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Vers un nouveau contrat social pour un Maroc prospère et solidaire

L’élaboration d’un nouveau modèle de développement pour remédier aux insuffisances du modèle actuel est un chantier de règne qui mobilise l’ensemble des acteurs qui vont, en fin de compte, en être les bénéficiaires. La «Commission spéciale chargée du modèle de développement» prépare son rapport final qui sera prêt dans moins de six mois et qui tournera autour des sujets récurrents évoqués par plus de 6.200 contributions parvenues à la commission.

Vers un nouveau contrat social pour un Maroc prospère et solidaire

«Les dernières années ont révélé l’incapacité de notre modèle de développement à satisfaire les besoins croissants d’une partie de nos citoyens, à réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. C’est la raison pour laquelle nous avons appelé à sa réévaluation et à sa réactualisation. (…) À cet égard, nous avons décidé de mettre en place la commission spéciale chargée du modèle de développement...», avait déclaré Sa Majesté le Roi dans le discours du Trône du 29 juillet 2019.  La recherche d’un nouveau modèle de développement (NMD) est donc érigée en priorité chez  l’ensemble des décideurs, acteurs politiques, société civile qui se mobilisent sans relâche pour mener à bien ce projet. La mobilisation s’est intensifiée notamment depuis la nomination, le 19 novembre dernier, du président de la «Commission spéciale chargée du modèle de développement» (CSMD), Chakib Benmoussa, puis des 35 membres de la Commission en décembre dernier.
En parlant de modèle de développement, il est à souligner que les théoriciens insistent sur l’importance de la conceptualisation de la notion du développement, notion à travers laquelle le nouveau modèle doit être pensé, mais «à partir d’une réflexion collective» initiée, dans le cas marocain, par une Commission spéciale. Selon ces mêmes théoriciens, «la notion de développement évoque un changement et une évolution. C’est un projet collectif, un espoir. C’est une notion qui engage et passionne aussi bien les milieux intellectuels des pays en voie de développement que ceux des pays développés». Or la théorie générale du développement s’enracine, d’abord et avant tout, dans le respect des valeurs des collectivités, la lutte contre la pauvreté, la nécessité de changements structurels et, par conséquent, politiques, l’élaboration de projets collectifs, la régénération et la protection de l’environnement et la gestion démocratique des rapports socio-économiques.
Effectivement, dans un élan de réflexion collective, les contributions des différents acteurs sont parvenues à la CSMD à travers de multiples canaux. Ainsi, selon les dernières données de la Commission, le nombre des contributions a atteint quelque 6.200, qui s’ajoute à 180 séances d’écoute organisées par la Commission. Et ce n’est pas encore fini, étant donné que le mandat de la CSMD a été prolongé pour que ses travaux se poursuivent jusqu’à la fin de l’année. Cependant, il faut souligner que ce n’est là que la partie visible de l’iceberg. En effet, un débat général a été lancé depuis que le Souverain, à l’ouverture du Parlement, le 13 octobre 2017, avait invité les forces vives du pays à réfléchir au nouveau modèle. «Nous invitons le gouvernement, le Parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays (…) Nous appelons à ce que soient associés à ce processus de réflexion l’ensemble des compétences nationales, des acteurs sérieux et des forces vives de la nation». Ainsi, depuis cette date, les échanges, rencontres, séminaires, tables-rondes, autour du nouveau modèle ont été très nombreux. 
D’ailleurs, le groupe le Matin avait programmé une dizaine de rencontres thématiques en lien avec le nouveau modèle de développement, dont six ont pu avoir lieu avant leur arrêt par l’état d’urgence sanitaire en mars et seules quelques-unes ont pu être reprogrammées pour avoir lieu à distance. Dans cette dynamique, les réflexions sur le sujet se sont multipliées, ce qui a permis à de nombreux acteurs et forces vives de préparer des mémorandums et d’autres documents qu’ils ont ensuite adressés à la Commission spéciale.

 On a recensé des mémorandums relatant la vision des formations politiques, des syndicats, des acteurs de la société civile (jeunes, femmes, ONG spécialisées…), du patronat, des groupes de réflexion, des universités publiques et privées… exprimant, à travers des pistes de réflexion qui se croisent, se complètent ou s’opposent, leurs idées à ce sujet. Des idées qui versent toutes dans la réflexion pour un nouveau contrat social pour un Maroc prospère et solidaire. Même les élèves et les étudiants ont apporté leur visions et point de vue quant au NMD souhaité. Qu’est-ce que cela a donné comme propositions, visions et orientations prioritaires ? Le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, lors de sa dernière sortie médiatique pour présenter le bilan d’étape de la Commission spéciale, a évoqué ce qu’il a qualifié de sujets récurrents. Des sujets en lien avec un premier axe de revendications de justice sociale appelant à donner plus d’intérêt aux questions sociales et de l’équité territoriale dans le développement. Des sujets en lien avec le développement des services de santé, d’éducation et de lutte contre la marginalisation territoriale. Un deuxième axe de sujets récurrents focalise sur les libertés publiques et la participation politique. De nombreuses contributions attirent l’attention sur les dispositions constitutionnelles et la mise en application des droits qui sont proclamés. Des sujets en lien aussi avec la gouvernance, concept qui est également récurrents, notamment dans sa relation avec la moralisation de la vie publique, la lutte contre la rente, la corruption et les conflits d’intérêt, la proclamation de la reddition des comptes. Un troisième axe de sujets récurrents a trait au développement économique. Un volet à travers lequel les contributions  attirent l’attention sur les difficultés administratives des procédures, l’importance de la recherche développement, la préservation des richesses, dont l’eau, exploiter les moyens dont jouit le pays, et surtout bâtir une économie fondée sur la qualité de la production, la modernisation et des entreprises citoyennes.
Ainsi, à partir de ces contributions et des audiences d’écoute, la Commission spéciale s’est organisée à travers cinq équipes de travail qui ont traité, chacune un volet. Selon le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, le rapport final, qui sera prêt dans près de six mois, va aborder plusieurs domaines et va comporter certainement lieu à des centaines de pages. Mais «en même temps, nous sommes conscients que ce rapport doit constituer un cadre référentiel avec l’accent mis sur les transformations nécessaires et la vision de l’avenir pour accompagner ce modèle et relever les mécanismes de sa mise en œuvre. Nous aurons donc un rapport avec un nombre raisonnable de pages, mais en même temps des annexes pour contenir les détails accessibles à tout le monde. Ce qui va permettre de manière aisée à avoir la lisibilité du rapport principal», avait-il souligné, mi-juillet, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a présenté le bilan d’étape de la Commission. Il a aussi insisté sur le fait que les propositions des axes de développement à adopter doivent être accompagnés de mécanismes de mise en œuvre, d’indicateurs de suivi pour mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre au niveau de chaque axe. Tout cela sera évidemment accompagné de mécanismes d’opérationnalisation.
L’idée donc est de se projeter dans le moyen et long terme, ce qui signifie qu’il y aura de l’agilité pour s’adapter aux réalités changeantes et prendre en considération, dans la démarche du NMD, les attentes et priorités des citoyens. «Il s’agira de traduire ce cap à travers des visons qui définissent des principes, des doctrines et identifier un certain nombre de transformations qui ont besoin de temps pour se réaliser et en même temps pour préserver la flexibilité pour pouvoir s’adapter à certaines réalités qui apparaissent avec le temps», explique M. Benmoussa. 

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