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Le Mouvement populaire qualifie de positif le rôle joué par le ministère de l’Intérieur

Le Mouvement populaire (MP) à l’instar des autres formations politiques qualifie de positives les consultations actuelles chapeautées par le département de l’Intérieur au sujet de l’organisation des prochaines échéances électorales. Mais qu’en est-il du mémorandum de ce parti ? Voici quelques éléments de réponses.

Le Mouvement populaire qualifie de positif le rôle joué  par le ministère de l’Intérieur
Mohand Laenser.

Lors de sa dernière réunion, le bureau politique du Mouvement populaire a exprimé de nombreuses positions en lien avec l’actualité politique. Outre la défense du ministre Haraki dirigeant le portefeuille de l’Éducation nationale, Saaïd Amzazi, la direction du parti s’est exprimée sur les consultations ayant lieu au sujet des prochaines élections. «Après avoir passé en revue les développements des consultations en cours sur la préparation des prochaines échéances électorales : les élections professionnelles, les communales, les régionales et les élections législatives, le parti salue le caractère qualitatif de ces consultations menées par le ministère de l’Intérieur avec les partis politiques en toute neutralité».
Le parti relève également la détermination collective pour le succès de cette étape électorale en tant que maillon essentiel pour la consolidation du parcours démocratique dans notre pays. L’enjeu est de taille. Il s’agit en effet de permettre l’émergence d’institutions crédibles à même de traduire une carte électorale qui incarne la volonté des citoyens et citoyennes, et qui soit à la hauteur des défis de développement du Maroc, souligne le Mouvement populaire dans un communiqué publié à l’issue de la dernière réunion de son bureau politique. Plus globalement, le bureau politique du MP plaide pour «un système électoral qui consolide la pluralité politique, qui renforce le choix régional, qui permet de dégager des institutions crédibles et qui garantit une large participation». Des idées que le secrétaire général du parti, Mohand Laenser, explique dans un entretien accordé à notre journal (voir entretien).
Le MP, à travers son bureau politique, souligne ainsi la nécessité d’accompagner les échéances électorales avec un débat politique sérieux et des réformes économiques, sociales, des droits de l’Homme et des réformes culturelles à fort impact. «Le Mouvement populaire renouvelle son plaidoyer pour ce qui est contenu dans son mémorandum comportant des propositions visant le renforcement de l’arsenal juridique électoral à travers des règles qui traduisent le pluralisme politique électoral et consolident le choix de la régionalisation dans la compétition électorale. Un cadre qui conforte la place des compétences féminines et des jeunes, un cadre qui permette d’élargir la participation territoriale et de renforcer le lien entre les élus et leurs circonscriptions. Un cadre juridique qui prenne en compte les particularités locales dans la gestion et l’encadrement de la gestion administrative et technique des campagnes électorales, et qui assure la participation ainsi que la représentativité des Marocains du monde», propose le parti.
Dans le même cadre, le parti exprime sa volonté de suivre les développements relatifs à la réforme du Code électoral. Ce qu’il va concrétiser en initiant des ateliers dont l’objectif est l’amélioration du système juridique relatif aux collectivités territoriales, au Parlement et aux Chambres professionnelles. Une amélioration qui va s’inspirer des enseignements de la pratique électorale, notamment au cours de l’actuel mandat. 
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Mohand Laenser : «Les positions des partis ne sont pas extrémistes et on arrivera peut-être 
à un consensus»

Dans un entretien accordé au «Matin», le secrétaire général du Mouvement populaire explicite la position de son parti s’agissant du cadre juridique électoral. Il revient également sur les consultations menées par le ministère de l’Intérieur avec les différentes formations politiques et la philosophie qui les sous-tend.​

Le Matin : Lors de sa dernière réunion, le bureau politique du Mouvement populaire a qualifié de positives les consultations menées avec le ministère de l’Intérieur au sujet de la révision du dispositif juridique électoral. Qu’est-ce qui explique une telle appréciation ? 
Mohand Laenser : Oui. En fait, le ministère de l’Intérieur pouvait avoir trois positions différentes : venir avec des propositions en disant voilà les révisions que le département de l’Intérieur suggère. Bien sûr, on peut les voter au Parlement ou les refuser. Ou bien dire, le statu quo ne dérange pas et on maintient le dispositif existant. La troisième attitude, celle qu’il a adoptée, et je pense que c’est la plus positive, en disant que c’est aux partis de voir s’ils veulent changer ou amender des dispositions juridiques électorales. Il dit, nous sommes les techniciens qui mettons en œuvre vos propositions. C’est cette position qui a été adoptée et qui a permis aux formations politiques d’élaborer des propositions. Vous le savez, le système électoral est très vaste et on peut proposer des amendements depuis l’inscription sur les listes électorales jusqu’à après la proclamation des résultats, c’est-à-dire le contentieux électoral. Donc, effectivement, il y a eu des propositions formulées et le ministre de l’Intérieur continue à adopter cette position en disant que si vous, en tant que partis, vous parvenez à un accord sur des propositions, je les prends et le ministère se chargera de leur mise en œuvre. Si ce n’est pas le cas, c’est aux partis de se mettre d’accord ou d’aller au Parlement pour trancher.

Donc, actuellement, à quel stade se trouvent les consultations ? Est-ce qu’il va y avoir d’autres rencontres avec le département 
de l’Intérieur ?

Les rencontres avec le ministère de l’Intérieur vont se poursuivre. Mais vu qu’il s’est entretenu avec l’ensemble des partis séparément, puis par groupes (opposition-majorité), je pense que maintenant nous sommes en train d’échanger entre formations politiques. Il y a eu effectivement une réunion qui regroupait tous les partis représentés au Parlement avec le Chef du gouvernement. En principe il devrait y avoir une seconde réunion cette semaine avec ces mêmes formations. Car sur plusieurs points, les positions des uns et des autres sont assez proches. Bien sûr, il y a des points de divergence de taille et c’est ce que nous sommes en train de discuter pour voir s’il y a moyen de rapprocher les points de vue.

Est-ce qu’il n’y pas une action pour rapprocher d’abord les points de vue des partis membres de l’actuelle majorité ?
Non. Pour les partis de la majorité, je pense que leurs positions sont alignées sur les questions les plus importantes. En fait, pour être honnête, les deux questions qui restent à trancher sont celles du quotient électoral et de la nature des listes des jeunes et des femmes. Ce sont les deux questions qui restent en suspens. Mais même à ce niveau, je dirais qu’au sein des différents partis, les positions ne sont pas extrémistes et peut-être qu’on arrivera à trouver un consensus.

Vous pensez donc qu’il est possible d’arriver à ce niveau à un consensus très prochainement ?
Oui, c’est possible. Mais au cas où on n’y arriverait pas, dans le cadre de la démocratie, c’est au Parlement de trancher. Il s’agit de textes importants et d’élections. Le Parlement aura son mot à dire et sera amené à jouer son rôle.

S’agissant du Mouvement populaire, peut-on avoir une idée sur les principales propositions exprimées lors des discussions avec le ministère de l’Intérieur, contenues dans le mémorandum qui lui a été adressé ?
Nous avons abordé plusieurs questions. Par exemple concernant l’inscription sur les listes électorales, nous avons constaté que depuis que le système a été changé, les électeurs ne peuvent s’inscrire que dans la commune de résidence. On s’est aperçu qu’il y a un problème pour les candidats. Car ils peuvent se porter candidats même dans des communes où ils ne résident pas, telles que les communes où ils sont nés par exemple. Or ils ne peuvent pas voter, dans ces cas, dans la circonscription dans laquelle ils souhaitent être élus. Nous trouvons que c’est anormal. Un candidat doit au moins avoir le droit de voter dans la commune où il est candidat. Nous nous sommes aussi exprimés au sujet des contestations relevées durant les campagnes électorales. Le fait d’utiliser les symboles de la nation peut motiver un contentieux électoral,  ce qui n’est pas normal. On est Marocain tout le temps, sauf lors de la campagne électorale. Nous avons également soulevé le problème du déroulement des élections dans le monde rural où les bureaux de vote sont souvent éloignés des électeurs qui ont du mal à s’y rendre, ce qui n’est pas non plus du tout normal.
Puis nous sommes passés à des propositions relatives au jour J. On a proposé que les élections ne se déroulent pas au cours des trois derniers jours de la semaine, car cela peut pousser beaucoup de votants, notamment parmi les fonctionnaires et les salariés, à tenter de profiter des facilités offertes pour le vote et aller faire autre chose. D’autant que nous avons un problème d’abstention. Il y a aussi la question des listes nationales. Nous proposons qu’elles soient adoptées plutôt au niveau régional. Nous estimons que pour que les femmes puissent participer à la campagne électorale il vaudrait mieux qu’elles le fassent au niveau de la région, là où elles sont connues, puisque c’est leur fief. Par contre, dans une liste nationale, il est difficile aux femmes de faire campagne sur le plan national et sillonner tout le Maroc. Aussi, il y a le problème du quotient électoral. Nous avons remarqué que le système actuel, qui ne tient compte que du vote exprimé et validé, aboutit à des situations où il y a un déséquilibre entre le poids des votes et le nombre des sièges obtenus. On a vu des taux complètement disproportionnés par rapport à la réalité.

Qu’en est-il de la question traditionnelle qui se pose lors de chaque élection, à savoir le mode électoral à adopter ? Sachant que le MP a toujours plaidé pour revenir à l’uninominal ?
Oui, nous avons toujours défendu l’uninominal et nous continuons à considérer que le système de liste actuel n’est pas un véritable système de liste. Car les listes actuelles sont courtes, étriquées, comportent seulement deux à quatre candidats, ce n’est donc pas un véritable système de liste. Mais comme les Marocains sont maintenant habitués à un tel système depuis quatre législatures, nous n’avons pas proposé de changements dans ce sens.

Qu’en est-il de la représentativité des Marocains résidant à l’étranger, point qui semble également un sujet de divergences entres les formations politiques ?
Effectivement, c’est une question qui s’est posée. Je dirais que c’est un problème d’équité. L’ennui c’est que l’expérience des circonscriptions électorales des pays de l’étranger qui a déjà été testée par le passé a montré ses limites. Nous avons donc préféré que la représentativité des MRE ait lieu au sein de la Chambre des conseillers et que la candidature soit laissée à l’appréciation des partis politiques. Nous avons déjà vu des expériences où les partis ont pu les intégrer en présentant des MRE soit dans des circonscriptions de base directe, soit sur les listes. Nous préférons donc que ce soit les partis, en fonction de leur appréciation, implication et implémentation, qui le fassent. Par contre, nous avons proposé qu’il y ait un collège des MRE au sein de la deuxième Chambre, même si c’est un peu difficile, car le cas échéant,  il faudra toucher à la Constitution. Le problème c’est que la Constitution fixe le nombre des sièges à 120 à la Chambre des conseillers et pour ajouter un collège il faut changer tout le système.

Pensez-vous qu’avec les divergences actuelles des positions des formations politiques sur différents points on arrivera à amender le Code électoral à temps ?
Le Code électoral a toujours été amendé à la veille de chaque échéance électorale. Effectivement, les divergences continueront certainement parce qu’on n’arrivera pas à mettre 35 partis sur la même longueur d’onde. Bien sûr, l’idéal c’est de chercher, quand même, un consensus sur une question aussi importante que les élections, mais si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas un drame. Il y aura des propositions qui seront amenées devant le Parlement et c’est à l’institution législative de trancher. 

Propos recueillis par B.M.​

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