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Les médias jouent un rôle primordial dans la sensibilisation des jeunes

Le Bureau de l’Unesco pour le Maghreb, en partenariat avec la représentation de l’UNFPA au Maroc, a organisé le 15 juillet un webinaire intitulé «Le rôle des médias dans la sensibilisation à l’importance des programmes pédagogiques liés à une éducation sexuelle complète (ESC)». Les intervenants à ce webinaire ont débattu du rôle des journalistes dans la promotion de l’ESC.

Les médias jouent un rôle primordial dans la sensibilisation des jeunes

«Les médias ont un rôle primordial pour lever les tabous sur l’éducation sexuelle». C’est ce qu’a annoncé Golda El-Khoury, directrice et représentante du Bureau Multipays de l’Unesco à Rabat, dans un séminaire organisé le 15 juillet par son bureau en partenariat avec la représentation du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) au Maroc. 
Intitulée «Le rôle des médias dans la sensibilisation à l’importance des programmes pédagogiques liés à une éducation sexuelle complète (ESC)», cette rencontre a souligné l’importance de promouvoir des programmes pédagogiques d’ESC effectifs et adaptés à chacun des publics cibles. Au Maroc, l’âge du mariage recule, 31,9 ans pour les hommes et 25,5 ans pour les femmes jusqu’en 2018, et l’initiation à la vie sexuelle commence à 16 ans pour les garçons et 17 ans pour les filles. Ces constats montrent la nécessité de sensibiliser aux questions de la santé sexuelle et la lutte contre la stigmatisation. 
L’information des jeunes, de façon massive, sur les ressources existantes en matière d’ESC est aussi importante. Selon Joanna Herat, spécialiste principale de programme en Santé et Éducation, Unesco, «les jeunes se retrouvent face à un tsunami de messages, d’informations et d’idées contradictoires parfois négatifs et déroutants. Ces messages qui portent sur la valeur, la moralité, les relations représentent un contexte très compliqué pour eux». Selon cette spécialiste, les jeunes sont souvent exacerbées par la gêne et le silence. Les adultes doivent alors échanger avec eux via des méthodes éducatives au sein de la famille et à travers les médias. «Nous devons faire de notre mieux pour préparer les jeunes à une vie productive et épanouissante, d’autant plus qu’on vit dans un monde où il y a les MST, le mariage précoce, les violences basées sur le genre...», souligne-t-elle. Le processus d’enseignement et d’apprentissage a des côtés cognitifs, émotionnels et sociaux qui font partie de la sexualité.
L’ESC permet de donner aux jeunes les compétences pour bien vivre leur sexualité, respecter leur santé et comprendre leurs droits.
«Il faut bien que les jeunes comprennent à quel point les notions du genre sont importantes pour la liberté, les relations sociales et aussi la sécurité», explique Johanna Herat. Pour elle, l’éducation sexuelle complète donne aux jeunes plusieurs compétences sur la santé. «Ils apprennent comment demander certaines choses à un médecin, comment demander de l’aide, comment négocier le consentement dans une relation». L’ESC comporte également l’enseignement classique de l’anatomie du corps humain et la partie concernant la sexualité et le comportement sexuel. «Je suis souvent étonnée de voir dans des cursus scolaires qu’on parle de prévention de grossesse précoce et de VIH sans parler de relation sexuelle», souligne la spécialiste de l’Unesco. L’ESC permet d’aborder la santé sexuelle et reproductive. Néanmoins, selon Johanna Herat, il faut inscrire cette éducation sur la durée. Les jeunes doivent apprendre à en discuter avec leurs amis, grands-parents... Ils doivent savoir comment poser les questions les plus compliquées et comment avoir des objectifs d’apprentissage adaptés à chaque âge. 
Ces compétences peuvent être acquises grâce au soutien des médias qui véhiculent les bons messages et invitent les spécialistes à partager leurs connaissances. «Cela fait 20 ans que je vois quotidiennement des gens qui parlent de la sexualité. Je suis témoin de l’évolution de la mentalité marocaine concernant les problèmes sexuels.
Aujourd’hui, les hommes et femmes mariés et célibataires sont conscients de l’importance de la sexualité. C’est une cause principale du divorce. De fait, on en parle beaucoup plus», témoigne 
Amal Chabach, médecin sexologue et thérapeute du couple et de la famille. Cette spécialiste affirme que son expérience qui date de 15 ans avec les médias marocains et internationaux s’est développée au fil du temps. «Avant, on collaborait sur la presse écrite. Cela fait 6 ans, on a commencé à faire des émissions sur la radio puis la télévision».
Pour Amal Chabach, il faut être formé pour discuter de la sexualité au risque de toucher la psychologie et de donner des idées erronées.
«Notre objectif est de passer l’information de façon équilibrée qui respecte les idées des gens.
L’éducation et la langue sont des facteurs importants pour parler de la sexualité. Il faut utiliser un nouveau dictionnaire qui s’adapte à la réalité pour donner des idées constructives. Grâce à ceci, on a pu parler de tous les problèmes sexuels et des perversions sans tabou sur la télévision. La manière d’expliquer est un véritable challenge. On donne des idées aux gens pour qu’ils construisent leurs vies sur des choix personnels», souligne-t-elle. 
Amal Chabach, comme les autres spécialistes, œuvre pour promouvoir une éducation sexuelle complète basée sur le respect et la confiance. C’est ainsi qu’on peut avoir une vie épanouie, fonder une famille et lutter contre les préjugés. 

L’éducation sexuelle complète doit se poursuivre en confinement

Selon Johanna Herat,  des recherches ont montré qu’au contraire des préjugés, l’éducation sexuelle complète (ESC) a plusieurs  effets positifs comme le recul de l’âge des premiers rapports sexuels et la réduction du nombre des partenaires sexuels. L’ESC aide à  diminuer les pratiques à risque et favorise l’utilisation des moyens de contraception. La spécialiste  a aussi souligné  l’importance d’expliquer  aux jeunes le concept du genre. «Les programmes basés sur le genre sont plus efficaces que ceux parlant tout simplement des événements et des faits sans prendre en compte la différence entre les filles et les garçons». L’éducation sexuelle positive doit valoriser chaque personne et  donner l’occasion d’avoir une vie saine et épanouie. Johanna Herat a appelé  à  poursuivre les programmes de sensibilisation dans toutes les circonstances. «Nous encourageons l’éducation nationale de différents pays à continuer à répondre aux questions de santé et de bien-être en confinement et même si les enfants ne partent plus à l’école, car il ne faut pas imaginer que les jeunes ne sont pas en train d’avoir leur petite relation entre amis ou peut-être affectives à travers le téléphone et internet. Il faut bien veiller et trouver des partenariats avec la société civile pour être sûr que les jeunes gèrent bien leurs relations durant cette période».

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