Les priorités du plan de relance économique au Maroc et le rôle que jouera notamment le Fonds Mohammed VI pour l’investissement ont été présentés par le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, lors d’une conférence virtuelle, tenue mercredi, à l’occasion des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. L’avènement de la pandémie Covid-19 a mis en évidence un certain nombre de fragilités au Maroc et a obligé les pouvoirs publics à revoir les priorités du moment, a indiqué M. Benchaâboun expliquant que le gouvernement a concentré ses efforts sur trois axes énoncés récemment par S.M. le Roi Mohammed VI dans un discours à l’ouverture du Parlement.
Il s’agit, a relevé le ministre lors de cet événement dédié à «l’Expérience du Maroc en réponse à la crise de la Covid-19», de trois priorités, dont la première revêt un caractère social. M. Benchaâboun a cité, à ce propos, la nécessité de «renforcer les filets sociaux à une vitesse suffisamment forte pour que l’ensemble des Marocains puissent disposer d’une assurance maladie, d’un régime de retraite et d’une allocation familiale en fonction du nombre d’enfants et de la taille de chaque famille». «Ce programme va démarrer au 1er janvier de l’année prochaine et le Maroc en a fait une priorité absolue», a-t-il souligné, notant qu’il constitue «un challenge extraordinaire» du fait qu’il faudra intégrer 22 millions de Marocains à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) en deux ans.
Le deuxième axe, a poursuivi le ministre, a trait à la relance économique qui s’impose «du fait des perturbations qui ont touché un certain nombre de secteurs», notamment ceux en lien avec l’environnement extérieur, comme le tourisme. «Nous avons essayé de faire en sorte qu’un plan de relance économique soit érigé en priorité et qu’il soit original dans la manière avec laquelle il doit être conduit», a fait savoir M. Benchaâboun, notant qu’une enveloppe globale de 11% du PIB a été mobilisée pour relancer l’économie. «Ces 11% se répartissent de la manière suivante : 7% qui seront dédiés à tout ce qui concerne les garanties accordées par l’État à l’économie, et 4% du PIB qui sont consacrés à un fonds d’investissement stratégique, à savoir le Fonds Mohammed VI d’investissement», a-t-il précisé.
M. Benchaâboun a ajouté que le tiers du Fonds sera couvert par des dotations budgétaires, et deux tiers à travers les bailleurs de fonds et les partenaires du Royaume. «Ce fonds interviendra de façon rapide pour injecter dans l’économie les fonds nécessaires qui servent à relancer l’investissement et interviendra par tous les mécanismes classiques de financement, y compris le capital-investissement, outre un volet d’investissement dans les infrastructures à travers les partenariats public-privé», a-t-il relevé.
Pour ce qui est de la troisième priorité du Royaume, elle concerne la réforme du secteur public, a indiqué M. Benchaâboun, expliquant qu’il s’agit de «restructurer tout ce qui tourne autour des établissements publics, et de créer une agence nationale des participations stratégiques de l’État». Tout cela, a-t-il noté, se fera «en gardant un œil vigilant sur l’équilibre macroéconomique, que ce soit en matière de déficit ou d’endettement».
Évoquant le rôle des partenariats public-privé dans la relance économique, le ministre a fait remarquer que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement n’interviendra pas de manière directe dans les secteurs de l’économie, mais plutôt à travers un certain nombre d’intermédiaires classiques, comme les banques. «L’idée n’est pas d’entrer dans le capital des entreprises ou de les étatiser, bien au contraire, il s’agit de redynamiser l’entreprise, lui donner des moyens de renforcer son bilan pour qu’elle puisse justement accéder au financement nécessaire pour continuer à investir et créer des emplois et que la dynamique économique de notre pays ne s’arrête pas», a-t-il conclut.
Cette conférence a été animée par le directeur du département Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, qui a rappelé notamment que face à l’actuelle crise sans précédent, le Maroc a réagi de manière «exemplaire, rapide et déterminée» à travers notamment des «initiatives d’envergure» pour soutenir les entreprises et les ménages. Prévues jusqu’au 18 octobre, les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale réunissent des acteurs d’horizons divers – dirigeants du secteur public et du secteur privé, représentants d’organisations de la société civile, experts issus des milieux universitaires – autour de grands dossiers mondiaux : pandémie, endettement, lutte contre la pauvreté, développement économique, efficacité de l’aide, changement climatique...