Le Matin : Beaucoup d’enfants souffrent de troubles du sommeil dans les circonstances actuelles. Comment expliquez-vous cette situation ?
Imane Oukheir : Les troubles du sommeil suite à la période du confinement peuvent être expliqués par l’état d’anxiété par lequel sont passés beaucoup d’enfants suite au Covid-19, la sédentarité et le manque d’activité physique et de sorties, l’alimentation mal équilibrée au cours de cette période chez beaucoup d’enfants avec un excès de sucreries. Ces troubles sont aussi dus au bousculement de l’horloge biologique par les changements d’heure et l’absence des contraintes de se coucher et de se lever à heures fixes. Il y a aussi l’utilisation abusive des écrans au cours du confinement, la perte des repères et la modification du rythme de vie.
Quels sont les troubles du sommeil les plus fréquents chez l’enfant ?
À la suite du confinement, un grand nombre d’enfants ont développé des troubles du sommeil, dont les plus fréquents sont l’insomnie et les difficultés d’endormissement, les épisodes de cauchemar et de terreur nocturne, le décalage du rythme veille-sommeil avec une somnolence diurne, le retour au lit parental avec des rituels de coucher complexes ou une opposition au coucher, la phobie du noir et des épisodes d’énurésie nocturne.
Quelles sont les conséquences des perturbation du rythme du sommeil sur l’enfant ?
Pour mieux comprendre les éventuelles répercussions des troubles du sommeil, on devrait commencer par les fonctions du sommeil chez l’enfant qui sont la reconstitution des réserves énergétiques, la stimulation du système immunitaire et de croissance, la maturation et le développement du cerveau, la programmation génétique du comportement et finalement la mémorisation des informations acquises durant la journée et la restauration de l’appareil psychique. Une mauvaise qualité de sommeil peut avoir des répercussions sur la santé mentale de nos enfants, à savoir les exposer à des troubles anxiodépressifs. Ils peuvent développer des troubles de comportement et des état d’agitation psychomotrice. Le manque de sommeil peut aussi altérer la concentration et le fonctionnement de leur mémoire et engendrer des troubles d’apprentissage.
Combien d’heure doit dormir un enfant en moyenne ?
Les besoins de sommeil chez l’enfant varient selon l’âge. À un an, l’enfant a besoin de 14 h de sommeil, dont deux siestes dans la journée. Le besoin de sieste est réel jusqu’à l’âge de 4 ans, puis disparaît entre 4 et 6 ans. De l’âge de 6 à 12 ans les besoins passent à 11 h, à la puberté les besoins en sommeil se situent entre 8 et 12 h.
Comment aider les enfants à retrouver leur rythme de sommeil ?
Plusieurs mesures sont à mettre en place pour permettre aux enfants de retrouver une bonne qualité de sommeil. Au cours de la journée, les enfants ont tendance à rester allongés, à faire leurs activités dans le lit. Il faudrait les invités à garder le lit juste pour le sommeil ou bien la sieste et choisir un autre coin de la chambre ou de la maison pour travailler ou faire leurs activités.Même quand ils sont en vacances, les enfants doivent instaurer certains rituels de vie concernant l’heure de sommeil, de réveil et de repas. Si nos enfants ont passé une mauvaise nuit de sommeil, on ne devrait pas les laisser traîner au lit, sinon le scénario risque de se reproduire. Il faudrait apprendre à nos enfants à limiter l’exposition aux écrans le soir au minimum (2 h ou 1 h 30 avant le sommeil). On pourrait instaurer des rituels simple le soir pour les aider à se relaxer et à rendre la nuit plus propice au sommeil, comme lire des histoires, écouter de la musique relaxante ou leur faire des câlins. Il faut aussi gérer l’environnement de l’enfant le soir pour faciliter l’endormissement, notamment en assurant un environnement calme avec le respect de leur intimité et des conditions physiques confortables, comme la température fraîche de la chambre qui doit être sombre, sauf pour les enfants qui ont peur du noir pour lesquels on peut laisser une lumière tamisée. Pour aider les enfants à vaincre leur sentiment d’anxiété qui règne depuis quelques temps, il faudrait les inviter à s’exprimer autour de leurs inquiétudes et leur apprendre à gérer leurs émotions et les rassurer autant que possible.
Propos recueillis par Nadia Ouiddar