Youssoufi a de grands événements». «Abderrahmane El Youssoufi bénéficiait d’une autorité internationale et du respect profond du peuple marocain. Il s’imposait par son élégance intellectuelle, son humanisme authentique, sa passion de la tolérance et de l’ouverture», souligne M. Lang qui a tenu à présenter, en tant que président de l’Institut du monde arabe, «ses condoléances affectueuses à son épouse et à sa famille ainsi qu’aux citoyens marocains». L’ancien Premier ministre, Abderrahmane El Youssoufi, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Casablanca, à l’âge de 96 ans, ont annoncé ses proches.

Un «infatigable homme de gauche» qui se distinguait par sa vision du temps long

L’ancien Premier ministre Abderrahmane El Youssoufi, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Casablanca, à l’âge de 96 ans, était un «infatigable homme de gauche qui se distinguait par sa vision du temps long», a affirmé le journaliste et politologue Abderrahim Hafidi. Feu El Youssoufi, qui a connu les affres de l’exil dans les années 1960, «fut un infatigable homme de gauche plus sensible et proche de Pierre Mendès France et d’Edgard Faure que de Guy Mollet dans son long compagnonnage de l’International socialiste», a relevé M. Hafidi en réaction à la disparition de Me El Youssoufi qui avait été à la tête du gouvernement d’alternance. «Son ami, un autre “Mendésiste”, journaliste engagé et plume alerte, Jean Lacouture, disait de lui qu’il incarnait “la Noblesse marocaine et l’élégance française !”», a-t-il dit, ajoutant qu’«à cela, il faut ajouter la “touche” espagnole, étant originaire de Tanger». Feu El Youssoufi «se distinguait du lot des dirigeants de gauche marocains, pressés par la convoitise vorace du pouvoir, par sa vision du temps long, chère au grand historien Fernand Braudel, car il avait saisi que “le temps du Maroc”, sédimenté avec une Monarchie de la longue durée, exige une patience devant l’accélération vertigineuse de l’histoire», a souligné le politologue. Il avait ainsi familiarisé la gauche avec l’exercice périlleux du pouvoir qui exige en retour l’abandon des vieilles lunes pour se frotter à la vie et ses contingences, a ajouté M. Hafidi, notant que feu El Youssoufi était un homme d’éthique qui «s’est retiré du pouvoir et de ses habitudes comme il y est venu : discret et modeste !» Abderrahim Hafidi s’est dit, à cette occasion, convaincu que le Maroc réel saura rendre à feu El Youssoufi l’hommage qu’il mérite.

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