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Les mystères du processus créatif dans les œuvres de Saïd Afifi

Saïd Afifi est un artiste plasticien et vidéaste diplômé de l’Institut national des beaux-arts de Tétouan en 2008 et du Cégep de Matane en 2010, dans la spécialité Production numérique. Sa démarche plastique consiste à explorer les nouvelles technologies en faisant évoluer ses œuvres entre installations interactives, photographie, dessin ou vidéo, et ce en se concentrant sur la question du chaos du réel.

Les mystères du processus créatif dans les œuvres de Saïd Afifi

«Est-ce que la réalité perçue par mes sens est bien celle du monde tel qu’il est ? Quelle est la place de l’imagination dans la façon dont j’interprète la réalité ? Comment se fait-il que certains soient devenus les maîtres de nos doutes et jouent avec nos craintes, et conditionnent nos comportements en maîtrisant nos interrogations ?» Des questions que se pose l’artiste par le biais de ses travaux qui ont été ponctués de multiples recherches, comme sa collection «Transmission» en 2013, fruit d’un long processus de réflexion  sur la quadrature du cercle et sur la symbolique de la géométrie dans la religion, qui a été un vrai tournant dans la carrière artistique de Saïd Afifi.
Sa passion pour le cinéma, l’art vidéo et les technologies numériques le pousse à expérimenter des protocoles de réalisation d’une grande sophistication, comme dans l’installation immersive en 3D Yemaya, en utilisant le procédé technique de la photogrammétrie utilisé dans les domaines de la géologie et de l’architecture. S’en sont suivis plusieurs projets, notamment celui d’«Outside my land» où il introduit le dessin, la photographie et la vidéo, en mettant en place un dispositif d’observation minutieuse de l’état des lieux de la Terre par un prisme scientifique, notamment à l’aide de certaines applications telle que Google Earth. «C’est une odyssée poétique qui se matérialise par une déambulation méditative et contemplative dans les différentes strates de la géomorphologie de la planète terre, il s’agit en l’occurrence d’une retranscription de ces lieux (montagnes, sommets enneigés et lieux vierges...) en espaces mentaux et fictifs, mais aussi ambigus et fantasmatiques».
Avec ces lieux déterritorialisés, Saïd Afifi se dit particulièrement bouleversé par ce phénomène de l’état changeant du paysage. «Je précipite en retour un geste de pétrification de certains paysages en captation d’écran, en ayant dans l’esprit leur dynamique et le risque  d’impérennité». Cette recherche et bien d’autres l’ont mené à être sollicité aux côtés d’autres artistes, en 2019, pour faire partie de la Carte Blanche octroyée à Mohamed El Baz dans l’exposition collective intitulée «La Forêt», dans le cadre de la première Biennale de Rabat «Un Instant avant le monde», réalisée par la Fondation nationale des musées.
Par ce choix, Mohamed El Baz a invité le public à réfléchir à la genèse des œuvres d’art ainsi qu’aux nombreux mystères du processus créatif. C’est ce que rappellent «les paysages capturés par l’artiste, véritables odyssées lyriques, qui invitent le spectateur à une prise de conscience quant au caractère éphémère de notre planète ainsi qu’à l’importance d’en respecter le rythme de vie». C’est le cas de Saïd Afifi, épris d’archéologie et de lieux futuristes aux accents post-apocalyptiques, qu’il met en scène dans des vidéos et des dessins aux architectures extrêmement élaborées des espaces-temps insaisissables dans lesquels le passé et le futur se côtoient indistinctement. 

Biographie

Natif de Casablanca et lauréat de prestigieux diplômes, Saïd Afifi est professeur à l’École supérieur des arts visuels de Marrakech et à l’Institut national des beaux-arts de Tétouan. Ses œuvres furent exposées au Maroc et à l’étranger, à savoir à la Biennale des jeunes créateurs de l’Europe et de la Méditerranée à Skopje (Macédoine, 2010), au Festival Vidéoforme à Clermont-Ferrand (France 2013). Son monde fantastique et surnaturel fascine par sa beauté et son étrangeté. C’est ce qui a permis à ses œuvres de figurer dans de nombreuses collections publiques et privées, dont le Musée de Bank Al-Maghrib et le Musée d’art contemporain africain Al Maaden (MACAAL).

En tête-à-tête avec l’artiste réalisé par l’équipe de l’Atelier 21

Votre état d’esprit actuel ?
Contemplatif.

La couleur dominante de votre palette ?
Le bleu ainsi que toutes ses nuances.

Un livre ?
«Vingt mille lieues sous les mers» de Jules Verne.

Une œuvre d’art ? 
«Le Cheval de Turin» de Béla Tarr.

Vos héros dans l’Histoire ? 
Les animaux. Chaque animal est doté d’une force surnaturelle, qui dépasse celle de l’Homme. Les oiseaux volent. Il y a quelque chose de fascinant dans ces pouvoirs qui leur ont été donnés.

Votre devise favorite ? 
«L’art et rien que l’art, nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité» de Friedrich Nietzsche.

L’artiste a-t-il pour mission d’éveiller les consciences ? 
Je pense que l’artiste n’a pas la prétention de s’investir d’une mission. Mais, par le biais de sa sensibilité, il est peut-être plus prédisposé à soulever des vérités qui fâchent.

Selon vous, quelles sont les causes les plus importantes à défendre pour la décennie à venir ? 
Je suis intimement convaincu que la cause la plus importante à défendre aujourd’hui est celle de l’écologie. C’est un sujet qui devrait faire graviter tous les secteurs d’activité : politique, économique, artistique...

Portez-vous désormais un autre regard sur notre pays et sur sa richesse ?
Manifestement ! La situation nous a tous éveillés à cette question du territoire, maintenant, la vraie question est : qu’allons-nous en faire ?

 

 

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